On peut faire ses adieux à la Librairie de France, une institution outre-Atlantique, au même titre que la librairie City Lights à San Francisco. La dernière des librairies françaises, fondée par Isaac Molho, Grec francophile, en 1935 et reprise depuis par son fils, Emanuel Molho, existe depuis 73 ans à New York, face au Rockefeller Center, près de la 5e Avenue. Elle devrait fermer ses portes en septembre 2009. Plutôt que d'y voir le signe évident du déclin de la culture française, cette faillite reflète en fait une réalité de l'immobilier new-yorkais. Le propriétaire ne peut plus payer son loyer qui va bientôt tripler, passant de 300 000 à 1 million de dollars par an.

Sollicité, le ministère de la Culture a ouvert un dossier, mais la conjoncture n'est guère favorable à une aide financière. La librairie a pourtant trouvé en France des défenseurs : le journaliste Jérôme Garcin, il y a un an, s'était notamment ému de la situation sur le site du Nouvel Observateur. Dans la République des livres, Pierre Assouline déplore également cette fermeture, tout en conseillant au propriétaire de déménager. Mais ce dernier soutient que les loyers new-yorkais, au Rockefeller Center ou ailleurs, sont aujourd'hui trop élevés pour permettre à l'enseigne de vivre. Il faut ajouter à cela la baisse des ventes, les coûts de livraison et la concurrence des sites de vente en ligne comme Amazon : la librairie continuera donc d'exister uniquement sur le web.

Ce départ se fait sans éclat aux États-Unis. La fermeture de cette vénérable institution est jusqu'ici passée presque inaperçue et brille par son absence dans la presse américaine, qui relaye quotidiennement ces jours-ci licenciements et fermetures de compagnies. On retient un article du New York Times, "The Tricolor Will Be Lowered at a Citadel of French Culture", datant de 2007 et un post nostalgique sur le blog littéraire du Baltimore Sun