Face à l'escalade du web, quelques nostalgiques préfèrent revenir à ses origines pour permettre peut être de prévoir son avenir. Les prémisses d'Internet pouvaient en tout cas laisser présager des tendances aujourd'hui bien installées.

L'article "Jurassic Web" publié sur Slate.fr nous replonge dans l'Internet des années 90, à l'heure où AOL était le premier fournisseur d'accès et où Google n'existait pas. Dans les pratiques, l'article note, en plus des différents manques vite comblés par ce qui nous occupe dorénavant 27 heures par mois, les premiers signes du développement des blogs et autres réseaux sociaux. En effet, on apprend que le site Geocities.com, qui permettait de créer sa propre page web, a connu un développement accru et rapide. Une corrélation évidente avec l'apparition des premiers blogs qui remonterait à l'année 1996, avant l'appellation "blogging" en tant que telle, en 1999.

Mais étrangement, cette aspiration au retour en arrière touche également la technique, comme l'a démontré l'hommage au Minitel que publiait le Monde 2 le mois dernier. Teinté de nostalgie mais aussi d'éloges, l'article vante en effet les qualités de "fiabilité", d'"endurance" et "en matière de confidentialité" de l'appareil -"pas encore mort" nous dit-on- dans une période où le débat sur la protection des données personnelles occupe le devant de la scène.

Revenir aux sources pour garantir l'essentiel ? C'est aussi ce que prônait Umberto Eco dans une tribune publiée dans Libération, en évoquant le "downgrading". Ce phénomène allant à l'encontre de la mise à jour systématique, a par exemple touché de nombreux utilisateurs de Windows prêts à payer pour revenir à l'ancienne version XP plutôt que de disposer de la plus récente mais non moins contestée Vista. Témoin que "le progrès peut aussi signifier faire deux pas en arrière"?