Tableaux noirs et cahiers à spirales ont-ils fait leur temps ? Si les technologies de l’information et de la communication (TIC)permettront un renouvellement des méthodes d’enseignement, le retard est bien là en ce qui concerne les équipements et l’acceptation du numérique comme partie prenante d’un projet pédagogique.

Le rapport "E-educ", rendu en mai dernier à Xavier Darcos, qui contient de nombreuses mesures, vise à la mise en place d’un "plan numérique" pour chaque établissement scolaire pour 2014. Car face à des élèves "digital natives", l’encadrement doit aller dans le même sens. Le rapport préconise la création d’un cahier de texte numérique pour 2010, ainsi que le développement des espaces numériques de travail (ENT) par exemple.

Côté équipement, 20% des établissements devraient être dotés de tableaux blancs interactifs fin 2008, contre déjà 96% des écoles anglaises. Allant plus loin, Apple et HP ont aussi lancé chacun leur "classe mobile", qui offrirait pour chaque élève, la possibilité de suivre le cours sur un écran d’ordinateur, lui-même relié à celui du professeur.

Beaucoup plus prudemment mais dès cette année, une clé USB sera distribuée pendant 2 ans aux nouveaux enseignants de primaire et de collège, qui offrira à ces derniers l’accès à un certain nombre de titres et ressources numériques tels que les dictionnaires Le Robert et Larousse, ou l’Encyclopédie Universalis.


Mais "les changements vont prendre du temps et ne se feront qu’avec un réel accompagnement" estime François Jarraud, fondateur et rédacteur en chef du site Café pédagogique, lors du colloque "Pour une France numérique !" qui s’est tenu ce jeudi. "La craie a été au départ rejetée car elle détruisait la culture de la rhétorique du maître, il a fallu 15 ans au stylo Bic pour rejoindre les trousses des écoliers" dit-il. "Le numérique bouscule les façons d’enseigner, les rapports entre élèves, enseignants et savoir scolaire, les valeurs de la profession, il faut faire évoluer notre culture professionnelle."

Pour Renaissance numérique, qui a classé l’éducation comme une des cibles les plus touchées par la fracture numérique, un des aspects à développer est la formation des professeurs. L’association propose notamment l’obligation pour les IUFM de faire passer le C2i (certificat informatique et internet) à tous les futurs enseignants. Alors que l’âge moyen des ordinateurs dans les écoles françaises est de 7 ans, elle insiste enfin sur le reconditionnement du matériel informatique en prenant l’exemple du programme canadien Computer for Schools, qui a livré "plus d’un million d’ordinateurs reconditionnés aux écoles canadiennes sur la base d’un partenariat public-privé"