En Turquie, on ne plaisante pas avec la laïcité. Alors que le gouvernement issu des rangs du parti AKP -musulmans démocrates comme ils aiment s’appeler- avait comme projet la levée de l’interdiction du port du voile dans les universités, mesure mise en place en 1980 par la junte militaire issue d’un coup d’État, la Cour constitutionnelle turque vient de refuser l’amendement en question. C’est un revers important pour le gouvernement qui avait lancé cette réforme juste après sa large victoire aux législatives de juillet 2007. Une étude menée en 2006 par le think tank turc Tesev indique que les turcs sont largement -75%- favorables à un assouplissement des mesures d'interdiction du port du voile. Selon la presse turque, le premier ministre Tayyip Erdogan a réussi le tour de force de se mettre à dos à peu près toutes les institutions du pays : la justice et l’armée mais aussi la banque centrale qui tente de résister à sa politique populiste, beaucoup de médias, et, depuis la répression policière du 1er mai, les syndicats. Il faut dire que la justice est particulièrement intransigeante avec le gouvernement. Non seulement la Cour constitutionnelle refuse la levée de l’interdiction du port du voile islamique dans les universités mais le procureur de la Cour de cassation demande aussi d’interdire le parti au pouvoir pour activités contraires à la laïcité et, pourquoi faire les choses à moitié, interdire d’activité politique certaines personnalités politiques dont…le premier ministre lui-même ! Ambiance…   


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