Ce livre présente l'état des connaissances actuelles sur le réchauffement global et l'impact de l'activité humaine sur le climat de notre planète. regroupant les meilleurs spécialistes de France et des Etats-Unis, chaque chapitre traite en détail d'une composante de notre écosystème, faisant de cet ouvrage une référence pour toute personne voulant comprendre le débat public sur l'environnement.

Alors que cinq groupes de travail viennent de remettre leurs recommandations au ministre en préparation du Grenelle de l’environnement, le réchauffement climatique est de toutes les discussions. Le livre de Fellous et Gautier présente l’étendu des connaissances sur les aspects scientifiques du réchauffement climatique et de son impact sur notre environnement. Pas de catastrophisme, pas d’anecdotes, seulement des faits et des chiffres. Ceux ci devraient suffire à faire réagir, voire faire paniquer, même le plus réfractaire des politiciens.

Pour chaque chapitre, Fellous et Gautier ont regroupés un expert francais et un expert américain. Ce qui permet de lire des chercheurs parmis les meilleurs du monde mais ne soulève aucun débat puisque les scientifiques des deux pays ont travaillé de concert depuis vingt ans pour mieux comprendre les phénomènes climatiques observés. C’est uniquement sur le plan politique que les deux pays divergent et cet aspect n’est pas le sujet du livre.

Les faits exposés font écho au rapport du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) publié approximativement tous les 5 ans depuis 1995 et qui résume l’état des connaissances pour aider les décideurs politiques et économiques. A propos de l’impact humain sur le changement climatique, nous sommes passés de « peut être » dans le rapport du GIEC de 1995 à « plus que probablement » dans le rapport de 2007 et cependant les actions engagées restent mijorées. A travers les treize chapitres, on découvre certains faits rarement mentionnés, peut être, pour ne pas complexifier le débat public. Par exemple, la disparition de l’excès de CO2 anthropogénique prendrait par divers processus pres de 30 000 ans. Avec une augmentation significative de la température globale, le cycle hydrologique sera modifié avec un assèchement des latitudes moyennes et une humidification des zones tropicales et des hautes latitudes. Et puis plus inquietant, « les facteurs climatiques sont généralement considérés comme très efficaces pour donner naissance à de nouvelles épidemies ». Les chapitres traitent séparement de chaque composante de notre écosystème mais les auteurs montrent clairement que la difficulté de la prévision de notre futur réside dans le fait que tous les processus sont intrinsèquement liés.

La rigueur et l’honnêteté scientifique des contributeurs les amènent à admettre les zones d’ombre qui persistent dans les connaissances actuelles. Entre autre, un point qui revient dans plusieurs chapitres est le rôle relatif des nuages qui perturbent la comprehension du systeme par leur complexité. Ce livre est aussi utile pour montrer que l’incertitude fait partie integrante de la démarche scientifique. Les chercheurs travaillent avec l’incertitude de leurs resultats, cherchent à la diminuer mais avant tout à la quantifier. Les résultats obtenus pour le dernier rapport du GIEC ne sont pas extrêmement différent des résultats présentés dix ans auparavant. Seul la marge d’erreur intrinsèque aux résultats a sensiblement diminué. Cette notion est difficile à communiquer au grand public qui idéalise parfois la science. La réalité du réchauffement climatique est peut être mieux admise aujourd’hui par le grand public parce que certains évènements extrêmes qui pourraient potentiellement être liés à un changement de la dynamique atmosphérique ( canicule en Europe de l’Ouest de 2003, nombre records d’ouragans dans les Caraibes et en Amerique Centrale en 2005 ) ont marqué les esprits.

Il ressort clairement du livre qu’il existe trois moyens d’obtenir des informations sur les changements climatiques passés, présents et futurs: les observations directes, les observations satellitaires, et les modèles numériques. Tous les auteurs sans exception s’accordent sur le fait que ces outils sont essentiels à la démarche scientifique et doivent être maintenus et améliorés. Le rôle essentiel des modèles numériques est très bien décrit dans plusieurs chapitres. Ils nous aident à prévoir le futur avec leur puissance mais ils ne peuvent représenter que les phénomènes que nous pouvons mettre en équation et dont nous avons déja au moins conscience. C’est pourquoi les observations restent indispensables. La tendance des gouvernements est parfois à soutenir les programmes de modélisation numérique toujours moins coûteux que les observations satellitaires qui ont pourtant révolutionné en trente ans les sciences du climat. Les satellites fournissent des observations avec une couverture spatiale nécessaire pour clairement comprendre les mécanismes globaux du changement climatique.

Finalement, le point de vue des sciences sociales sur le changement climatique est rapidement présenté dans le dernier chapitre. Elles permettent d’élaborer des scénarios utilisés pour les modélisations numériques de l’évolution future du climat. Pour estimer la quantité de CO2 qui sera émise par notre société, nous avons besoin d’imaginer comment notre société va évoluer. On regrette peut être que ce chapitre soit le seul présentant un historique de la science plutot que des résultats récents.

Si ce livre peut pousser au pessimisme, on doit garder bon espoir lorsqu’on se remémore que le protocole de Montréal signé en 1987 a permis, en vingt ans, d’améliorer l’état de la couche d’ozone, avec l’arrêt de l’utilisation des cholorofluorocarbures.

Pour conclure, cet ouvrage dresse un portrait très complet des connaissances actuelles sur les impacts du réchauffement climatique mais bien que denué de jargon scientifique obscur, la rigueur scientifique et la description exhaustive des faits en font un livre un peu difficile d’accès pour le grand public.