Au début du mois de février, le PDG d'Amazon, Jeff Bezos, présentait une nouvelle version de son livre électronique : le Kindle 2. Plus fin et plus puissant que son prédécesseur, ce nouveau e-book permet de stocker pas moins de 1 500 ouvrages. Mais la grande innovation du Kindle 2 ne réside ni dans son design ni dans sa capacité de stockage : Amazon a doté cet e-book d'une fonction de synthèse vocale qui lui permet de lire à voix haute les ouvrages qu'il affiche. L'essentiel du débat autour du Kindle 2 porte sur cette nouvelle caractéristique.
En effet, suite à la sortie de la nouvelle version du e-book d'Amazon, le président de la Guilde des Auteurs, qui représente les écrivains aux États-Unis, a contesté le fait que la synthèse vocale ne soit soumise à aucune réglementation et n'aboutisse au paiement d'aucun droit audio. D'un point de vue législatif, aucune loi ne permet aujourd'hui d'exiger, dans ce cas précis, qu'un droit audio soit appliqué en plus du droit d'auteur. Outre une taxe audio sur le Kindle 2, la Guilde des Auteurs souhaite donc que soit créée une loi réglementant l'ensemble de ces innovations technologiques.
Si cette polémique repose sur des considérations financières manifestes, elle soulève cependant une question à prendre en compte : la concurrence faite par le Kindle 2 au livre audio. Roy Blount Jr., président de la Guilde, affirme en effet que la synthèse vocale de ce e-book vient concurrencer de manière déloyale un marché du livre audio en pleine expansion. À terme, le Kindle 2 pourrait, selon lui, conduire "ce marché d'un milliard d'euros" à sa perte.
Face à l'ampleur du débat, Amazon a donc décidé, en début de semaine, de demander l'autorisation préalable des auteurs et des éditeurs pour permettre la synthèse vocale d'une œuvre écrite. Le site Numerama précise ainsi que les éditeurs désireux de vendre leurs livres électroniques sur Amazon auront la possibilité de "préciser dans les paramètres du DRM si la synthèse vocale est autorisée ou non". Cette décision, qui complexifie de manière notoire les rapports entre droit d'auteur et droit public, préserve a contrario les relations entre Amazon et les éditeurs.
Alors que les e-book tentent, tant bien que mal, de séduire un public qui a encore du mal à renoncer aux ouvrages sur support papier, cette nouvelle restriction ne fait que conforter les réticences des plus sceptiques. Présentant des intérêts certains, notamment pour les personnes avec des défaillances visuelles ou pour les enfants apprennant à lire, la synthèse vocale du Kindle 2 se voit ainsi soumise au bon vouloir des éditeurs et des auteurs… Avis aux parents : le rituel de la lecture avant de s'endormir a encore de beaux jours devant lui !
* Amazon donne à l'éditeur le choix d'autoriser ou non la synthèse vocale, Numerama (02.03.09)