Rue89 révélait lundi la colère de Bernard Boucault, directeur de l'ENA, provoquée par l'organisation d'une projection d'un film sur l'institution, prévue vendredi à Sciences Po, par les étudiants du Bureau des Arts. Un débat intitulé "L'ENA, s'ouvrir ou disparaître" devait ensuite avoir lieu, en présence de l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, du directeur de Sciences Po Richard Descoings et de l'ancien ministre UMP Hervé Gaymard, tous énarques. Finalement, la séance a été annulée.

Que s'est il passé depuis le précédent débat à Sciences Po sur la réforme de l’ENA où s'était pourtant exprimé Bernard Boucault, il y a à peine deux mois ? Si les étudiants du Bureau des Arts se disent encore "abasourdis par cette censure", il est, de plus, étonnant que ce thème "semble destiné à rester en dehors de l’institution", sachant que le pourcentage d'énarques issus de Sciences Po varie chaque année autour de 90%.

Alors que certains évoquent la future réforme de l'ENA comme raison du conflit, les tensions entre les deux institutions n'auraient-elles pas commencés il y a déjà quelques temps ? Un article du Monde de l'éducation daté du 29 avril 2008 annonçait "la guerre déclarée" entre "les deux ennemis" et affichait l’écurie de Descoings comme "gagnante". Car si Sciences Po se voulait autrefois une traditionnelle antichambre de l’ENA, les deux institutions seraient désormais rivales dans la capacité à former les décideurs publics de demain. Mais pour l'heure, le directeur de l'ENA fait encore partie des membres de droit du Conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques, structure juridique qui gère l'IEP de Paris