Cet atlas explore le cadre de vie des Parisiens du XVIIIè siècle à nos jours.

Ce monumental Atlas des Parisiens est le point d’orgue du projet des éditions Parigramme qui, d’un titre à l’autre, renouvelle de façon originale la connaissance de la capitale à destination des amateurs érudits ou des simples curieux. Si son format l’apparente à la catégorie des "beaux livres", la diversité des approches proposées autorise tous les types de lectures, de la recherche statistique savante à la balade buissonnière entre les encadrés, les extraits ou les documents qui agrémentent le texte principal. Fruit d’un travail impressionnant, l’Atlas brise la monotonie thématique qui est souvent le lot de ce type de publication grâce à une époustouflante richesse cartographique dont les éditions Parigramme avaient déjà fait usage dans d’excellentes monographies, parmi lesquelles l’Atlas du Paris Souterrain ou l’Atlas du Paris Haussmannien. En règle générale, la lecture de cartes peut lasser le lecteur en exigeant de lui une attention soutenue, mais en choisissant de les multiplier plutôt que de les surcharger, et en variant leurs formats, grâce à des techniques numériques et des outils de recherche inédits que les auteurs ont eu la bonne idée de détailler dans une annexe de fin de volume, les auteurs ont garanti la lisibilité et le confort de lecture.

En s’intéressant aux habitants, le livre multiplie les points de vue sur la réalité parisienne de la Révolution à nos jours : de la nouvelle organisation administrative sous l’Empire à la répartition des marchands d’instruments de musique en 2008, en passant par l’histoire des restaurants à Paris ou la carte de l’ivresse en 1890 ! Aux grandes évolutions urbaines (administration, transport, formes et usages du bâti, activités industrielles…) se mêle ainsi la petite histoire du peuple de Paris (le rôle du concierge, les rassemblements d’expatriés, la vie en garnison ou en pension etc.).

Alliant l’histoire et la géographie, le livre se compose de deux grandes parties. "Les mutations d’une capitale" traitent des changements intervenus en termes sanitaires, immobiliers, démographiques, politiques etc. – à noter un remarquable chapitre intitulé "L’espace parisien et les guerres" qui répertorie l’impact des conflits sur le tissu urbain et qui explique notamment les retards sanitaires de la ville par le fait que le Paris de 1954, préservé des bombardements, ressemblait peu ou prou à celui de 1914. La seconde, "Les activités d’une grande ville", apporte davantage de données statistiques sur des questions telles que l’alimentation ou la production industrielle par le biais de monographies suggestives : "Les Parisiens et la viande", "Popincourt, l’évolution d’une ville industrielle". Le foisonnement iconographique fait également de cet Atlas un livre de surprises et de découvertes. On y trouve par exemple l’émouvant fac-similé d’un livret ouvrier, de nombreux extraits de textes littéraires et beaucoup de reproductions de peintures sur des vues de Paris ou sur sa vie trépidante qui mêle le labeur aux plaisirs. Au hasard de la lecture, on glane ici et là des faits étonnants qui illustrent les constantes ou les variations de deux siècles d’histoire parisienne. Pour exemple, ces quelques chiffres : 31% seulement des Parisiens sont nés à Paris et, intra muros, la cité a perdu près d’un tiers de sa population depuis les années soixante ; ou ces données édifiantes sur la réalité sanitaire de la ville : en 1954 un appartement sur deux n’avait pas de W.-C. intérieurs et 19 % seulement disposaient d’une baignoire ou d’une douche…

 

Ouvrage publié avec l'aide du Centre national du livre.