Un vaste panorama des connaissances les plus récentes que nous avons du cosmos.

 "Bonnes nouvelles des étoiles", annonce le titre. Les nouvelles sont mitigées. Mais d’abord, elles sont effectivement bonnes, puisqu’un nouveau livre de Jean-Pierre Luminet est en général une bonne surprise. Cet astrophysicien de très haut niveau nous a déjà livré de nombreux ouvrages exceptionnels et de haut vol. Celui-ci a un programme ambitieux : nous faire présenter l’univers tout entier, depuis la Terre et le système solaire jusqu’aux étoiles, aux galaxies et au cosmos dans sa globalité.

C’est davantage qu’un cours de cosmologie : il a également pour but de remettre des pendules à l’heure. De nombreux lecteurs connaissent déjà des choses en astronomie et en cosmologie : choses lues il y a dix ans, vingt ans, trente ans ou plus. Dans ce cas, il faut se préparer à en oublier une bonne partie : la connaissance que nous avons de l’univers, à toutes ses échelles, a été profondément bouleversée par les découvertes les plus récentes. C’est ce que nous racontent, avec humour et enthousiasme, les deux auteurs.

Pour cela, ils partent — c’est classique — du plus petit, à savoir la Terre et la vie. Les connaissances les plus récentes concernant la formation du système solaire, de la terre et de la vie y sont exposées. On y apprend que, en cherchant des formes de vie extra-terrestre, nous avons surtout été obligés de revoir très sérieusement la notion même d’êtres vivants et nous avons découvert... une vie jusque là inconnue sur Terre : des nanobactéries, bien plus petites que les bactéries usuelles, et dont on découvrit en 1999 qu’elles étaient tout à fait courantes sur notre planète   ... !

Puis vient le tour des étoiles et des galaxies ; naissance, vie et mort. Là encore, la connaissances des mécanismes d’évolution stellaire ont énormément changé ces dernières années, et une place importante est laissée aux trous noirs stellaires et aux monstrueux trous noirs galactiques, lourds comme de centaines de milliers de soleils, et qui semblent très fréquents dans l’Univers.

Enfin, c’est l’Univers à grande échelle qui est clairement exposé, avec ses surprises (les fameuses formes de matière sombre qui nous échappent encore, ses mirages gravitationnels ou topologiques...) et d’agréables détours dans la physique des particules et la cosmologie où, c’est le moins que l’on puisse dire, aucun auteur de science-fiction n’avait jamais produit des idées aussi fascinantes.

Alors, d’où vient que l’on puisse se sentir déçu par le livre ?

Tout d’abord, n’espérez pas pouvoir le lire à la plage, ni dans le train, au restaurant ou en cachette chez votre belle-mère à l’heure du café. Presque à toutes les pages, il est fait référence à des images, en général des photos de différents astres, parfois des schémas explicatifs... sous la forme d’une adresse Web ! Autrement dit, installez-vous devant un ordinateur, tapez l’adresse (fastidieuse car se terminant généralement par une quinzaine de chiffres et de lettres), et vous verrez une image qu’un éditeur plus consciencieux aurait intégré au livre.

Bien sûr, un livre illustré coûte plus cher, surtout s’il est en couleur   . Mais la plupart des images passeraient très bien en noir et blanc, même si elles étaient de petit format, et la lecture du livre en serait très considérablement améliorée. Ici, on doit rester sur sa faim... Si au moins un site unique recensait toutes les adresses sous forme de lien qu’il n’y aurait qu’à cliquer...

Ensuite, le style est parfois lourd, même si les traits d’humour sont parfois agréables. Parfois, on dirait que les auteurs n’ont pas pu s’empêcher de faire trop. « Les galaxies collectionnent les étoiles comme des timbres-poste ». Bon, d’accord, quel intérêt ? Quand de tels clichés se succèdent sans fin, c’est un peu agaçant. D’autant que...

D’autant que, par ailleurs, on voit bien que l’ensemble n’a pas été aussi soigneusement relu qu’il l’aurait mérité. Il semble que des connaissances sérieuses soient mal retransmises, et des informations sont parfois livrées de manière approximative (ce qui pourrait se justifier par la crainte de devenir trop technique), ou carrément fausse.

Ainsi, on lit avec stupeur que le soleil se déplace de quinze mètres autour de son centre de gravité commun avec Jupiter, et que ce déplacement pourrait être mesurable depuis une étoile éloignée. Pas du tout ! Il se déplace d’une distance en gros égale à son rayon (donc des dizaines de milliers de kilomètres) ; c’est sa vitesse qui est d’une quinzaine de mètres... par seconde !   . Est-ce un lapsus ? Le paragraphe suivant parle de vitesse, mais rien n’est vraiment clair.

De même, on lit qu’un astronaute tombant dans un trou noir atteindrait la vitesse de la lumière au niveau de l’horizon, ce qui est n’est pas vrai : il faudrait lire que la vitesse de libération devient égale à la vitesse de la lumière au niveau de l’horizon. Ce qui est complètement différent. Alors, dans un livre de Luminet, éminent spécialiste des trous noirs ?

Le problème dans un livre scientifique est que, pour rester justement scientifique, il ne saurait se contenter d’à peu près. Car ensuite, tout le reste tombe sous le coup de la suspicion.

Et c’est vraiment dommage car, et je tiens à terminer sur une note positive, le livre est, à côté de cela, absolument passionnant. Notre connaissance des exoplanètes a fait un bond spectaculaire en quelques années. Nos idées sur la vie dans l’univers, sur le destin des étoiles, des galaxies, sur le futur de l’univers... ont été révolutionnées — et le mot n’est pas exagéré.

Nos auteurs nous proposent une vision neuve, d’une remarquable clarté sur un grand nombre de questions fascinantes ; ils distillent un enthousiasme sans faille — et nous livrent le message le plus important en ce qui concerne la recherche scientifique : ce que nous savons aujourd’hui peut être remis en cause demain, parfois de manière spectaculaire, et il ne faut désespérer de rien. De la mort thermique de l’Univers, qui semblait il y a 10 ans seulement le triste destin qui nous attendait, plus rien ne subsiste aujourd’hui ; on s’attendrait plutôt à une catastrophe expansionniste qui, en un rien de temps, déchirerait tout dans l’univers pour aboutir, qui sait, à de nouveaux univers ? Nous avons toutes raison de penser que les siècles et les siècles qui viennent seront passionnants pour les chercheurs !

L’ouvrage se termine d’ailleurs par un appendice sur les métiers de l’astronomie qui devrait intéresser plus d’un jeune lecteur et, espérons-là, susciter des vocations, comme l’ont fait dans le passé des ouvrages de Reeves ou d’Arago