Les résultats de l'élection européenne du 7 juin ont indiscutablement fait rentrer l'écologie dans le monde de la politique française. Parvenant à montrer que l'Europe et l'écologie étaient intimement liées et qu'on ne pouvait désormais plus envisager l'une sans l'autre, le duo Daniel Cohn-Bendit / Eva Joly a su convaincre. Devons-nous pour autant en conclure que les idées défendues par Europe écologie sont les seules raisons à cette victoire électorale ?

Europe écologie a fait, au cours de cette campagne, un travail de communication considérable en rassemblant à ses côtés des figures aussi emblématiques que José Bové, Jean-Paul Besset, ancien porte-parole de la Fondation Hulot et Yannick Jadot, ancien directeur des programmes de Greenpeace. Bien que Nicolas Hulot ait décidé de ne pas officialiser son soutien au parti, il a eu du mal à cacher la " sympathie" qu'il lui portait ; Yann Arthus-Bertrand, de son côté, a su, en multipliant interviews et documentaires, jouer un rôle notoire dans cette campagne. Rien, dans la composition de l'équipe d'Europe écologie, ne semble donc avoir été laissé au hasard.

L'influence qu'ont pu avoir ces figures écologiques sur le vote des électeurs doit être prise en compte ; d'autant que, comme le remarque André Gunthert, chercheur et maître de conférences à l'EHESS, sortait pour la journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, soit deux jours avant les élections européennes en France, le long métrage de Yann Arthus-Bertrand : Home. Projeté gratuitement en France dans deux cents salles, diffusé simultanément dans 126 pays, à la télévision, en DVD et sur YouTube, Home aurait-il apporté des voix au camp écologiste ? C'est en tout cas l'idée défendue par André Gunthert qui va jusqu'à faire entrer cette oeuvre "dans le genre du cinéma de propagande".

Si la diffusion de ce film avait été programmée indépendamment du calendrier des élections européennes, il est cependant "remarquable que ni le CSA, ni la direction de la chaîne n'ont imaginé que cette coïncidence pouvait poser le moindre problème de principe", note André Gunthert. La raison de cette "ingénuité", poursuit-il, tient du fait que Home "oeuvre pour la bonne cause". Or peut-on remettre en cause la légitimité d'un film qui défend l'écologie, désormais considérée comme "une mission de dimension universelle, qui transcende le jeu politicien ou les intérêts partisans" ? Cette vision est bien entendu loin de faire l'unanimité et l'influence que pourrait avoir un documentaire sur les élections européennes n'est pas évidente pour tout le monde. Non sans provocation, le site Slate.fr a ainsi intitulé un de ses articles : "Je ne peux pas voter, j'ai regardé la télé".

Alors Home, scientifique ou politique ?

 

À lire :

Pour la bonne cause (10.06.09),par André Gunthert

Je ne peux pas voter, j'ai regardé la télé (08.06.09), Slate.fr