Scandale en Allemagne : les autorités fédérales ont mis à jour ce week-end l’existence d’un vaste trafic de données privées commerciales et bancaires. Des opérateurs commerciaux frauduleux (estimés au nombre de 1 300) collecteraient ces informations le plus souvent par le biais de loteries, de contrats téléphoniques ou de listes de donations pour associations caritatives, toujours sur Internet. Certaines d’entre elles se seraient servies de ces données pour piocher dans les comptes bancaires de centaines d’Allemands.

L’affaire a été révélée grâce à l’initiative de l’employé d’un centre de démarchage téléphonique. Son entreprise lui avait remis un CD contenant 17 000 données privées, notamment des adresses et des comptes bancaires. Mauvaise idée : le jeune homme a immédiatement transmis le disque en question à une organisation de défense des consommateurs, qui s’est faite mandatée par les autorités fédérales pour enquêter sur le phénomène. Résultat : en un week-end, la dite organisation parvenait à acheter 6 millions de données confidentielles, dont 4 millions de numéros de comptes bancaires, pour la modique somme de… 850 euros.

La facilité avec laquelle l’organisation s’est procuré de telles informations a déclenché une vague d’inquiétude en Allemagne, dans un pays "sourcilleux depuis le nazisme d’éviter les fichages abusifs", comme le rappelle Libération. Une angoisse d’autant plus grande qu’il ne s’agissait vraisemblablement que de "la partie émergée de l’iceberg", d’après un commissaire allemand chargé de la protection des données   . Les politiques n’ont pas tardé à réagir : la ministre de la Justice Brigitte Zypries veut faire rembourser aux Allemands floués les bénéfices réalisés illégalement "au centime près". Tout aussi radical, le ministre de l’Économie a lancé l’idée d’une interdiction totale du commerce de données privées. Enfin, le ministre de l’Intérieur a dans l’intention de réunir un sommet de crise dès le mois de septembre   . Pour les spécialistes de la protection des données, la solution la plus adaptée consisterait à obliger les entreprises à obtenir l’accord des personnes concernées avant de recueillir puis de vendre leurs données personnelles. Aujourd’hui, c’est au particulier qu’il incombe de faire la démarche pour protéger ses informations privées.

La situation est la même en France, où la CNIL   se charge de limiter les abus. Sa dernière intervention ne date que d’un mois : plusieurs agences immobilières se sont vues mises en demeure après que l’organisme administratif a constaté qu’elles récupéraient "déloyalement" les données privées de particuliers proposant leurs biens immobiliers sur des sites Internet