Graham Robb, auteur de biographies de Zola, Hugo et Balzac, explique dans l’introduction de son dernier ouvrage qu’il a parcouru la France à vélo pour le préparer. Mais dans The Discovery of France, c’est surtout le tour de France des compagnons qui l’intéresse, chemin parcouru par des apprentis maçons, charpentiers ou boulangers, qui vont de village en village auprès d’artisans locaux pour apprendre différentes techniques. Sur ces chemins qu’emprunteront aussi bergers, mendiants ou encore travailleurs migrants, se révèlent les multiples visages d’un pays où en 1790 seul 11% de la population parlait le français et où à la fin du XIXe siècle seulement un cinquième de la population était à son aise avec la langue nationale.

G. Robb rappelle que la centralisation de la France, et surtout son unification linguistique et culturelle, est un phénomène somme toute assez récent, qui a défait les cultures traditionnelles et mis à l’écart la diversité qui la constituait, au profit d’une uniformité de paysages, y compris des paysages agricoles dont on ignore le plus souvent que la plupart d’entre eux sont en réalité plus récents que la tour Eiffel. À l’encontre de la croyance habituelle en une nation disposant d’une culture unique, c’était ainsi un ensemble disparate de paysages aux pratiques ancrées, isolés culturellement et linguistiquement mais reliés économiquement qui constituait l’hexagone :  les Landes et leur culture pastorale, le Verdon où descendaient des bûcherons locaux, etc.

L’auteur ambitionne ainsi, selon les dires du critique William Grimes, de révéler à la France son véritable visage, en lui faisant connaître la variété de ses dialectes, traditions et coutumes, dont la plupart des Français n’ont jamais eu idée, constituant ainsi le pays, toujours selon les dires de William Grimes, en un cabinet de curiosités.


* Graham Robb, The Discovery of France. A Historical Geography From the Revolution to the First World War, , 455 pages, $27,95

William Grimes, "Gaul as a Cabinet of Curiosities and Patois", New York Times, 2 novembre 2007