Un recueil de tout ce que l'auteur a pu dénicher d'amusant en maths.

Ce merveilleux petit livre de Ian Stewart est un recueil de tout ce que l'auteur a pu dénicher d'amusant en mathématiques, en musardant sur le chemin des écoliers. Il a ainsi noté plein d'anecdotes depuis ses 14 ans et les a consignées dans des carnets. Ce livre en est un extrait.


On y trouve des devinettes, des énigmes, des jeux, des histoires drôles, des tours de magie et aussi quelques passages plus sérieux sur les maths d'aujourd'hui. L'ouvrage est à la fois construit, de sorte qu'on peut le lire comme un roman, et c'est aussi un joyeux mélange, de sorte qu'on peut commencer à lire au hasard. C'est bien agréable car on passe constamment de problèmes sur les formes géométriques, à d'autres sur les ficelles, les nombres ou les réseaux.


Mais c'est un exercice périlleux tant le livre est passionnant et il devient vite difficile de s'arrêter. Heureusement pour les impatients, il y a les solutions à la fin. Pourtant on se prend vite au jeu et on sort papier, crayons, ficelle, ciseaux et couleur. Étonnamment on n'a jamais besoin de calculatrice. Comme le dit l'auteur, il nous fait faire des maths sans qu'il n'y ait d'examen à la fin, ni de calculs à vérifier. Un bonheur ! Et le virus s'installe facilement : de fil en tresses, on se retrouve en quête de réponses ou d'une sortie de labyrinthe.


L'auteur nous livre aussi des petites histoires sur les mathématicien-ne-s, nous rappelant ainsi leur humanité, et des passages peu connus de l'histoire de cette science plusieurs fois millénaire. Et quand l'appétit est plus grand, on peut se délecter de quelques problèmes importants, résolus ou non, que l'auteur nous présente de façon vivante et accessible : des phénomènes surprenant comme les fractales, le chaos ou le petit monde (connaissez-vous les amis de vos amis ? savez-vous qu'ils sont probablement les amis des amis de n'importe qui sur Terre ?), quelques résultats célèbres associés à de grands noms (Fermat, Poincaré) ou encore des conjectures (connaissez-vous la conjecture de la saucisse ?) etc. Ces grandes questions sont exposées en montrant leurs aspects concrets et les nombreuses ramifications des problèmes qu'elles engendrent.


C'est donc un recueil passionnant, mais aussi drôle et bourré d'anecdotes piquantes ... pour la curiosité. Et quand elle n'est pas complètement étanchée, l'auteur renvoie à des références sur la toile.


Au chapitre des regrets, car il y en a toujours, la traduction a quelques impairs. Certains sont des anglicismes sans conséquence (en français on dit "gogol" et non "googol", "grand théorème de Fermat" et non "dernier théorème" etc.), d'autres sont plus gênants (on dit "écologue" et non "écologiste" quand on parle du scientifique, ou "topologue" car le mot "topologiste" n'existe pas) mais on trouve aussi des problèmes sérieux mettant en péril l'argumentation mathématique. C'est le cas pour le théorème des quatre couleurs où les termes "irréductibles" et "réductibles" se mélangent rendant les propos de Ian Stewart inintelligibles, voire faux. Ou encore pour la croix grecque que l'on ne découpe pas en quatre morceaux, mais que l'on découpe quatre fois (pour faire cinq morceaux, donc) etc. C'est vrai que le livre est dense, et saute du coq à l'âne, rendant une traduction basée sur le contexte un peu plus difficile, mais tout de même les termes en question sont tous bien connus.


Il ne reste qu'à demander à l'éditeur une seconde édition ! En attendant on peut tout de même se délecter des trouvailles et des curiosités qu’Ian Stewart a bien voulu partager avec nous. Un livre que l'on peut offrir sans réserve aux enfants à partir de la fin du collège comme aux plus âgés, et à emmener partout : dans le train, au café, au coin du feu ou bien sûr au cabinet (du médecin ou de curiosités)