Philippe Askenazy est sans doute l’un des chroniqueurs économiques les plus intéressants que la presse française a à offrir actuellement. Il appartient à cette génération de "jeunes" économistes brillants, à l'instar de  Yann Algan ou de Pierre Cahuc, qui irriguent le débat économique et politique français depuis peu, par des thèses innovantes et audacieuses et une ouverture salutaire sur le monde extra-hexagonal. Certains d’entre eux se retrouvent autour de l’École d’économie de Paris, où "leur modèle" Daniel Cohen, à ouvert la voie à une participation intelligente et constructive des économistes aux débats de société.

Dans les chroniques "carte blanche" du Monde, Philippe Askenazy aborde des sujets économiques au centre du débat publique, en leur donnant une largeur de champ que seul un réel talent d’économiste, couplé à la maitrise de l’art délicat de la vulgarisation, peut permettre. La méthode est simple et efficace à la fois. Isoler une problématique économique et en expliquer les tenants et les aboutissants, via une comparaison avec des expériences similaires à l’étranger ou dans l’histoire, ainsi que le fondement sur un solide appareil empirique et statistique.

Dans sa dernière chronique intitulée "Le prix du dimanche" (18.11.2008), Philippe Askenazy remet le débat sur l’ouverture dominical des commerces à sa juste place. Il démontrant, via les expériences nord-américaines, que l’ouverture des grandes surfaces le dimanche aurait d’abord un coût gigantesque en matière de consommation d’énergie. Puis, il conclue de l’expérience américaine et canadienne que cette ouverture dominicale n’aura qu’un effet très réduit sur l’emploi, ne permettra sans doute pas une augmentation globale des revenus des salariés du secteur concerné et devra se traduire par une sensible augmentation des prix pour les consommateurs.

À partir de ces constats, Philippe Askenazy formule la question autour de laquelle le véritable débat devrait se situer pour les Français : "souhaitez-vous une ouverture dominicale des commerces quitte à subir une hausse des prix ?".

Il serait souhaitable que notre classe politique, souvent fâchée avec l’économie (comme ne cesse de nous le rappeler Michel Roccard), prête une plus grande attention aux travaux de cette nouvelle génération d’économistes. Ségolène Royal a ainsi su s’attacher les services de la jeune étoile montante, Thomas Piketty. On ne saurait qu’encourager ses camarades, du PS comme d’ailleurs, de la suivre sur cette voie

 

* Philippe Askenazy, "Le prix du dimanche", Le Monde, 18.11.2008.