L'historien américain Robert Paxton, 77 ans, auteur d’ouvrages canoniques sur le régime de Vichy a reçu jeudi à New York la Légion d’honneur des mains de Jack Lang, ancien ministre de l’Education et de la Culture. Professeur émérite à l’Université de Columbia, Robert Paxton est actuellement commissaire de l’exposition “Between Collaboration and Resistance: French Literary Life Under Nazi Occupation,” à la New York Public Library.

Cette distinction, recommandée par Jack Lang, a fait l’objet d’une requête spéciale auprès de Nicolas Sarkozy. "On a tardé" a reconnu le député socialiste. "Ses travaux d'historien réputé mondialement méritaient d'être salués. Son œuvre a été controversée à une époque où la France refusait de regarder son passé en face, même s'il est difficile à accepter. Grâce à lui on sait que, contrairement à la légende, Vichy n'a pas été contraint à collaborer à ce point et que la Révolution nationale de Pétain n'a pas été imposée par les Allemands."

Alors que sortait sur les écrans en France à la fin des années 1960 Le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, la recherche sur Vichy émergeant des États-Unis a été déterminante. Durant les années 1970, Robert Paxton a principalement travaillé sur le point de vue de l’administration de Vichy et a examiné le rôle du régime dans l’Holocauste, sujet qui n’avait pas été examiné sérieusement jusqu’alors.

Vichy France, Old Guard and New Order, 1940-1944 (La France de Vichy, 1940-1944 - Point Seuil) et sa suite, Vichy France and the Jews, décrivent l’antisémitisme d´État, partie intégrante de la Révolution nationale, comme une initiative indépendante de l’administration française. Ces deux ouvrages révèlent également que dans le contexte de la défaite, le régime du maréchal Pétain qui entendait restaurer la grandeur de la France, souhaitait ainsi activement la collaboration, alors qu’Hilter désirait sa soumission.

Ces ouvrages ont d’abord été mal reçus en France, avant que Paxton ne devienne une référence, et même, contre son gré, une "vache sacrée", selon la formule de l’historien Pierre Laborie