Dans un article publié sur le site de l’agence intellectuelle en ligne Telos, le politologue Olivier Rozenberg s’interroge sur la nécessité de réformer le modèle institutionnel européen, en reprenant les conclusions d’un intéressant rapport qu’il a rédigé avec son collègue Christian Lequesne sur le bilan de la Présidence française du Conseil européen (PFUE).

En croisant ce bilan avec les difficultés d’adoption du traité de Lisbonne, Olivier Rozenberg s’interroge sur la nécessité de modifier les traités européens et les règles de fonctionnement de l’Union européenne. Contrairement à la thèse selon laquelle les élargissements de 2004 et 2007 et le Traité de Nice paralyseraient le fonctionnement de celle-ci, il constate, à la suite des travaux du Centre d’études européennes de Sciences Po, que pourvu qu’elle le veuille bien, elle peut légiférer de façon efficace et que l’élargissement n’a en rien entamé le processus législatif.

Malgré cette efficacité législative, Olivier Rozenberg affirme que "le projet de Présidence permanente du Conseil européen contenu dans le traité de Lisbonne semble plus que jamais nécessaire". Et ce pour remédier aux tendances institutionnelles qui ont été mises en lumière par la PFUE :
•    l’affaiblissement de la Commission ;
•    la tentation d’un directoire des grands États ;
•    les divergences d’intérêt entre ces mêmes grands États ;
•    la multiplication et "l’informalisation" des sommets intergouvernementaux ;
•    le manque de continuité d’une présidence semestrielle à l’autre.

Après avoir illustré chacune de ces tendances par des exemples concrets issus du bilan de la PFUE, Olivier Rozenberg affirme que "s’il ne faut ni désespérer du traité de Nice ni trop espérer de celui de Lisbonne, le succès même de la PFUE plaide paradoxalement pour la mise en place d’une présidence qui ne lui ressemble pas".

Selon lui, pour faire face au tournant intergouvernemental de la construction européenne, il est nécessaire d’instituer "un médiateur" en la personne d’un président permanent du Conseil, qui "prenne acte des faiblesses de la Commission et des velléités des grands États à lancer des initiatives".