Ce matin, dans Libération, Bernard Hasquenoph, graphiste "militant" de formation et fondateur émérite de Louvre pour tous, lance une polémique déroutante au sujet d’une nouvelle exposition, hautement politique et sacrée, actuellement en préparation au Louvre. Le premier musée national français s’apprête en effet à ériger la "Sainte Russie" (titre provisoire de l’expo) en "événement majeur de propagande religieuse et politique", selon Hasquenoph. Cette exposition qui présentera un panorama de la spiritualité et du christianisme à travers les arts en Russie, de son évangélisation jusqu’à Pierre le Grand, se tiendra au Louvres en 2010 à l’occasion de l’année de la Russie en France.
C’est en mars dernier qu’a eu lieu la rencontre entre Henri Loyrette, président du Louvre, et le patriarche Russe Alexis II. L’objectif de cette manifestation inédite serait ainsi de revaloriser le patrimoine artistique religieux russe et de le diffuser en France afin qu’il perdure. Cependant, Hasquenoph s’empresse de mettre en relation cette rencontre "culturelle" avec le salut fait par Nicolas Sarkozy en 2007, à l’occasion de sa visite à Moscou, au "renouveau spirituel en Russie et au rôle que joue l’Eglise orthodoxe russe dans la reconstruction de la société russe". En ne voyant là rien de plus qu’un encouragement à un "chef religieux ultraréactionnaire", Hasquenoph remet en question la légitimité et les bienfaits d’un tel événement.
En consacrant un paragraphe à un portrait au vitriol du patriarche, Hasquenoph se pose en dénonciateur de "l’instrumentalisation par le pouvoir de l’activité muséographique d’un établissement public", et soulève la question du sort que réserve le président français à la culture, en faisant de cette exposition grand public un "cadeau diplomatique de la France à la politique de Poutine".
Bernard Hasquenoph semble à son tour instrumentaliser cette exposition à des fins politiques, et on est en droit de douter de cette charge un peu excessive qu’il exerce contre le gouvernement français, la Russie et le Louvre, ce même musée qui expose des œuvres sacrées de toutes cultures et époques confondues depuis sa création
*Lire l’article de Bernard Hasquenoph "Le Louvre oint par le pape des popes", paru le 27 août 2008 dans Libération.