Le New York Times (3 juin 2008) consacre à cette situation un article mi-sérieux, mi-humoristique, alors que la supercherie d’une télévision libre devient en Russie une farce que le pouvoir n’essaye même plus d’entretenir. La dernière mode en date que nous rapporte Clifford J. Levy est d’effacer digitalement les personnes ayant fait des remarques désobligeantes sur le tandem Poutine-Medvedev. C’est ce qui est arrivé à Mikhaïl Delyagin à l’automne dernier alors qu’il s’exprimait dans une émission. Encore un peu, et on va commencer à retoucher les photos, comme au bon vieux temps.
Plus sérieusement, le contrôle s’est resserré dernièrement et les opposants, même modérés, n’arrivent plus à se frayer un chemin jusqu’au téléspectateur. Beaucoup évoquent l’existence d’une liste noire de personnalités que les chaînes publiques ne doivent diffuser sous aucun prétexte. Plus prosaïquement, journalistes et patrons s’accordent à dire qu’il n’y a pas besoin de liste : celui qui cherche à garder sa place au soleil comprendra qu’il y a des gens qu’il vaut mieux ne pas inviter pour ne pas mécontenter ceux qui payent son salaire.
Le reste de l’information – radio, presse, Internet, voire chaînes de télévision locales – est beaucoup moins contrôlé, mais cela ne suffit pas alors que l’essentiel de la communication se fait par les deux ou trois chaînes nationales. Pour suivre les conclusions du journal américain, il n’y a pas besoin d’un contrôle total, il suffit juste de diriger l’information sur les chaînes principales et de préférence la filtrer au maximum pendant les heures de grande écoute.
- Lire l’article du New York Times.
- Lire aussi les réactions récoltées sur le blog russe du New York Times.
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Crédit photo: Flickr.com/ unblessed scalar