Après Russell Banks, Luis Sepúlveda est cette année l'auteur invité des Chroniques du Temps présent, publiées dans le journal La Montagne. Une fois par mois, le romancier écrit un texte, disponible en français et en espagnol. Des articles dont la forme, brève et non contraignante, lui convient parfaitement. "La chronique m'a toujours intéressé. Un genre qui laisse une grande liberté. Je traite les sujets qui se présentent et me surprennent. J'aime cette façon d'écrire du point de vue de l'homme étonné."

L’écrivain est né en 1949 au Chili. Militant politique, il est condamné à 28 ans de prison par le gouvernement Pinochet, période sur laquelle il revient dans son dernier ouvrage, La Lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli (Métailié - 8 janvier 2009). Finalement libéré au bout de deux ans, il s’exile en Europe à partir de 1982 : en Allemagne, puis en Espagne, où il vit actuellement. Celui qui se dit être "un homme de passage, un habitant de la frontière" est un grand voyageur. Il revient dans ses chroniques mensuelles sur ses périples et ses rencontres. Avec son regard à la fois sombre et joyeux, l’auteur du Vieux qui lisait des romans d’amour raconte des histoires dans des textes courts, les histoires vraies du monde dans lequel il vit.

Dans la livraison du mois de mars, la légende fantastique de l’évêque Somoza est racontée à Sepúlveda par un habitant du village colombien de La Guajira. L'histoire de Samoza, auquel "aucune femme ne pouvait échapper" et qui, à la suite de son limogeage, a "prophétisé que les quatre coins de la place prendraient feu", s’insère dans le contexte hyperréaliste de l’exploitation des ouvriers en Amérique latine. Le fantastique et le politique se mêlent dans un projet qui oscille entre écriture romanesque et genre journalistique, quand le plaisir de lire et la conscience d’appartenir au monde se rejoignent