La question environnementale, analysée au prisme de la domination coloniale : l’ouvrage interroge la manière dont la colonisation a transformé les environnements et les effets sur les populations.

Alors que l’histoire environnementale est aujourd’hui un champ historiographique reconnu et développé, Guillaume Blanc, professeur des universités à Science Po Bordeaux, et Antonin Plarier, maître de conférences à Lyon 3, spécialistes des enjeux environnementaux en situation coloniale, ont réuni neuf articles fondateurs qui lient histoire environnementale et histoire sociale en contexte colonial. L’objectif de l’ouvrage est ainsi de replacer la question des rapports de domination qu’entretiennent les puissances coloniales sur leur empire avec celle de la gestion des ressources et des peuples colonisés. Car l’exploitation des territoires, comme les politiques de préservation imposées par les métropoles, ne sont pas sans conséquences sur la nature comme sur les populations indigènes.

Dans le cadre du programme HGGSP terminale, le thème « Environnement, entre exploitation et protection ; un enjeu planétaire » questionne les pratiques environnementales et les mesures de protection mises en place à travers l’histoire. 

 

Nonfiction.fr : Dès le titre de l’ouvrage, on comprend qu’il se situe à la jonction de trois champs historiographiques : l’histoire coloniale, l’histoire sociale et l’histoire environnementale, courant particulièrement renouvelé cette dernière décennie. Vous expliquez souhaiter « introduire des textes clés du champ pour donner à voir comment l’histoire des empires peut s’écrire d’un point de vue environnemental  ». Comment s’est effectué le choix des articles et quelles évolutions historiographiques souligne-t-on entre l’article fondateur de Ramachandra Guha et Madhav Gadil sur la forêt indienne (daté de 1989) et aujourd’hui ?

Guillaume Blanc et Antonin Plarier : Depuis ses débuts, l’histoire environnementale est aux prises avec les empires coloniaux. Dès 1972, avec son histoire de « l’échange colombien », l’historien états-unien Alfred Crosby a montré comment le transfert de plantes, d’animaux et de microbes avait façonné l’Amérique du Nord, qu’il qualifie comme une « néo-Europe ». À sa suite, de nombreux historiens, britanniques pour la plupart, ont éclairé les liens entre l’expansion impériale, l’essor de la science écologique, la mondialisation d’un capitalisme extractiviste et les transformations environnementales qui s’ensuivirent en Afrique et en Asie, aux époques moderne et contemporaine. Mais cette histoire environnementale « des » empires est en fait longtemps restée une histoire environnementale de l’empire britannique. C’est ce qui a donc déterminé, en partie, le choix des textes traduits et commentés dans l’ouvrage. Pour donner à voir une histoire qui n’essentialise pas « l’empire », nous avons voulu rendre accessibles des histoires qui tiennent autant compte de la diversité des impérialismes européens que de la multitude des sociétés africaines et astiques intégrées dans ces empires. C’est pourquoi le livre présente des histoires britanniques et indiennes, portugaises et mozambicaines, françaises et vietnamiennes, allemandes et tanzaniennes, etc.

Mais nous avons tout autant voulu faire connaître, en français, les travaux qui croisent véritablement l’histoire environnementale et l’histoire sociale. En effet dès 1989 des historiens indiens comme Guha et Gadgil ont montré que l’environnement était au cœur du projet colonial britannique. Mais il a fallu attendre encore des années pour que les historiennes et les historiens envisagent l’environnement à la fois, comme un objet d’étude à part entière (les plantes ou les animaux, les rivières ou les montagnes), et comme un mode d’étude, c’est-à-dire comme un biais par lequel revisiter l’histoire des empires au ras du sol, au plus près des rapports de force qui leur donnent leur historicité. Comme l’écrit Karl Jacoby, « parler de nature c’est aussi parler de relations de pouvoir entre les humains ». Et c’est là l’une des grandes évolutions historiographiques de l’histoire environnementale : au même titre que la race, la classe ou le genre, l’environnement est devenu un objet de l’histoire impériale, et un moyen de mieux l’éclairer.

Par nature, les rapports coloniaux sont des rapports d’inégalités, dans les liens sociaux comme dans les traces laissées. Quelles sources sont mobilisées par les différents auteurs pour pouvoir décrire cet « esprit colonial de la nature » ?

Les sources mobilisées sont très diverses. C’est l’un des éléments qui a présidé à notre choix des textes. Dans ce recueil, certains auteurs ont recours à des sources assez classiques comme l’analyse de sources imprimées ou de productions culturelles qui révèlent à un moment donné un discours colonial comme le fait William Adams en partant initialement du dessin animé Le Roi Lion. D’autres ont recours à des archives d’administrations coloniales, des témoignages écrits de colons ou colonisés, des entretiens avec des acteurs ou encore des collectes de récits oraux, d’histoires magico-religieuses. L’anthropologue Lyn Schumaker par exemple, raconte dans son article sur les mines de cuivre de Zambie, une histoire de serpent qui ferait disparaître les mineurs le long du fleuve Luanshya, qu’elle a recueillie auprès d’anciens travailleurs de cette ville minière. Cette histoire en apparence magico-religieuse rend en fait compte des conflits de propriété autour du gisement minier opposant un récit colonial à celui des colonisés, mais les différentes versions de cette histoire de serpent qui circulent à Luanshya colonisés témoignent aussi des intérêts divergents entre colonisés eux-mêmes.

Les différentes contributions soulignent l’ensemble des topoï que les puissances impériales ont sur les espaces coloniaux ; on lit notamment qu’« à leurs yeux l’Afrique est un éden naturel, vierge et sauvage ».  En quoi la « mission civilisatrice » joue-t-elle également du point de vue environnemental ? 

Lorsque l’on étudie les archives des empires coloniaux, on s’aperçoit très vite que l’environnement est au cœur de la « mission civilisatrice » que suivent prétendument les gouvernements coloniaux. Chaque autrice et auteur du livre le soulignent à leur manière. En Inde, les Britanniques estiment que les Indiens ne sont pas capables d’exploiter correctement le thé, alors ils s’approprient les plantations de thé. Dans l’Afrique orientale allemande, les colons affirment que les populations du futur Tanganyika détruisent la terre et la faune, alors ils les privent du droit d’accès à la faune, pour mieux s’en arroger le contrôle. Et il en va de la même manière pour l’eau du Mozambique, le cuivre zambien ou le caoutchouc du Viet Nam. Systématiquement, les scientifiques et les colons européens vont discréditer les savoirs et les pratiques des sociétés conquises, pour légitimer leur expropriation et leur exclusion de la société coloniale.

Administrateurs, explorateurs, gouverneurs mais aussi scientifiques sont ainsi particulièrement mobilisés pour justifier l’emprise coloniale sur les environnements. William Adams écrit notamment que « l’écologie offrait le moyen de concrétiser les ambitions coloniales de pouvoir et de contrôle des territoires et de la nature ». Quels rôles jouent la science et les scientifiques dans ces appropriations ?

Qu’ils soient botanistes, forestiers, zoologues ou agronomes, les scientifiques sont le premier bras armé des empires coloniaux. Ils étudient les territoires colonisés (pour définir comment les exploiter), ils renomment aussi bien les plantes que les lacs et les montagnes (pour permettre ensuite leur appropriation), et surtout, ils légitiment l’entreprise coloniale. Peder Anker par exemple, qui est traduit dans le livre, a très bien montré comment le développement de la « nouvelle écologie humaine », à Oxford depuis les années 1930, a servi le développement de l’empire britannique en Afrique et en Asie.

De jeunes scientifiques comme Julian Huxley ou Edgar Worthington partent sur le « terrain » dans les années 1930, 1940 et 1950, avec une idée bien précise en tête. Ils estiment qu’une société est un organisme vivant, composé d’humains et bien sûr de non-humains. Et à leurs yeux, comme n’importe quel écosystème, la société pourrait être gouvernée correctement, si elle était gérée rationnellement. Pour les lacs d’Afrique de l’Est, par exemple, ces jeunes écologues vont définir quelles espèces de poissons méritent d’être conservées ou pêchées, quelles quantités peuvent-elles être pêchées, par combien de pêcheurs, pour être vendues à qui, etc. Et puisque les scientifiques seraient les seuls capables de définir l’usage rationnel (et optimal) de la nature et des êtres humains, ils devraient donc être en charge de leur gouvernement.

À cet égard, William Adams révèle et décrypte alors une histoire assez étonnante. Il montre que Julian Huxley, le futur premier directeur de l’Unesco en 1946, s’est inspiré dans sa jeunesse et dans ses premiers travaux de H.G. Wells et de son livre The Shape of Things to Come. Dans ce livre, Wells imagine une catastrophe mondiale, avec des épidémies, et pour faire face à celle-ci la mise en place d’un gouvernement scientifique, technocratique et autoritaire, mais capable de sauver l’humanité. Et c’est exactement ce que propose Huxley dans If I Were a Dictator : un gouvernement mondial composé de scientifiques qui œuvreraient au nom de l’universel, et qui seraient, à ce titre, capable de guider l’humanité dans une autre direction que la guerre et l’épuisement des ressources. En tant que président de l’Unesco, c’est de cette manière qu’il envisagera alors les Nations unies, comme une institution mondiale à qui les rênes devraient être confiées. Et Huxley est loin d’être le seul à penser ainsi. Max Nicholson, l’un des fondateurs du WWF en 1961, ne dira pas autre chose dans son ouvrage La révolution de l’environnement, paru en 1970. Le sous-titre est tout particulièrement explicite. Intitulé « Petit guide à l’usage des nouveaux maîtres du monde », il résume le livre à lui tout seul : oui, les sociétés d’Afrique, d’Asie et finalement du Tiers-Monde sont désormais maîtres chez elles ; mais seuls les scientifiques, et en matière environnementale, les écologues, sauraient comment les guider.  Voilà ce qu’explique Peder Anker en croisant des récits autobiographiques, des récits littéraires et des archives institutionnelles. 

La totalité des articles met en évidence une contradiction forte de la part des autorités coloniales entre la volonté de conserver et/ou protéger – face aux menaces prétendues de populations locales qui détruiraient leur environnement – et celle de pouvoir exploiter les ressources des colonies. Cela est notamment très net sur la question des forêts, mais aussi sur les ressources en eau ou sur la chasse et la protection de la faune sauvage. Pouvez-vous revenir sur la manière dont, sous couvert de volonté conservationniste, les puissances impériales se sont en fait approprié les territoires et en quoi les rapports de force jouent également dans la question environnementale ?

Les historiennes et les historiens que nous avons sélectionné dans cet ouvrage montrent très bien que la « conservation de l’environnement » est moins une politique qu’une idéologie, ou disons un discours, grâce auquel l’exploitation des ressources peut perdurer. Cela pourrait se résumer par la maxime « nous pouvons détruire ici parce que nous protégeons là-bas ».

Dans notre livre, l’histoire que Bernhard Gissibl livre de la révolte Maji Maji est édifiante à cet égard. Cette révolte a longtemps été perçue comme une révolte anticoloniale : les populations de l’Afrique orientale allemande se serait rebellées contre les colons, au nom de leur droit à la souveraineté. Mais la réalité est bien plus complexe que cela.

Des années 1860 à 1897, date à laquelle les Allemands créent les premières réserves de chasse du continent, les colons s’approprient toujours davantage l’accès aux ressources cynégétiques – tout particulièrement les éléphants, dont l’ivoire est revendu en Europe pour la production de touches de piano, de boules de billard, de vaisselles, de peignes ou de manches à couteaux. Seulement, ils ont d’abord besoin de relais africains : des pisteurs qui leur montrent les territoires où trouver la faune sauvage, des chasseurs qui leur enseignent les techniques pour piéger et abattre les grands mammifères et prédateurs, comme les éléphants, et des commerçants qui les intègrent à leurs réseaux marchands, intracontinentaux et transcontinentaux. Et c’est une fois que les Allemands se sont appropriés ces savoirs et savoir-faire qu’ils vont décider de créer des réserves de chasse : parce qu’ils ont maintenant les moyens d’être les seuls à bénéficier de la commercialisation de la grande faune sauvage ; et parce que cette faune est chassée en de telles quantités qu’elle est sur le point de disparaître. Voilà à quoi servent alors les réserves de chasse, allemandes puis britanniques : non pas à protéger les animaux des Africains, mais à garantir le monopole du gibier aux Européens.

Partout, « le projet environnemental imaginé par les dirigeants impériaux n’aboutit jamais complètement […]. L’impérialisme environnemental est toujours synonyme de domination ; seulement cette domination est rarement celle que l’on croit », écrivez- vous.  En quoi, à de maintes occasions, le projet impérialiste prend-il des formes inattendues ?

C’est à ce niveau que rien n’est mécanique en histoire. S’il existe un « esprit colonial » (Adams), cela ne signifie pas que la réalisation de cet esprit soit automatique pour autant. Pour le dire autrement, entre les projets de « mise en valeurs » comme le disent les administrations coloniales et leur réalisation effective, il y a de nombreuses étapes qui sont autant de bifurcations ou mises en déroute possible.

Le chapitre de Karen Middleton en est de ce point de vue une illustration intéressante. Lorsque les colons français tentent de s’installer à Madagascar à la fin du XVIIIe siècle, ils ramènent avec eux des figuiers de barbarie, originaires du continent américain. Ils ont pour idée que ces plantes cactées fourniront une défense naturelle au petit emplacement fortifié envisagé. Mais l’histoire en décide autrement. D’une part, parce que leur projet d’installation coloniale échoue et ne reprendra qu’un siècle plus tard. Et d’autre part, car cette stratégie de défense se retournera finalement contre les colonisateurs. La plante est adoptée par les Malgaches non seulement pour dresser une barrière défensive autour de certaines localités mais également détournée de son usage pour en faire un atout d’une économie d’élevage fournissant, dans des régions peu arrosées, un moyen d’abreuver le cheptel.

De la même manière, quand Jayeeta Sharma étudie l’exploitation des arbres à thé à Ceylan, elle rend compte de la puissance des préjugés coloniaux qui peuvent venir contrarier les projets coloniaux eux-mêmes. De la même manière que pour lesdites races, les territoires colonisés font l’objet d’un discours de classification et de hiérarchisation aux yeux des colons britanniques. Or, les populations indiennes de Ceylan sont considérées comme particulièrement rustres par les Britanniques et sont classées tout en bas de la hiérarchie raciale. Impossible donc que leur territoire puisse produire un thé digne du palais des upper classes londoniennes. En dépit des travaux de plusieurs agronomes qui établissent la présence de théiers à l’état endémique à Ceylan, l’administration britannique s’échine à transférer des théiers de Chine et recrutent des experts chinois pour superviser leur implantation. Là aussi, le projet échoue et les propriétés des théiers de Ceylan finissent par être reconnus, mais plusieurs décennies plus tard. L’éclatement de plusieurs révoltes de travailleurs chinois sur ces plantations compromet les investissements absurdes et colossaux consentis dans ces projets.

Entre projet colonial et réalisation effective, il y a donc une distance, faite de renégociations mais aussi de résistances ou de conflits directs. Quelles sont les formes des luttes à l’œuvre et en quoi la conflictualité environnementale est-elle particulière en situation coloniale ?

Cette conflictualité est particulière parce qu’elle se déploie dans une situation où la domination s’exerce de façon plus violente. Les plantations d’hévéas implantées au Viet Nam par exemple, étudiées par Michitake Aso, suscitent des déplacements de population sur plusieurs centaines de kilomètres pour pourvoir aux besoins de main d’œuvre. Les taux de mortalité sur ces lieux de travail peuvent être très élevés, dépassant 20 % à la fin des années 1920. Même si ces taux de mortalité diminuent les années suivantes, l’équivalent est inimaginable à la même époque en métropole, du moins en dehors des périodes de guerre. Sur un autre plan, lorsque le barrage de Cahora Bassa au Mozambique est projeté à la fin de la période coloniale portugaise, le lac de retenue en amont doit s’étendre sur 2 500 km², comme si on engloutissait 25 fois Paris, dans une zone certes moins peuplée mais 25 000 personnes doivent tout de même être déplacées. Là aussi, difficile d’imaginer à la même époque le long du Tage.

Dans ces conditions, les luttes se placent immédiatement à un autre niveau de conflictualité. En 1927 par exemple, un contremaitre est tué sur une plantation d’hévéas appartenant à Michelin, ce qui donne lieu à un procès médiatiquement très suivi. Quelques années plus tard, au cours de la guerre d’Indochine, les plantations sont prises pour cible, et pour la seule année 1947, 7 millions d’arbres sont abattus, soit 10 % des hévéas du pays. Il s’agit évidemment de s’attaquer au capital économique des planteurs mais également de détruire le symbole d’un environnement colonial transformé et exécré.

Aujourd’hui, dans ces espaces décolonisés depuis au moins un demi-siècle, quels sont les héritages visibles sur l’environnement et sur les sociétés locales de cette domination coloniale de la nature ?

Elles sont omniprésentes car l’histoire ne s’efface pas d’un coup de crayon, quand bien même il s’agirait d’une déclaration d’indépendance. Les travaux titanesques entrepris au Mozambique pour édifier un barrage hydroélectrique sur le fleuve Zambèze sont toujours bien là. Et les activités rurales de ces territoires irrémédiablement compromises, telles qu’elles existaient avant ces travaux puis la mise en eau du barrage. De la même manière, les millions d’ha consacrés à la monoculture d’hévéas dans la colonie du Tonkin ne disparaissent pas non plus, et les ha de forêts tropicales que ces plantations d’hévéas ont absorbé ne vont pas non plus réapparaître. Sur un sujet que nous n’avons pas abordé dans le livre mais qui fait l’objet de recherches passionnantes et terrifiantes à la fois, Christophe Lafaye a également montré la prégnance de gaz chimiques en Algérie dans les grottes ou les souterrains où ils ont été utilisés par l’armée française entre 1954 et 1962.

Mais là où l’histoire se complique, c’est que les gouvernements indépendants ne renversent pas pour autant la roue de l’histoire. Ils héritent de ces politiques souvent démiurgiques, et dans les exemples précédents, choisissent et de mettre en eau le barrage, édifié sous le colonialisme portugais, et de promouvoir la culture de l’hévéa qui passe du statut de symbole abhorré du colonialisme au symbole arboré par la République démocratique du Viet Nam ou encore d’autoriser des essais d’armes chimiques par l’armée française sur certains sites du territoire algérien en dépit de l’indépendance. Il ne s’agit pas d’un néocolonialisme, davantage d’un postcolonialisme dans la mesure où les choix de ces dirigeants sont des choix d’acteurs indépendants. Mais il n’en empêche, pour les populations héritières de cette histoire coloniale, remettre en cause cet héritage est une tâche ardue. Comme l’écrivait Marx, « le poids des morts pèsent lourd sur les épaules des vivants  ».