À une semaine du vote irlandais sur le traité de Lisbonne qui réforme les institutions européennes, nonfiction.fr fait le point sur le référendum en cours. Si le "oui" garde une avance dans les sondages, rien n'est joué et beaucoup s'inquiètent de la montée du "non" et du rythme de la campagne du "oui". Un nouveau rejet, d'un texte qui est déjà un compromis issu des votes négatifs de la France et des Pays-bas en 2005 porterait un coup terrible à la construction européenne. Censé gommer le malentendu et le malaise entre l'Union et ses citoyens, le traité de Lisbonne deviendrait alors le nouveau symbole d'un fossé démocratique. Présentation du traité, grands enjeux, partisans du "oui", opposants du "non", conséquences possibles d'un vote négatif, nonfiction.fr va décrypter en détails ce vote déterminant pour la construction européenne.

Qui vote, pourquoi ?

Trois millions d'électeurs irlandais sont appelés à ratifier par voie référendaire le traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne est une version dite "simplifiée" du traité constitutionnel européen, rejeté par référendum par la France et les Pays-Bas en 2005. Il a été ratifié dans l'Hexagone en février 2008, par l'intermédiaire du Congrès – Assemblée nationale et Sénat réunis à Versailles. 15 États sur les 27 que compte l’Union l’ont déjà ratifié. Le traité de Lisbonne n’entrera en vigueur qu’après ratification par tous les États membres.


À quelle date ?

Le référendum aura lieu le jeudi 12 juin 2008. Il était initialement prévu en octobre. Mais selon l'Irish Daily Mail, Elysabeth Green, une diplomate irlandaise, a préconisé l'avancée du référendum irlandais à la veille du mandat français car elle juge le président, Nicolas Sarkozy, trop "imprévisible".
 

Pourquoi les irlandais sont-ils les seuls à voter pour le traité de Lisbonne ?

L'article 46 de la Constitution irlandaise exige que toute révision constitutionnelle fasse l'objet d'un référendum. C'est le seul peuple européen appelé à voter au suffrage universel direct sur ce traité, adopté dans les autres pays membres, par voie parlementaire.


Les petites phrases de la campagne

"Je pourrais prédire qu'il n'y a pas 250 personnes parmi la totalité des 4,2 millions d'Irlandais qui ont lu le traité de la première à la dernière page. Je prédis en plus qu'il n'y en a pas 10% des 250 qui comprend chaque section et sous-section.", Charlie McCreevy, commissaire européen en charge du marché intérieur et des services. Ancien ministre du gouvernement irlandais.

"Si l'Irlande vote non, elle deviendra un paria.", Charlie McCreevy

"Il n'y aura pas de second référendum", Dick Roche, ministre irlandais des Affaires européennes. Les Irlandais avaient voté deux fois sur le traité de Nice.

"Il n'y a pas de plan B.", José Manuel Barroso, président de la Commission européenne en visite le 18 avril 2008.

"Si le traité est rejeté, l'Irlande et l'Europe en payeront le prix.", José Manuel Barroso

"Facts, not politics", slogan du collectif pro-européen mais anti-Lisbonne, Libertas. Ce mouvement d'hommes d'affaires considère que le traité de Lisbonne n'est pas assez libéral.

"Le traité est inintelligible.", Ullick McEvaddy, homme d'affaires irlandais (Fine Gaël).

"Si quelqu'un a un problème de conscience avec le traité de Lisbonne, il devra l'envisager hors de mon parti.", Brian Cowen, nouveau Premier ministre irlandais de centre droit (Taoiseach en gaélique).

"Voter oui, c'est voter pour une Europe sans Dieu et la confier à des bureaucrates païens. (...) La charte fondamentale des droits de l'Homme ne contient aucune mention ni de Dieu, ni du génie des racines chrétiennes fondatrices de l'Europe.", Père Des Sweeney, curé irlandais de Rameton (Conegal).

"Voter oui, ce n'est pas voter pour l'avortement.", Mgr Martin, archevêque d'Irlande.


Les sites irlandais pour suivre en direct le débat du référendum

The Irish Times
The Sunday Business Post
www.politics.ie (site d'échanges politiques)
The independent
www.village.ie



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Fiche technique de la République d'Irlande :

Superficie : 70 280 km_
Climat : maritime tempéré, modifié par le courant nord atlantique, été frais, hiver doux.
Nombre d'habitants : 4,1 millions (2008).
Fécondité : 1,85 enfants par femme (2008).
Espérance de vie : 78,07 ans.
Religions : Chrétiens catholiques (88%), Eglise d'Irlande (3%), autres chrétiens (2%), autres (7%).
Alphabétisme : 99%.
Part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté : 7%.
Indice de développement humain : 4ème pays au classement ONU en 2004.

Régime politique : République démocratie représentative.
État membre de l'Union européenne depuis 1973.
Système économique : libéral mondialisé.
Présidente : Mary MCALEESE (depuis le 11 novembre 1997).
Premier Ministre : Brian COWEN (depuis le 7 mai 2008).
Gouvernement : coalition transpartisane (Fianna Fail, les verts, les progressistes démocrates et des membres indépendants du parlements).

Produit Intérieur Brut : 177 Milliards d'Euros (2007).
Taux de chômage : 5% (2007).
Inflation : 4,7% (2007).
Dette : 21% du PIB (2007).
Balance commerciale : - 24 Milliards d'euros. (2007).
Salaire minimum : 8,65 € par heure.
Impôt sur le revenu : 20%.
Impôt sur les sociétés : 12,5%.

Agricultures : navets, orge, patates, sucre, blé, boeuf, produits laitiers (5% du PIB).
Industries : acier, plomb, zinc, argent, aluminium, procédés miniers, produits alimentaires, brasserie, batiments, textiles, vêtements, pharmaceutiques, chimiques, machineries, équipements de frêt férroviaire, industries automobiles et maritimes, verres, cristal... (46% du PIB).
Services : banques et finances, distributions, téléphonie, logiciels informatiques, tourismes... (49% du PIB).

Exportations : USA 18.7%, GB 17.9%, Belgique 14.4%, Allemagne 7.8%, France 5.8%, Italie 4.2%
Importations : GB 37.5%, USA 11.5%, Allemagne 9.6%, Pays-Bas 4.6% (2006).

96.602 km de routes.
3237 km de rails.
34 aéroports.
4,7 millions de téléphones portables.
1,6 millions d'utilisateurs d'internet.


*dossier réalisé par Matthieu Mallet. Coordination du pôle Union européenne : Mathias Mégy. Contact : europenonfiction@gmail.com