Les Noces de Figaro de Mozart au Palais Garnier : mariage, pouvoir et coulisses du désir.

Du 15 novembre au 27 décembre 2025, le Palais Garnier s’illumine à nouveau avec Les Noces de Figaro dans une production signée Netia Jones et sous la baguette d’Antonello Manacorda. Cette reprise promet non seulement de goûter la finesse musicale mozartienne mais aussi d’apprécier une mise en scène audacieuse, qui prend place au sein même de ce lieu mythique qu’est Garnier.

Une œuvre au cœur du répertoire et de ses enjeux

Les Noces de Figaro (1786) est peut-être l’opéra le plus fameux du duo Mozart-Da Ponte. Plus qu’une comédie de mœurs, ce drame social léger et subtil exprime les tensions entre classes, les travers du pouvoir et la recherche d’équité. Le Comte Almaviva, la Comtesse, Figaro, Suzanne… tous incarnent des figures d’un monde en mutation, entre privilèges et aspirations démocratiques. À l’opéra, ce sont des personnages humains, confrontés à leurs désirs, mensonges, jalousies — et aussi à leurs faiblesses et à leur aptitude au pardon. Le chant traduit l’affect, la musique colore, nuance, révèle ce qui dans le livret pouvait sembler trop simple. C’est dans cet espace entre le mot et la note que réside la grande puissance de l’œuvre.

Une mise en scène qui fait du décor un personnage à part entière

Netia Jones (mise en scène, décors, costumes, vidéo), propose de jouer Les Noces non seulement comme une intrigue de salon ou de château, mais comme un regard porté sur les coulisses mêmes du Palais Garnier. L’idée est de considérer le lieu, non comme un simple décor, mais comme le microcosme du pouvoir : les escaliers, les corridors, les loges, les machineries, les coulisses administratives — autant d’espaces où situer les tensions de classe, les rivalités, les secrets. Cette insertion du drame dans le quotidien d’une grande institution lyrique entend rendre l’opéra plus vivant, plus proche. Elle permet aussi de poser la question : dans quelles loges, normes et pouvoirs invisibles se jouent encore aujourd’hui les dynamiques de rang, de genre et de privilège ? Le décor devient théâtre dans le théâtre. C’est Antonello Manacorda qui dirige musicalement ces Noces, un chef dont l’approche mozartienne est unanimement saluée pour sa clarté, son sens du rythme et sa finesse expressive.