Dans le chic de l'hôtel Marriott Marquis de Manhattan, des dizaines d'amateurs de livres et d'histoires – fictives ou non – affluent par dizaines, tous de robes et de nœuds papillons vêtus. Nous sommes à la soirée de remise du 58ème National Book Award, qui récompense cette année, dans la catégorie "nonfiction", Legacy of Ashes : The History of the C.I.A. ("Des cendres pour héritage : l'histoire de la C.I.A."). L'auteur, Tim Weiner, est reporter au New York Times. Il n'est pas vraiment un récipiendaire inattendu pour cette récompense de prestige : auteur d'un travail d'investigation phénoménal sur plus de 50.000 documents d'archives, il avait déjà été récompensé par le Prix Pulitzer décerné chaque printemps à l'université de Columbia pour son travail sur les programmes de sécurité nationale.

Weiner nous livre ici une histoire critique de l'agence de renseignement américaine, basant son réquisitoire sur de très nombreuses entrevues avec d'anciens officiels de l'organe d'Etat. Malgré la qualité indéniable de ce travail, l'attribution du National Book Award pour la catégorie "nonfiction" fut apparemment un choix cornélien pour le jury cette année ; cela n'a rien enlevé à la joie du gagnant qui a dit vouloir montrer, par son travail, qu'il restait quelque chose de la démocratie américaine, puisque l'investigation sur les erreurs et les fautes commises par le passé est encore possible. Partageons son optimiste et adressons-lui nos félicitations.


Tim Weiner, Legacy of Ashes: The History of the CIA, Doubleday, juin 2007, USD 28.