À l’heure de l’entame du sommet économique d’Annapolis (Maryland), la Chine se présente en position de force. Oubliées les critiques liées à la gestion discutable de la crise au Tibet ; avant les Jeux et quelques semaines après le tremblement de terre au Sichuan, c’est aussi avec des certitudes économiques que les officiels chinois rencontrent leurs homologues américains. Durant deux jours (17-18 juin), les deux délégations s’apprêtent à aborder des thèmes cruciaux comme le rapport dollar/yuan, l’envolée des prix de l’énergie et de la nourriture, la pollution.

Dans un contexte international de remise en cause, après la déroute irakienne, du leadership politique et militaire américain, de désaveu populaire de l’administration Bush et de croissance du déficit commercial entre les États-Unis et la Chine   , le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle réunion biannuelle tombe mal. Pour Henry M. Paulson Jr., le ministre du Budget à la tête de l’équipe américaine, il faudra, avant de présenter ses reproches à la partie adverse, réussir à justifier la morosité de l’économie américaine qui renvoie inévitablement à la bonne croissance chinoise.

Plus encore, ces dernières semaines ont vu se multiplier critiques et attaques de plus en plus soutenues contre le modèle économique américain. Beaucoup dans l’empire du Milieu n’hésitent ainsi plus à dire que le modèle économique, et de fait politique, chinois est tout aussi valable. À n’en pas douter, Wang Qishan, nouveau Premier ministre et chef de la délégation chinoise, se fera pendant ces deux jours le porte parole de ces déclarations. Dans une perspective plus large, Edward Wong qui relate l’événement pour le New York Times y note les signes d’une attitude réfléchie : la Chine se sent prête, sinon à défier du moins, à provoquer les États-Unis. Il s’agirait alors d’une période charnière qui verrait la Chine se placer sur le long terme.

Évidemment, beaucoup reste spéculation, et il n’est pas dit que comme le Japon des années 80, la Chine se croyant toute-puissante et capable de remettre en cause la gestion économique américaine ne se retrouve pas d’ici peu à se débattre entre récession et stagnation. Pourtant, déjà aujourd’hui les résultats sont évidents, et il ne serait d’ailleurs pas inconcevable de voir certains pays en développement s’inspirer du management à la chinoise. 

- Lire l’article du New York Times (17 juin 2008).
- Lire l’article de USA Today (17 juin 2008).