Bing, le moteur de recherche proposé par Microsoft, est entré dans sa 3è semaine d'activité, sans grand succès : il n'est pas prêt de détrôner le géant Google. Plutôt que de parler de géant, la revue Multitudes préfère les termes de "monstre souriant" pour caractériser Google, auquel le dossier du dernier numéro est consacré.

"Google et au-delà", c'est le titre de la "majeure" (le dossier) de la revue trimestrielle éditée par les éditions Amsterdam. Il s'agit d'envisager "limportance que (Google) a pris dans notre vie quotidienne", ce qui suppose "un regard allant au-delà du moteur de recherche lui-même et de ses services". Envisageant à la fois les richesses et les limites de Google, c'est l'ensemble des enjeux de la Toile qui est examiné par ce dossier d'une centaine de pages.

Les points d'approche, comme les formes d'intervention, sont variés : des entretiens (avec Pierre Lévy, philosophe et directeur de recherche au Canada), des essais, des critiques, des analyses, envisagent Google d'un point de vue économique (Google comme "modèle du management post-fordiste", d'une "nouvelle nouvelle économie"), politique ("Google est-il un libertarien de gauche?", "De la société de contrôle au désir de contrôle"), technologique ("Au-delà de Google, les voies de l'intelligence collective"), ou encore symbolique, en examinant la construction des imaginaires ("La mutation androïde de Google : radiographie d'un imaginaire en actes").

Si la perspective est dans l'ensemble plutôt critique : le vol de la propriété, le respect de l'intimité, le contrôle des informations,  l'inégalité de l'accès aux connaissances, et surtout la traditionnelle diatribe contre un outil provenant des Etats-Unis (instrument alors forcément "arrogant", et "messianique") sont abordés, les nuances ne sont pas abandonnées : la distinction est faite entre un Google "dictatorial" et un Google "hégémonique" ; sa réalité politique est comprise dans toute sa complexité : "trop capitaliste pour être libertaire, et trop libertaire pour être bêtement capitaliste".

La qualification de "monstre souriant" résume bien l'approche de ce numéro estival de la revue de gauche : Google cristallise la peur et la fascination, et en somme, ce sont surtout des imaginaires qui gravitent autour du moteur tentaculaire qu'il s'agit de parler

 

* Revue Multitudes n°36, été 2009, majeure "Google et au-delà"