Le projet Europeana a pour ambition de rendre accessible "le patrimoine culturel de l'Europe à portée de clic", par la création d'une blibliothèque numérique multilingue, recensant les principales œuvres littéraires et artistiques constituant le patrimoine culturel européen.

Une récente communication de la Comission, rendue publique le 11 août, permet de faire le point sur l'avancement de ce projet. Un premier prototype du site, hébergé par la bibliothèque nationale des Pays-Bas, sera lancé au mois de novembre prochain et rendra accessibles au moins deux millions de documents. Il est cependant d'ores et déjà possible de se rendre sur le site, afin de consulter la version de démonstration, qui donne une idée de l'interface et du mode de navigation du site, ainsi que du type d'informations qui y seront proposées. L'objectif est de proposer une version opérationnelle d'Europeana d'ici à 2010, avec un contenu dépassant les six millions d'œuvres numérisées.

 

Numériser, transmettre, conserver

Les principaux défis auxquels doit répondre cette volonté de mise à disposition au plus grand nombre du patrimoine culturel européen concernent les capacités techniques et financières dont disposent les États membres pour numériser les œuvres, puis les rendre consultables en ligne et enfin être à même d'assurer leur conservation sur support numérique. La communication de la Commission souligne ainsi la nécessité pour les États membres d'apporter un soutien affirmé au projet en posant des "objectifs quantitatifs en matière de numérisation" et en leur allouant des ressources financières, mais également en mettant en place les "mécanismes législatifs et pratiques facilitant la numérisation et l'accessibilité des œuvres", notamment les œuvres orphelines   ou celles du XXe siècle qui ne font pas encore partie du domaine public.

Si la Commission salue la bonne participation des États membres à ce projet, des lacunes sont encore à remarquer ainsi que des différences dans cette participation. De manière générale, les États membres ne porteraient pas une attention assez grande à la planification de la numérisation dans ses aspects quantitatifs et financiers. Est cependant mis en avant l'effort financier important consenti dans ce domaine par la Grèce et les Pays-Bas, qui y ont alloué respectivement 100 et 90 millions d'euros. Parmi les pistes à explorer selon la Commission figure la possibilité d'une extension de partenariats public-privé.

La France est saluée pour le projet Gallica 2, qui associe la Bibliothèque nationale et le syndicat national de l'édition. La Commission souligne ainsi l'importance de l'agrégation de contenus sur un même support par un partenariat entre les différentes institutions culturelles (principalement bibliothèques et milieu de l'édition).

 

Quelle est la portée d'un tel projet ?

Le projet  Europeana prend acte du formidable potentiel de diffusion et de transmission que permettent l'outil numérique et Internet. Europeana doit ainsi permettre l'accès, pour tout citoyen européen, et même en dehors des frontières de l'Europe, au patrimoine culturel de tous les États membres, et apparaît ainsi comme un outil susceptible à la fois de solidifier le sentiment d'unité européenne, tout en préservant la diversité et les spécificités culturelles du Vieux Continent. Cette volonté patrimoniale est clairement affichée, puisque la bibliothèque numérique doit se constituer comme "archive et musée".

Sans doute s'agit-il là d'une initiative importante, mais cette volonté patrimoniale, qui est incontestablement une force, peut cependant aussi recéler quelques faiblesses : Internet n'est pas seulement un outil de diffusion, il est aussi un outil de création et de participation. La place de l'usager semble encore assez mal défini dans le projet, et la possibilité de "l'intégration d'outils collaboratifs" n'est que timidement évoquée au détour d'une ligne. Il y a là un large chantier à ouvrir : comment permettre la réappropriation d'un héritage culturel commun en faisant en sorte que celui-ci continue à nous parler et que la transmission soit un véritable passage de relais ?

 

À voir également :

- le site europeana.eu

- la récente communication de la Commission qui fait le point sur l'avancement du projet