Les auteurs s’interrogent, dans ce court ouvrage, sur les liens entre utilisation de la science et atteintes à l’environnement.

Deux scientifiques, un pharmacien et botaniste, et un chercheur en biologie moléculaire, lancent un cri d’alarme. Ils plaident pour une nouvelle responsabilité éthique des scientifiques du vivant. Alors que les scientifiques du climat ont su joindre leurs efforts, à l’échelle internationale, pour alerter sur les risques de dérèglement du climat et ont pu se faire entendre des pouvoirs publics, force est de constater l’absence d’une expertise internationale coordonnée en ce qui concerne le vivant. Le constat est pourtant effrayant : perte de biodiversité, épandage de cocktails de produits chimiques dans notre environnement, épuisement des ressources naturelles, manipulation du vivant… À l’heure où tout un chacun s’interroge sur les risques sanitaires liés à l’exposition aux divers polluants, Jean-Marie Pelt et Gilles-Éric Séralini plaident pour un nouveau pacte éthique liant la recherche scientifique et la société civile, afin d’aborder la complexité du monde vivant.

Après nous le déluge ? démarre par un panorama de l’évolution des espèces terrestres, mettant l’accent, volontairement, sur l’importance des végétaux, et notre dépendance à cette biosphère terrestre. Les auteurs précisent ensuite l’importance de la biodiversité, de la complémentarité, dans la capacité de résilience et d’adaptation des espèces et des écosystèmes : préserver cette biodiversité, disent-ils, nous est indispensable. Du constat alarmant de perte de biodiversité et de dégradation des écosystèmes, l’interrogation porte ensuite sur les atteintes portées à l’environnement par l’utilisation massive de pesticides, et la commercialisation d’OGM spéciquement conçus pour résister aux herbicides. À partir de quels seuils les atteintes à l’environnement et au vivant sont-elles irréversibles ? Jean-Marie Pelt et Gilles-Éric Séralini passent alors en revue notre santé et suggèrent qu’au delà de notre hygiène de vie et de notre alimentation, cette santé dépend de notre exposition à un cocktail de molécules présentes en grand nombre dans notre environnement et notre corps. Plusieurs études témoignent de l’impact de ces substances sur la santé, mais les effets croisés liés à l’accumulation et la combinaison de ces molécules restent très mal compris, faute d’études scientifiques dédiées à ces risques chimiques. Comment notre espèce va-t-elle évoluer ? En remédiant aux atteintes à l’environnement, ou en modifiant le génome humain, et en sélectionnant notre progéniture ?

Les auteurs soulignent la fragile frontière entre les recherches à fins thérapeutiques et le choix des gènes. Ils élargissent ensuite leur réflexion au champ politique, demandant une organisation mondiale de l’environnement qui puisse faire contre-poids à l’organisation mondiale du commerce. Ils plaident enfin pour une nouvelle alliance entre sciences de l’environnement et sciences politiques pour préserver les richesses naturelles de notre planète, et réconcilier science et conscience. Après nous le déluge ? se finit par une proposition de serment éthique, dans l’esprit du serment d’Hippocrate, visant à réunir biologie et respect du monde vivant