Le Monde a publié jeudi 9 octobre un supplément sur le développement durable traitant du problème particulier des déchets. Ce dossier permet de comprendre comment toute la production de notre société de consommation doit être modifiée pour prendre en compte la vie complète des objets, jusqu'à leur rejet.
La production française de déchets est estimée à 849 millions de tonnes, pour l'année 2004, par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). La plus grande partie de la communication au sujet des déchets semble focalisée sur la part des déchets ménagers bien qu’ils ne représentent pas plus de 4% du total. Les entreprises suivent derrière avec 11%, mais la plus grande responsabilité revient aux industries agricoles et du BTP, représentant respectivement 43% et 40%. Il faut noter cependant que les déchets de l’agriculture sont pratiquement tous des déchets organiques, même si une trop grande concentration de l’activité agricole peut entrainer des pollutions dues aux lisiers et fumiers.
Aujourd'hui, l’industrie du BTP n’est pas forcée mais simplement encouragée à adopter une politique de recyclage qui passe par la déconstruction sélective. Les structures de stockage existent pour soutenir cette politique mais la distance entre les chantiers et ces structures rend ce procédé souvent trop coûteux, empêchant donc qu'il devienne systématique.
Dans le domaine de l’aviation et de l’automobile, la déconstruction peut s’avérer d’autant plus profitable qu’elle permet de récupérer pièces détachées et matières premières métalliques. Le taux de récupération atteint même 75% pour les avions.
Les industries de l’automobile, de l’aviation et de l’agroalimentaire, ont déjà modifié leurs méthodes de production en prenant en compte la fin de vie de leur produit. Cette nouvelle approche, parfois onéreuse au stade de la conception et de la production, devient rentable lorsque le recyclage est pris en compte.
Dans toutes ces industries, les projets de lois issus des réflexions du "Grenelle de l’environnement" devraient créer des incitations et des contraintes à même de donner une nouvelle impulsion au recyclage industriel en France. Il semble clairement que l’industrie du BTP est l'industrie qui a le plus de chemin à parcourir
* Lire le cahier spécial développement durable du Monde (9.10.2008).
Après une maîtrise de physique obtenue en tant qu'étudiant d'échange à l'université McGill de Montréal, Canada, Jérôme Cuny se spécialise en océanographie physique. Il obtient un master puis un Ph.D. à l'université de Washington à Seattle, États Unis. Sa thèse avait pour thème principal l'étude de la convection profonde en mer du Labrador et les échanges entre l'Océan Arctique et l'Océan Atlantique à partir d'observations