Paavo Järvi signe une lecture profondément humaine de Mahler, véritable célébration de l’espérance.

La Philharmonie de Paris a vibré au rythme de la Résurrection de Mahler, portée par un Orchestre de la Tonhalle de Zürich au sommet de sa forme et magistralement dirigé par Paavo Järvi. Le chef est parvenu, avec son autorité souple et son sens affûté de la dramaturgie, à déployer l’architecture monumentale de la Symphonie n° 2 sans jamais céder à l’emphase.

Dès les premières mesures, Järvi installe une tension organique, sculptant les masses sonores avec une clarté remarquable. Les contrastes mahlériens — sarcasmes dansants, élans pastoraux, déflagrations funèbres — trouvent ici une cohérence narrative rare. Chaque pupitre respire, écoute, répond : le travail d’orfèvre du chef sur les dynamiques et la texture orchestrale confère à l’ensemble une lisibilité saisissante.

L’« Urlicht », confié à Anna Lucia Richter, une mezzo au timbre lumineux, ouvre la porte à un final d’une intensité presque charnelle. Dans la montée inexorable vers la lumière, Järvi maintient une tension parfaitement maîtrisée, conduisant orchestre, chœur et solistes (la soprano Mari Eriksmoen) vers un sommet d’émotion collective. Le chœur (Zürcher Sing-Akademie), admirable de tenue, répond avec ferveur à la direction inspirée du maestro.

Au terme de cette apothéose, la salle a fait un triomphe au chef, aux instrumentistes et aux chanteurs : Paavo Järvi signe une lecture profondément humaine de Mahler, véritable célébration de l’espérance. Un concert dont on sort grandi, et peut-être un peu réconcilié avec le monde.

Gustav Mahler, Symphonie n° 2 « Résurrection »

Distribution : Tonhalle-Orchester Zürich ; Zürcher Sing-Akademie ; Paavo Järvi, direction ; Mari Eriksmoen, soprano ; Anna Lucia Richter, mezzo-soprano.