Chaque année depuis 1990, la ville de Pessac – terre natale de Jean Eustache – organise un Festival International du Film d’Histoire dont l’édition de 2007 aura lieu du 20 au 26 novembre prochains. A l’origine de ces manifestations, des historiens comme Jean-Pierre Rioux, Jean Lacouture ou Jean-Noël Jeanneney – président d’honneur du festival – mais aussi des professionnels du cinéma. Leur collaboration a permis à ce festival de devenir le lieu d’un échange non seulement entre ces professionnels et universitaires, mais aussi avec un public appelé à participer au cours de nombreuses rencontres.

Pessac se veut ainsi un pont entre, d’une part, une volonté de favoriser la réflexion sur une recherche historique toujours plus impliquée dans le rapport aux images (en tant que source, en tant que représentation), et d’autre part une démarche de découverte, pour le grand public, du lien complexe qui unit cinéma et histoire. A ce titre, le festival choisit à chaque édition un thème, généralement assez vaste, sur lequel projections et rencontres s’organisent : celui de cette année, "liberté, liberté chérie" s’avère suffisamment large pour permettre la projection au cinéma Jean Eustache de Pessac de classiques incontournables du cinéma comme Zéro de conduite de Jean Vigo, Easy Rider de Dennis Hopper, La Bataille d’Alger de Pontecorvo, Brazil de Terry Gilliam, Network de Sydney Lumet, ou le magnifique Vivre libre de Jean Renoir ; à des bords opposés en termes politiques, le festival permettra aussi de (re)voir quatre films de Ken Loach et Le Rebelle de King Vidor avec Gary Cooper. Les plus récents Larry Flint de Milos Forman ou Good night and good luck de George Clooney font aussi partie de la sélection pour ceux qui les auraient manqués à leur sortie.

Mais si cette programmation ravira sans doute tous les cinéphiles avides de découvrir ces films sur grand écran, elle sait faire aussi la part belle à quelques films plus rares, comme Benito Cereno de Serge Roullet ou le trop méconnu, en dehors du seul cercle cinéphile, Punishment Park de Peter Watkins.

Des projections-débats sont par ailleurs organisées en collaboration avec des médias et institutions. Ainsi, il ne faut surtout pas manquer, pour ceux qui auront la chance de participer au festival cette année, la diffusion, avec le partenariat de la Cinémathèque française, de La Commune, œuvre tournée en 1914 par Armand Guerra. Il s’agit d’un film – le seul ayant été intégralement conservé – tourné par Guerra pour le Cinéma du Peuple, premier cinéma militant de l’histoire du cinéma, dont le but était de monter un cinématographe destiné à faire de la propagande anarchiste.

Deux compétitions officielles permettront aux membres des jurys – comme le réalisateur Marcel Bluwal, les historiens Annette Wieviorka ou Pascal Ory – de récompenser deux films (un des neuf longs métrages de fiction et un des onze documentaires présentés) ; on notera la présence cette année de Ken Loach (It’s a free world) et, sous réserve, d’Amos Gitaï  (Désengagement) dans la catégorie fiction. L’attribution du Prix du Public, obtenu l’année dernière par La Vie des Autres, sera un moment attendu cette année.

Enfin rencontres et dialogues rythmeront les journées, avec la participation de nombreux invités (parmi lesquels Michel Winock, qui ouvrira le bal des conférences au premier jour du festival, mais aussi Jean-Pierre Le Goff, Romain Goupil, Jean-Paul Rappeneau, Jean-François Soulet, Alain-Gérard Slama, Philippe Val, Alain Geismar et Pascale Ferran, à qui sera consacré, à cette occasion, le traditionnel "Grand Oral de Sciences Po") et la programmation de cafés-débats en partenariat avec L’Histoire, Le Monde et l’Université de Bordeaux. Quatre expositions se tiendront à Pessac durant le festival, parmi lesquelles les Dessins de "Paul Grimault, artisan de l’imaginaire" en présence de Lionel Charpy, décorateur du Roi et l’Oiseau - film qui sera diffusé au cours de ce même festival – sera sans doute à un must à ne pas manquer.

Ainsi, l’édition 2007 du festival de Pessac est une nouvelle fois une occasion formidable de lier  plaisir  et découverte ; la qualité de sa programmation comme sa richesse en font un moment privilégié de la saison du cinéphile comme du passionné d’histoire