Si Jean-Claude Juncker a un point commun avec Nicolas Sarkozy, c’est bien le franc parler. Le premier ministre luxembourgeois est aussi le président de l’Eurogroupe depuis 2004. Cette instance réunit les ministres des finances de la zone Euro et constitue un début de gouvernement économique de l’Union. Dans un entretien accordé au journal Le Monde et publié le 11 octobre sur le site du journal, Jean-Claude Juncker reconnaît le style direct du nouveau président qu’il oppose à celui "diplomatique et hypocrite" souvent observé chez ses prédécesseurs. Le super-ministre des finances européen aime le nouveau style de l’Elysée. Peu avare de compliments, il salue le retour de la France en Europe ainsi que les efforts pour un nouveau traité, et "applaudit des deux mains" l’action engagée par Nicolas Sarkozy - en qui il voit un homme aux "convictions européennes fortes" - pour l’Union .

Voilà pour les flatteries, sûrement sincères par ailleurs. Mais le vrai message de Juncker à Sarkozy est tout autre. Après les sorties du nouveau président français sur l’Euro fort et la politique trop molle de la Banque Centrale Européenne, le président de l’Eurogroupe a rappelé que la BCE a été très présente lors des turbulences financières de l’été et qu’il faut rendre hommage à son président, Jean-Claude Trichet, d’avoir fait de son institution "l’une des premières adresses de la politique monétaire mondiale". Il n’est jamais inutile de rappeler les évidences… et les promesses.

Selon Jean-Claude Juncker, Nicolas Sarkozy semble peut être avoir oublié qu’il n’est pas seul en Europe et que l’Euro est la monnaie de treize Etats et bientôt plus. Quand la France est en fort déficit, c’est la stabilité de toute la zone qui risque d’en souffrir. Lorsqu’un Etat fait subir aux autres l’absence de réformes, renchérit-il, il est mal venu de vouloir obtenir une politique monétaire sur mesure pour masquer ses insuffisances. Juncker rappelle les engagements pris en matière de déficit par le gouvernement précédent : 1,8% du PIB en 2008 et l’équilibre en 2010. Cet objectif précise-t-il est tout à fait atteignable à condition de mettre un frein aux cadeaux fiscaux et, surtout, en arrêtant de tirer à vue sur la monnaie ce qui plombe la confiance et donc la croissance.      


"Nous invitons résolument la France à réduire le niveau des dépenses publiques", entretien avec Jean-claude Juncker, Le Monde, 11 octobre 2007