La guerre d'indépendance américaine révèle les idées politiques de la fin du XVIIIe siècle, les liens entre l'Europe et l'Amérique et les mutations militaires à l'œuvre.

La guerre d’indépendance américaine apparaît certes comme le moment fondateur des États-Unis, mais elle révèle aussi la géopolitique européenne et atlantique de la fin du XVIIIe siècle. Sur le plan stratégique, elle illustre la poursuite de la rivalité entre la Grande-Bretagne et la France, alors que l’armée américaine passe de l'état embryonnaire à une armée moderne et bien équipée. Sophie Muffat et Pascal Cyr proposent une synthèse sur cette guerre à l’écho mondial.

Au Lycée, dans le cadre du programme d’HGGSP, la guerre d’indépendance est étudiée entre la guerre de Sept Ans et les guerres révolutionnaires puis napoléoniennes. Elle permet ainsi de saisir les ruptures dans la manière de penser et de pratiquer la guerre, puis la paix durant la seconde moitié du XVIIIe siècle.

 

Nonfiction.fr : Si la guerre d’indépendance relève par certains aspects du « mythe fondateur », elle apparaît aussi comme un événement mondial qui révèle les connexions entre les différentes parties du monde. Où en sont les historiennes et les historiens spécialistes de ce sujet sur le plan historiographique en 2022 ?

Sophie Muffat : Il existe en fait peu d’ouvrages en français sur le sujet, et encore moins qui soient récents. On trouve des romans, quelques bandes dessinées, car la période fait toujours rêver, mais finalement peu d’ouvrages réellement scientifiques l'étudient. Le livre de Kaspi fait référence mais il est sorti en 1972. Auparavant le travail des historiens s'intéresse essentiellement à la conquête de la liberté. La plupart des études sur la guerre d’Indépendance sont le fait d’historiens américains.

Depuis quelques années on assiste tout de même à un renouveau de l’historiographie, avec des historiens comme Bertrand Van Ruymbeke qui s’attache à décoder les mécanismes de la fondation des États-Unis avant la déclaration d’indépendance et l’évolution de la situation, notamment géopolitique, dans plusieurs ouvrages dont le dernier est sorti en 2018 (Histoire des États-Unis, de 1492 à nos jours (Tallandier, 2018). Toutes les autres études en français récentes (j’entends par là de moins de cinq ans) sont essentiellement des biographies de Lafayette, dont la dernière, celle de Laurent Zecchini est d’ailleurs la plus complète.

Les États qui déclarent leur indépendance ne constituent pas un bloc homogène, vous parlez d’ailleurs de « treize colonies, treize pays »   . La lutte contre la politique, en particulier fiscale, de la couronne britannique est-elle le seul dénominateur commun entre les colonies ?

La lutte fiscale est l’arbre qui cache la forêt. La « Boston Tea Party » qui a révélé ce « ras-le-bol » est le point de départ d’une prise de conscience d’un peuple qui aspire avant tout à ne plus se soumettre par les impôts, l'envoi contraint de marchandises ou la mise en place de lois imposées depuis Londres.

L’indépendance souhaitée, voulue et même exigée du peuple américain est avant tout la liberté de créer son propre système législatif et fiscal, de lever ses propres impôts pour asseoir une véritable indépendance financière qui ne soit pas liée à la Grande-Bretagne. Quand je parle du « peuple américain », j’entends les personnes cultivées, riches, qui possèdent des terres, des esclaves, un relatif pouvoir local et qui aspirent aussi à conquérir un réel pouvoir politique. Tout comme en Angleterre ou en France, le « peuple » n’est pas concerné. L’indépendance fiscale, c’est la liberté de battre une monnaie qui ait une valeur dans le pays. Le dollar n’existe pas encore. On imprime bien des billets, mais ce sont encore des livres sterling, et dès 1776 le Congrès commence à émettre d’autres billets, le Continental Dollar, espèce de prototype du dollar actuel, destiné à soutenir la lutte contre l’Angleterre. Qui les imprime ? Benjamin Franklin !

Le Congrès fait aussi battre une monnaie pour remplacer les devises anglaises et espagnoles, dont le dessin aurait également été créé par Franklin et qui porte une devise très parlante : « Mind your business » !

L’indépendance financière et fiscale est donc la garantie pour le Congrès et les Treize Colonies de ne plus dépendre de l’Angleterre. Le terme anglais qui désigne les colonies, « dominion », dit bien la réalité de ce que sont les colonies : des peuples dominés. Or, les Américains n'acceptent plus cette domination et déclarent donc leur souveraineté.

Cette période reste associée à la personnalité de Washington, moins qualifié que les généraux britanniques et piètre tacticien malgré ses qualités de stratège. De même, les soldats et les officiers sous ses ordres sont loin de présenter la même aptitude au combat que leurs adversaires. Comment Washington est-il devenu le personnage emblématique de cette période ?

C’est un personnage fascinant. Un militaire médiocre sur le plan tactique, effectivement, mais un politique accompli. C’est d’abord un héritier et l’un des plus riches planteurs de Virginie. Il a reçu une éducation soignée et à vingt ans, il a hérité des plantations familiales et du poste de commandant dans la milice de Virginie, obtenu par héritage à la mort de son demi-frère. Il n’a pas la moindre compétence, mais il va bientôt se faire remarquer pendant la Guerre de Sept Ans. Il fait preuve de courage, et comme tous les gens cultivés du temps, il met par écrit tout ce qu’il fait, surtout si cela sert sa cause. La Fayette fait de même quand il débarque en 1777 ; il n’est pas plus compétent et n’a aucune expérience, mais il écrit pour être lu en public !

Après la guerre, Washington va même faire éditer le récit de sa participation et faire un riche mariage. C’est le piédestal obligé pour briller dans la société et avoir encore plus d’influence, car l’argent est un moyen puissant. Il développe sa plantation de tabac et se lance alors en politique : il est élu député au Congrès, poste qu’il occupe d’ailleurs en 1775.

Même s’il est un officier médiocre, il est courageux et prend des initiatives. Il n’a que 35 ans, mais il commande parce qu’il est riche et qu’il évolue dans les sphères de pouvoir de par sa naissance. La rencontre avec le jeune La Fayette en 1777 va être un pas supplémentaire vers la célébrité, en France, quand ce dernier revient et raconte « sa » guerre, en en rajoutant un peu. Washington fascine car il est considéré comme l'un des Pères fondateurs. S'il ne signe pas la déclaration d’Indépendance, il est l’un des signataires la Constitution, en 1787.

La France apporte une aide décisive sur le plan du matériel militaire, mais aussi sur mer. Qu’ont à gagner les Français en soutenant les colonies révoltées ?

Pour commencer, l'aide que la France apporte par voie maritime est clandestine. Les Français qui soutiennent les colonies sont d'abord les armateurs, les marchands d’armes et de munitions, les investisseurs et les banquiers. Les armateurs privés aident les Insurgents à leurs risques et périls, jusqu’à ce que la France entre en guerre. Que les navires se fassent prendre, et ils perdent tout, sans secours à espérer du Roi, car la France n’est pas en guerre. Mais cette aide est décisive, puisque sans elle, les Américains auraient eu bien moins de moyens pour faire la guerre. Ils ont fourni et transporté des armes, du matériel et de tout ce dont les armées ont besoin, drap de laine pour les uniformes, notamment. Ils ont également transporté des volontaires qui embarquaient souvent sous un nom d’emprunt ou avec une lettre de recommandation d’un des envoyés américains, espérant se faire un nom grâce à une carrière militaire très aléatoire. Mais tout cela doit être distingué de la moindre volonté royale.

Ceux qui aident les Insurgents ont beaucoup à gagner : des traités de commerce pour acheter en Amérique ce qu’on ne trouve pas en France, et pour vendre en Amérique, ce dont les Américains ont un besoin urgent. En résumé, ils veulent s’enrichir. Quand la France entre en guerre, une grande partie des banquiers et des armateurs ont déjà des contacts avec leurs homologues américains. Certains ont même déjà ouvert un comptoir sur place.

Quand la France entre officiellement en guerre en juillet 1778, il y a presque deux ans que des Français aident clandestinement les États-Unis. Officiellement, Louis XVI désapprouve cette aide, car il ne faut pas contrarier les diplomates anglais, mais officieusement il promet de l’argent et une aide aux envoyés américains, pourvu qu’elle reste secrète. Il tente de retarder au maximum l’entrée en guerre de la France, mais l’Angleterre va lui forcer la main. Et quand, enfin, la France entre dans le conflit, la compagnie Rodriguez et Hortales de Beaumarchais est la toute prête à aider officiellement, alors que depuis presque deux ans, elle est déjà à l’œuvre.

Vous consacrez des pages stimulantes à la place de la diplomatie, qui ne se résume pas au seul rôle de La Fayette. Vous faîtes même de 1776, « l’année des diplomates ». Comment qualifieriez-vous la place de la diplomatie dans le cadre de ce conflit ?

Les diplomates ont fait le plus gros du travail. Et La Fayette n’est sûrement pas un diplomate. Gardons bien à l’esprit qu’il n’a que 17 ans quand il embarque en 1777 (clandestinement lui aussi !). Il ne dispose pas de la moindre expérience, et encore moins dans la diplomatie. Mais comme Washington il est riche, très riche, c’est même le plus riche héritier du pays… La Fayette n’a aucune jugeotte : il n’a absolument pas conscience qu’il est très « voyant » en tant que riche héritier. Le fait d’aller combattre comme volontaire serait vu par tout le monde comme une aide royale appuyée, personne n’imaginant que le jeune homme puisse désobéir au Roi, ce qu’il fera pourtant !

Quand Benjamin Franklin arrive en France en décembre 1776, Silas Deane est là depuis plusieurs mois pour tenter de faire entrer la France dans le conflit. Mais le Roi n’est guère enthousiaste. Aider les Américains, c’est faire à nouveau la guerre à l’Angleterre, alors que la précédente s’est mal terminée moins de quinze ans auparavant, que le royaume est endetté, et que Louis XVI n’est roi que depuis deux ans. Aider les Américains, c’est faire deux fois la guerre : en Amérique et contre les Anglais, et c’est aussi risquer de la perdre. Il va donc attendre deux ans encore avant que la France envoie officiellement des secours, des armes et de l’argent. Pour toutes ces raisons, les Américains jouent leur va-tout : Benjamin Franklin arrive, et tout change. Le pays est atteint d’une espèce de « franklinmania », et ce d’autant qu’il se présente selon l’idée que les Français se font d’un Américain. En effet, il porte une espèce de bonnet en fourrure, une canne, des lunettes, des vêtements très simples, on dirait un quaker ! Et il parle français ! Franklin est de tous les événements mondains, il est le meilleur atout des États-Unis pour convaincre le roi.

Ce sont deux années très brillantes pour la diplomatie, et pas seulement pour Franklin, le savant francophile. La France s’allie avec l’Espagne, construit des vaisseaux en Hollande (pour le compte des Américains, mais cela ne doit pas se savoir…), et parallèlement, mène une espèce de jeu de dupes diplomatique avec l’Angleterre. Le travail des diplomates français consiste à rassurer les Américains, à tromper les Anglais et à se rallier l’Espagne ; et le travail des diplomates Anglais est de faire peur aux Américains et de menacer les Français. Tous ces gens bougent les pièces d’un échiquier qui va aboutir à la première véritable guerre européenne qui se déroulera ailleurs qu’en Europe.

La place de la France est très particulière sur le plan diplomatique. C’est le premier pays à saluer officiellement un vaisseau américain depuis un bâtiment français, le premier pays à reconnaître officiellement le pays comme étant « les États-Unis » et le premier à signer des traités de commerce et d’alliance avec le jeune pays.  Si les diplomates n’ont pas convaincu le roi d’entrer en guerre, ils l’ont persuadé d’aider les États-Unis. Ils sont parvenus à nouer des contacts commerciaux et diplomatiques qui ont perduré au-delà de la guerre et ont permis à la France de jeter un pont par-dessus l’Atlantique, ce qui est en soi une espèce de prouesse, après le traité de 1763…

L’étude des batailles terrestres l’a longtemps emporté et les mers ont été considérées comme le pré carré des Britanniques. Comment la France est-elle parvenue à être victorieuse sur les mers ?

Le premier problème est que les batailles terrestres n’auraient pu avoir lieu sans les transports de troupes, d’armes, de canons et de matériel, fussent-ils clandestins. Il faut donc que les bâtiments français de transport soient déjà des bâtiments armés pour la guerre et le le transport de marchandises, puis que les capitaines soient aguerris et aient l’expérience du combat. Beaumarchais, qui agit pour le compte du Roi, ne recrute pas n’importe qui pour ses navires de transport. Le capitaine Fautrel qui commande l’Amphitrite, par exemple, est un capitaine corsaire, pas un inoffensif transporteur. Car il faut aussi tenir compte des corsaires. Avant juillet 1778, la France n’étant pas en guerre, les corsaires ne peuvent être des auxiliaires officiels. La France apprécie beaucoup l’aide de John Paul Jones, ex-capitaine marchand anglais, devenu corsaire au service des États-Unis, qui a énormément aidé la France en attaquant les bâtiments anglais et en ravageant les côtes britanniques.

Quand les vaisseaux français entrent en action notamment avec les combats d’Ouessant en juillet-août 1778, la Marine est déjà entrée en action dès le mois d’avril, et ce, officiellement. Car le Roi a envoyé l’amiral d’Estaing avec une escadre de douze vaisseaux et des troupes, pour soutenir les Américains. Les diplomates anglais ne s’y trompent pas, c’est une aide officielle. Le Roi ne veut pas faire la guerre, mais il consent à fournir de l’aide… La première mission victorieuse de la Marine française est une mission de transport de troupes. L’amiral traverse l’Atlantique sans problème en raison des dissensions entre politiques et militaires anglais, qui incluent l’Amirauté : ils savent, mais ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l’action à accomplir. Pendant ce temps, d’Estaing parvient sans encombre en Amérique, et en août il débarque ses troupes.

Il est impossible de parler des victoires navales françaises sans évoquer l’Hermione, commandée par Latouche-Tréville, qui va emmener la Fayette en mars 1780. Il ne faut cependant pas majorer son rôle. C’est une frégate parmi d’autres et elle ne doit sa célébrité qu’au fait qu’elle ait transporté la Fayette, puis à sa résurrection dans les formes de radoub de l’arsenal de Rochefort. Sa croisière va durer deux ans avant son retour en France, et durant ces deux ans, elle va servir à Latouche, qui propose aux politiques américains qu’il reçoit de se servir de la frégate pour combattre les bâtiments corsaires anglais. Elle va faire plusieurs prises et se trouver dans les combats de la baie de Chesapeake.

Car la grande affaire de la Marine française, c’est la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781, suivie de Yorktown, qui marquent la fin véritable des affaires militaires de la guerre d’Amérique. La France a sorti le grand jeu : vingt-quatre vaisseaux commandés par de Grasse, qui seront bientôt vingt-huit, dont le Ville de Paris, un 110 canons, des frégates, des corvettes, les cinq mille hommes des troupes de Rochambeau… Les Français pilonnent durant plusieurs heures les bâtiments anglais qu’ils finissent par vaincre à l’usure. Plusieurs sont très endommagés, l’un d’eux est même sabordé et de Grasse tente de pousser son avantage en poursuivant les rescapés mais ne peut les rattraper… Il va rejoindre par la suite Yorktown pour achever la mission et bloquer le ravitaillement anglais. Les vaisseaux maintiennent le blocus, empêchent le ravitaillement de Cornwallis, et les troupes terrestres encerclent la ville. Cornwallis se rend, La Fayette jubile et reprend sans gêne la victoire à son compte en se félicitant d’avoir fait des prisonniers prestigieux. Pour la première fois depuis 1763, la France est parvenue à vaincre la marine britannique bien plus importante, deux fois en peu de temps.

A long terme, beaucoup des jeunes officiers qui participent aux opérations navales se feront connaître sous le Consulat et l’Empire, parmi lesquels Decrès, Villeneuve, Bruix, Latouche-Tréville, mais ce ne sont pour le moment que de jeunes officiers d’une vingtaine d’années. Tous vont se distinguer et gagner leurs galons lors des combats de Chesapeake et plus tard pendant la campagne des Indes.

A moyen terme, les dettes colossales de la France et des États-Unis entraînent des conséquences durables dans les deux pays. Jusqu’où s’étendent les secousses de la guerre d’indépendance ?

Si on parle de diplomatie, la France est incontestablement considérée comme victorieuse. On pourrait même dire « faiseuse de roi », si on considère que les États-Unis ne seraient sans doute pas parvenus sans elle à conquérir cette indépendance. Mais c’est à nuancer, car le conflit a aussi impliqué l’Espagne, qui a aussi remporté quelques batailles sur l’Angleterre, et les Provinces-Unies à moins grande échelle. La signature des traités de Paris et de Versailles en 1783 est dans tous les cas le plus beau symbole de cette victoire diplomatique de la France. Déjà les préliminaires du traité de paix sont signés à Paris en 1782. Mais le traité de 1783 qui force la Grande-Bretagne à reconnaître les États-Unis comme nation est signé sur le sol français, à la demande de Franklin qui refuse de signer en territoire anglais. Quant au traité de Versailles, il met fin à la guerre entre la France et l’Angleterre, l’Espagne et l’Angleterre, et plus tard entre les Province-Unies et l’Angleterre. C’est la revanche du traité de Paris de 1763 : la France récupère Dunkerque, ses comptoirs en Inde, Tobago, la Trinité, Saint Pierre-et-Miquelon et une partie de la Louisiane française. Elle redevient l’arbitre européen des conflits internationaux, statut qu’elle avait perdu en 1763.

En termes financiers, c’est une catastrophe. Ce que craignait le roi est arrivé : la France est endettée pour des années, avec un total de plus de trois milliards de livres tournois de dette. Les États-Unis, à peine nés, sont déjà quasiment en banqueroute, avec une somme faramineuse de plus de cent soixante millions de dollars de passif.

Le malheur est que la dette contractée par les États-Unis va être la source du futur conflit entre les deux pays. Toutes les tentatives françaises pour obtenir le paiement de la dette se soldent par un échec, toujours pour des raisons fallacieuses : la Révolution française et l’abolition de l’esclavage en 1794 déplaisent aux Américains qui le pratiquent toujours. La France reproche alors le non-paiement de la dette ayant financé leur propre révolution en ajoutant la signature d’un traité qu’elle considère comme une trahison des accords de 1778, le traité de Londres. C’est une entente commerciale et territoriale entre l’Angleterre et les États-Unis, totalement incompréhensible pour la France car l’une de ses clauses permet à l’Angleterre de confisquer les marchandises françaises sur les navires américains saisis.

Dès lors c’est l’escalade : la France fait saisir les navires américains dans les ports français, signe des lettres de marque pour « courre sus » aux bâtiments américains. Pire en 1797, les Français brûlent et coulent un navire marchand anglais dans le port de Charleston. Les diplomates des deux pays tentent de rétablir de bonnes relations, mais secrètement, sans que leurs noms soient mentionnés, et l’affaire XYZ éclate au grand jour, avec une histoire de pots-de-vin versés à Talleyrand et une autre de chantage, avec des émissaires français qui réclament des concessions pour ne pas rompre les négociations. L’affaire éclate en 1798 après l’expulsion des émissaires américains et un sentiment anti-français se développe, avec des appels à la guerre. Celle-ci n’est cependant pas déclarée ni par la France, ni par les États-Unis, aucun des deux pays n’ayant intérêt à s’endetter encore plus pour résoudre un conflit ayant pour origine le non-paiement d’une autre dette. Le 7 juillet 1798, le Congrès abroge tous les traités bilatéraux passés avec la France. La guerre sur mer bat son plein durant encore deux ans, les deux pays prennent, détruisent et capturent des dizaines de bâtiments de part et d’autre Mais le traité de Mortefontaine en septembre 1800 met fin à cette situation qui ne mène nulle part, à la demande des deux pays. Cependant la dette n’est toujours pas réglée… Elle le sera en partie en 1815, une autre partie sera réglée en 1830. La France considérera que la dette n’est définitivement soldée en 1945 !