George Bush serait-il la réincarnation de Robespierre ? Sous le titre "Les liaisons dangereuses de Bush", l’historien canadien François Furstenberg établit, dans les pages "Opinion" du New York Times du 28 octobre 2007 (ici) un troublant parallèle entre les Etats-Unis d’aujourd’hui et la France de la Terreur. " Les historiens qui étudieront la présidence de George W. Bush pourraient trouver la Révolution française utile pour comprendre son curieux style conservateur au XXIe siècle" écrit l’auteur, professeur à l’Université de Montréal. De la même manière que le 11 septembre 2001 a façonné la politique du président américain, la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, a cimenté l’idéologie jacobine, selon laquelle le monde est divisé entre les pro- et les contre-révolutionnaires, entre les défenseurs de la liberté et ses ennemis.

Fustenberg rapproche le concept contemporain de "guerre préventive" de la "guerre offensive" contre les monarchies européennes, défendue par Brissot en 1792. La liberté contre la tyrannie, version révolutionnaire de l’actuelle croisade du Bien contre le Mal. "L’un des plus grands triomphes des Jacobins a été l’appropriation de la rhétorique patriotique" explique l’historien en citant le réseau de journaux et clubs politiques, le port de la cocarde tricolore - lointain précurseur du badge aux couleurs du drapeau américain qu’arborent tous les politiques américains depuis le 11 septembre 2001, à l’exception de Barack Obama (voir ici).
 
"Pour défendre la nation contre ses ennemis, les Jacobins ont étendu les pouvoirs de police du gouvernement aux dépens des libertés civiles, accordant à l’Etat le droit de détenir et d’interroger les suspects en dehors des procédures légales" poursuit l’auteur, qui fait le parallèle entre le slogan de la Terreur signé Saint-Just – "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" – et sa variante Bush – "Nous ne devons pas laisser des ennemis étrangers utiliser les forums de la liberté pour détruire la liberté même". François Furstenberg conclut sa stimulante analyse par un rappel instructif de l’origine du mot "terroriste" : "Lors de son invention, au moment de la Révolution française, il ne désignait pas un ennemi de la liberté, un acteur non-étatique, encore moins un "Islamo-fasciste", mais un dirigeant jacobin qui gouvernait la France pendant la Terreur", écrit-il.


François Furstenberg, "Les liaisons dangereuses de Bush", New York Times, 28 octobre 2007 (ici)