Des propositions pour un sauvetage européen

Simon Johnson se prononce pour un “Fond de Stabilité Européen”, qui disposerait de 2 trillions d’euros garanties par tous les membres de la zone euro, ainsi que ceux disposant d’un système financier massif, comme la Suisse, la Suède et le Royaume-Uni. Ce fond permettrait de financer la dette des États quand les taux dépasseraient une certain limite. Cela éviterait un cycle autoréalisateur de taux d’intérêts croissants et de dette toujours plus lourde. La taille de ce fond et son automaticité devrait assurer sa crédibilité, et l’adoption d’un programme de réduction de la dette à 5 ans permettrait de rassurer les marchés sur la soutenabilité.

Daniel Gros pense que les risques en Europe de l’Est menacent le cœur du continent et obligent à une réponse systémique. L’Europe de l’Est a un problème d’arrêt du crédit vers le secteur privé, et devrait recapitaliser le secteur bancaire, que le reste de l’Europe ne sera pas capable de prendre en charge, avec son insuffisance de coordination. Gros propose donc de mutualiser un fond équivalent à 5% du PIB de l’UE, géré par la Banque Européenne d’Investissement (BEI).

Charles Wzplosz est une des voix opposées à un sauvetage quel qu’il soit au sein de la zone euro, car cela violerait la clause du traité dite du ‘no-bailout’. Il explique que laisser les États demander une aide du FMI pourrait être nécessaire. En revanche, Daniela Schwarzer du site Eurozone Watch pense que cette même clause ne s’applique pas en période de crise, et que les membres de l’Union viendront sauver les membres de la zone euro qui connaîtront des problèmes de liquidité ou de solvabilité. Elle propose pour cela d’utiliser la base légale fournie par l’Article 119 du traité.

Une alternative à la nationalisation temporaire?

Ricardo Caballero remarque qu’une nationalisation sans prix est la recette du désastre. D’abord, une nationalisation va probablement se retourner contre l’objectif initial si on ne connaît pas la valeur des actifs des banques. Sans ces prix, il est simplement impossible de distinguer les institutions insolvables des autres. Deuxièmement, les liens des systèmes financiers sont tellement serrés que les conséquences d’une nationalisation sur le risque des autres institutions sont imprévisibles. Il propose au contraire une assurance généralisée des actifs dépréciés détenus par les banques

James Kwak et Mark Thoma commentent l’article de Ricardo Caballero et s’y opposent. Willem Buiter explique lui qu’un tel schème d’assurance des actifs toxiques serait inefficace, injuste, et cher pour le contribuable. Dans la même veine, Paul Krugman voit dans certaines des grandes banques encore existantes des “zombies” (d’après le nom donné au banques artificiellement maintenues en vie par les crédits publics au moment de la crise japonaise). Les assurer contre les pertes reviendrait à socialiser les pertes et privatiser les gains.

Et, encore une fois, c’est le retour du modèle suédois : Anders Aslund essaye de tirer ce que les États-Unis peuvent en apprendre. La conception de l’État acquérant toutes les banques est une erreur grossière : chaque banque a séparé ses activités entre les ‘mauvais actifs’ et les bons, et une seule banque insolvable a été réellement nationalisée.

L’impact de la crise sur les pays en développement

Willem Buiter recommande de reconsidérer sérieusement la possibilité de rétablir des contrôles des capitaux. Les marchés émergents ont progressivement perdu l’accès aux flux extérieurs de capitaux au fur et à mesure de l’extension de la crise. Aujourd’hui, limiter les capitaux sortants ne serait pas un coût énorme en termes des entrées de capitaux, puisqu’ils ont déjà arête d’entrer. En revanche, ils devraient être explicitement spécifiés comme temporaire, pour ne pas effrayer les investisseurs entrant dans le futur.

Niall Ferguson fait des prévisions assez peu rassurantes : “une crise de cette échelle aura sans aucun doute des conséquences sur l’augmentation des conflits économiques et politiques. Elle déstabilisera des pays, causera des guerres civiles qui n’attendaient que d’éclater. Elle chassera les gouvernements modérés et amènera des extrémistes. La question est davantage de savoir si le retour des risques politiques aura des conséquences finales au niveau géopolitique. Cela est moins certain.”

Dwight Venner note que les pays en développement ont un intérêt à exister dans un monde en croissance, et une économie stable. Ils devraient en conséquences faire attention aux conditions politiques qui leur permettront d’éviter les misallocations de ressources, aux arrangements institutionnels permettant d’éviter les déséquilibres les plus graves. Alors que les politiciens dans les pays développés ont mis en place des politiques de plus en plus audacieuses, il est temps d’expérimenter dans les pays en développement.  Malheureusement, les contraintes sur la dette empêchent cela.

Une revue des différents plans de relance

Kevin P. Gallagher écrit dans le blog de Dani Rodrik qu’en observant les plans nationaux de relance, il conclut que les promesses n’ont pas été tenues : le nombre des plans de relance est relativement bas, et les montants ne sont pas ceux annoncés