L’Union européenne  saura-t-elle se positionner en tant que puissance sur la scène mondiale ? En a-t-elle le ressort ou seulement l’envie ? Pour Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman, qui publie chaque année un ouvrage de référence intitulé L’Etat de l’Union, "c’est l’heure de vérité" pour la construction européenne.

Confrontée à de nombreux défis sur le terrain économique, environnemental, bousculée aussi par la montée en puissance des pays émergents (en 2015, les États-Unis et l’Europe ne représenteront plus que 8% de la population mondiale alors que les pays asiatiques pèseront pour plus de 50%), l’avenir de l’Europe dépend de sa capacité ou non à répondre aux préoccupations des citoyens européens.

La mondialisation affirme, Nicole Gnesotto, est l’occasion de défendre un projet politique porteur et populaire pour l’Europe.

Compte tenu des inquiétudes que suscite la globalisation et la "crainte d’un reclassement historique" voire même d’un "déclassement civilisationnel", affirme Dominique Reynié, les citoyens européens ne comprendraient pas que l’Europe ne puisse ou ne souhaite pas prendre position. D’autant qu’à leurs yeux, l’Europe est plus à-même de répondre aux enjeux de la globalisation que le niveau national.

Mais les citoyens eux-mêmes ont leur mot à dire et surtout  la faculté de peser sur les décisions comme le rappellent dans leur contribution Yves Bertoncini et Thierry Chopin sur les élections européennes du 7 juin prochain.

Seuls acteurs communautaires élus au suffrage universel direct, les députés européens ont des prérogatives importantes mais parfois méconnues en matière législative, budgétaires et de contrôle sur les autres institutions européennes dont la Commission européenne.

Ne serait-ce qu’en matière législative, les parlementaires européens, élus lors du scrutin de 2004, ont  été amenés à adopter définitivement 142 directives et 145 règlements au 1er mars 2008 dans des domaines aussi fondamentaux que la politique industrielle, les transports, l’environnement, la protection des consommateurs, politique sociale.

La place centrale du Parlement européen dans le processus décisionnel européen est liée selon Jean-Philippe Mochon à "la quasi généralisation des accords en première lecture où le Parlement est à armes égales pour négocier directement avec la présidence du Conseil".

Le vote en codécision donne en effet le pouvoir au Parlement européen d’arrêter des actes (pris sur proposition de la Commission européenne) conjointement avec le Conseil de l’Union européenne.



Pour l’auteur "la montée en puissance de l’expertise et du professionnalisme des rapporteurs du Parlement vient ainsi parachever dans la pratique l’égalité institutionnelle entre les co-législateurs par la procédure de co-décision. La Commission européenne, pour aussi active qu’elle demeure, n’est donc plus l’intermédiaire presque obligé dans le dialogue entre Conseil et Commission qu’elle était aux premiers temps de la codécision".

 Dans son ouvrage "Une présidence de crises", Jean-Pierre Jouyet raconte d’ailleurs le souci constant de la présidence française d’être à l’écoute du Parlement européen ; 3 discours du Président de la République, 111 déplacements ministériels au Parlement européen…

Enjeu politique majeur, le scrutin du 7 juin prochain conditionnera ainsi l’Europe que nous voulons demain

 
 
* Fondation Robert Scuman, L'Etat de l'Union 2009.