Pris entre l'Irak et l'Afghanistan, l'Iran apparaît comme un pays mal connu en Occident. Son étude permet néanmoins de mieux saisir certaines dynamiques à l'œuvre au Moyen-Orient.

Souvent résumé à son identité chiite, à ses rivalités régionales avec l’Arabie Saoudite et Israël, puis internationales avec les États-Unis, l’Iran apparaît comme un pays mal connu. État des paradoxes, l’Iran se caractérise par l’émergence d’une classe moyenne qui témoigne d’une certaine vitalité politique et de la volonté de sortir des contraintes imposées depuis l’intérieur mais aussi depuis l’extérieur. Spécialiste de l’Iran, le géographe Bernard Hourcade a consacré de nombreux ouvrages à ce pays dont la dernière Documentation Photographique.

Comprendre l’Iran est nécessaire pour saisir le chapitre consacré aux conflits du Moyen-Orient en Terminale, mais le profil du pays permet aussi de comprendre le terme de puissance au cœur du programme de Première et dépasser ainsi les caractéristiques des États-Unis ou de la Chine.

 

Nonfiction.fr : Vous présentez l’Iran comme « un pays un peu à part dans le Moyen-Orient »   . Qu’est-ce qui le différencie de ses voisins à l’Ouest et notamment des autres puissances de la région comme l’Arabie Saoudite et la Turquie ?

Bernard Hourcade : Dans la mythologie iranienne, que connaissent tous les Iraniens, le bon roi Fereydoun partagea son immense empire entre ses trois fils. Turaj reçut les immenses steppes de l’Asie, Salm les riches villes de Mésopotamie, Syrie et de Roum à l’ouest, mais le cœur du royaume, l’Iran, fut donné à son fils préféré Iradj, vite assassiné par ses deux frères jaloux. Entre Turcs et Arabes, Romains et Indiens, les Iraniens ont depuis toujours eu le sentiment d’être encerclés par des peuples hostiles. Au XIXe siècle, la Perse était un no man’s land, terrain des rivalités entre les empires Russe, Britannique et Ottoman. Ce sentiment est aujourd’hui plus fort que jamais avec les grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie, Europe) jouant des États voisins pour contrôler un Iran qui a souvent été envahi (Grecs d’Alexandre, Arabes, Turcs Seldjoukides ou Mongols de Tamerlan, Britanniques), mais jamais conquis.

Cette « exception iranienne » crée un nationalisme reposant sur la langue persane – indo-européenne-, l’islam chiite religion d’État depuis le XVIe siècle, et une solide expérience d’État central fort, dans une région dominée par les langues arabe et turque, par l’islam sunnite et des État encore fragiles, indépendants depuis moins d’un siècle. Les Iraniens sont nationalistes, toujours unis pour défendre leur terre, mais pas impérialistes. « Encerclé » par quinze pays frontaliers par terre ou par mer, la République islamique cherche par tous les moyens – même le plus radicaux - à protéger ses frontières, son indépendance et son régime politique. Mais après presque un demi-siècle de régime islamique, l’Iran est appauvri et isolé, entre l’Irak et l’Afghanistan en ruine, puis face aux monarchies pétrolières immensément riches, surarmées et soutenues par l’Europe, les États-Unis, et la Turquie qui rêve de son empire perdu.

 

Par bien des aspects historiques, l’Iran apparaît comme un État pionnier : premier État musulman indépendant et membre fondateur de la Société des Nations (SDN), le pays est également le premier à nationaliser son pétrole en 1951. Les espoirs portés sur cette puissance étaient donc légitimes. Force est de constater que l’ascension n’a pas été celle escomptée. Comment expliquer cette occasion manquée ?

On dit parfois que l’Iran a toujours perdu les guerres mais gagné la paix. Force est de constater que depuis la chute de la monarchie en 1979, l’Iran est en guerre et donc incapable de mettre en place une politique de développement. Ce ne fut pas le cas sous le régime impérial. Sous la protection américaine, pour protéger ses intérêts pétroliers et faire face à la « menace soviétique » (2 670 km de frontières avec l’URSS), la « Révolution Blanche » des années 1960 avait profondément modernisé et renforce la pays (réforme agraire, vote des femmes, création d’universités, alphabétisation massive, investissements industriels). Le « despotisme éclairé » de Mohammad-Réza Pahlavi fit rapidement de l’Iran une puissance respectée, solidement armée, « gendarme du Golfe » avec une société bouleversée par l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie moyenne.

Contrairement à des idées souvent avancées, la révolution de 1979 organisée par des libéraux et des « intellectuels de gauche » (voir Persepolis de Marjan Satrapi) ne fut pas animée par un refus de la « modernisation » mais au contraire par le refus du régime impérial de moderniser la vie politique par des élections libres qui auraient conduit quelques députés communistes au Parlement. La chute du chah fut analysée en Occident, alors en pleine guerre froide avec l’URSS comme une opportunité de prise du pouvoir – et du pétrole – par les Soviétiques. La dimension islamique de la Révolution n’était pas un problème, car les ayatollahs ont toujours été les ennemis jurés des communistes. Cette révolution fut même la première révolution « post soviétique ». Par la suite, les choses sont devenues plus complexes. La guerre Irak-Iran (1980 -1988) la plus longue du XXe siècle, a radicalisé les idéologies et les rapports de force. La « menace iranienne » n’était plus « soviétique » mais « islamique ».

La guerre n’a donc jamais cessé, car la République iranienne s’est enfermée dans l’islam politique et que le « bon islam » des pays voisins, notamment l’islam sunnite wahabite d’Arabie saoudite, était encouragé à se renforcer pour combattre les soviétiques en Afghanistan occupé puis en Iran où les idées républicaines et de liberté politique restaient très vivaces dans la société iranienne malgré le despotisme du régime des mollahs qui a eu l’habileté de se présenter en défenseur de l’indépendance nationale et de bénéficier ainsi d’un minimum de consensus intérieur.

Pour les États-Unis humiliés par la prise en otage de ses diplomates en 1979, et pour les monarchies pétrolières riches mais fragiles et faiblement peuplées, l’Iran avec sa nombreuse population transformée depuis les années 1960, est donc soumis depuis des décennies à des sanctions et à une nouvelle guerre froide qui ont bloqué toute politique développement. Le dernier exemple est la décision de Donald Trump de déchirer en 2018 l’Accord de 2015 sur le nucléaire qui avait permis l’amorce d’un boom économique sans précèdent mais sans lendemain. Comme par le passé, les espoirs de développement ou de puissance de l’Iran ont été bloqués par l’alliance du despotisme intérieur qui bloque le dynamisme de la société iranienne et de l’hostilité des puissances étrangères, aujourd’hui, les USA et leurs alliés européen et israélien.

 

L’Occident a souvent tendance à voir l’Iran comme une république islamique despotique où les postes clés sont tenus par des ayatollahs. Vous présentez pourtant une structure politique dynamique dans laquelle se forment des débats et des contestations. Qu’en est-il de la vie politique iranienne ?

En 1979, ce fut une vraie révolution. Avec le cortège de drames, de crimes et d’injustices qui accompagne hélas tous les changements profonds dans notre histoire. Si la crise dure encore presque ans plus tard c’est que l’on n’a pas bien analysé, compris et réagi à ce qui s’est passé en Iran. Américains et Européens ont vu un complot soviétique alors que ce fut la première révolution post soviétique avant l’heure, les pays musulmans voisins ont perçu le chiisme alors qu’il s’agissait de la première expression à grande échelle de la « fierté musulmane » (muslim pride ), de l’utilisation de la culture populaire – ici l’islam – pour créer un consensus révolutionnaire, populaire, après l’échec des indépendances politiques des États des années 1960 . C’était la révolution des sociétés et non plus des élites politiques. Plus tard cela s’est étendu à d’autre régions (2011 monde arabe, avant en Bolivie, un moment dans l’ex URSS). On a été obsédés, aveuglés par les ayatollahs et la culture visible du chiisme spectaculaire pour la télévision et la caricature, sans regarder ce qu’il y avait derrière le décor.

Les Iraniens ont pris la rue et la parole en 1979, puis les ont gardées. Les Iraniens sont devenus républicains. Les élections sont devenues un moyen d’expression structurel (et ils ne se privent pas protester quand les fraudes sont trop évidentes comme en 2009 contre la réélection d’Ahmadinejad). Les dignitaires religieux sont devenus des apparatchiks, plus experts en politique politicienne qu’en religion, au point que bien des vrais ayatollahs de Qom ou de Nadjaf en Irak, prennent leurs distances et veulent éviter que le clergé qui encadre l’islam chiite ne soit emporté en cas de chute du régime islamique. « L’islam est en danger dans ce pays » aurait dit Mohammad Khatami (futur président « réformateur » élu en 1997) quand il a démissionné de son poste de ministre de la culture en 1992.

Le clergé est donc une corporation qui contrôle l’appareil d’État. Il est soutenu par les anciens combattants de la guerre Irak-Iran, notamment les Gardiens de la Révolution, et par les technocrates islamiques, qui jouent le jeu du clergé chiite pour accéder à des postes et rémunérateurs. Les trois groupes sont alliés mais de plus en plus rivaux et chacun s’efforce d’obtenir un soutien populaire en usant de l’islam qui reste un des socles de la société traditionnelle, du nationalisme qui consolide facilement un consensus quand les pays voisins Israël ou les USA sont menaçants, et de l’ouverture au monde moderne à la technologie, pour répondre aux exigences d’une société massivement instruite qui veut participer aux dynamiques de la mondialisation.

Certes, la structure du pouvoir avec au sommet le Guide suprême, aujourd’hui Ali Khamenei, est une spécificité iranienne, mais son pouvoir tient plus de son expérience politique que religieuse.

La vie politique iranienne est donc assez banale. Un despotisme « classique » dont les actions répressives sont limitées par les rivalités internes et surtout par une population qui garde la parole acquise en 1979, se révolte quand il le faut, mais qui reste divisée entre ceux qui donnent la priorité à l’islam, à la nation ou à l’ouverture internationale. La stabilité politique remarquable de la République islamique d’Iran comparée à la situation dramatique de la quasi-totalité des pays voisins ravagés par des guerres, à l’exception des monarchies pétrolières également despotiques -, incite enfin les Iraniens à la prudence et à un conservatisme aggravé par un réel désespoir. Ils savent le prix très élevé des révolutions.

 

Pour leur part, les femmes sont prises entre tradition et modernité. L’âge légal du mariage est de 15 ans pour les filles, seules 20 % d’entre elles travaillent et elles demeurent séparées des hommes dans la plupart des activités quotidiennes. Pourtant, lentement mais progressivement, les femmes s’affirment au quotidien ainsi que certaines personnalités comme l’avocate Nasrine Sotoudeh. Pourquoi la situation des femmes révèle-t-elle un inexorable processus de sécularisation de l’ensemble de la société ?

La vraie révolution de 1979 n’est pas la chute du chah, mais l’irruption dans les avenues de Téhéran de millions de femmes issues de milieux populaires manifestant sous leur tchador noir. Ces femmes qui avaient en moyenne 6 à 8 enfants, ne travaillaient pas, savaient à peine lire, ne sortaient jamais sans leur mari ou leur frère ont manifesté contre le chah en violant les règles de la bienséance islamique, mais en répondant aux instructions d’un ayatollah célèbre depuis peu, Rouhollah Khomeyni. Depuis lors, ces femmes, puis leurs filles, n’ont jamais plus quitté l’espace public. Les religieux ont été pris à leur propre piège. En séparant filles et garçons -islam traditionnel oblige, ils ont été obligés de créer partout et notamment dans les villages, des écoles de fille et ensuite de les accueillir jusqu’à université pour ne pas perdre le soutien de la société majoritairement, citadine et instruite et exigeante en matière de justice sociale et de Droits de l’Homme. Faute de pouvoir l’enlever dans l’immédiat, le tchador d’oppression a été converti en tchador passeport. Les femmes iraniennes sont ainsi devenues les plus socialisée du monde musulman, non pas par la générosité des hommes et du clergé, mais par des luttes quotidiennes incessantes non pas dans la bourgeoisie aisée et « occidentalisée », mais dans les classes populaires, imprégnées de culture islamique traditionnelle.

On mesure encore mal les conséquences de cette révolution sociale et culturelle. La résistance patriarcale, machiste et islamique est très forte et souvent dramatique, mais c’est un combat d’arrière-garde. Les religieux s’accrochent au symbole du voile islamique pour croire que rien n’a changé, mais ils savent très bien que le fait le plus profond et durable du changement est qu’aujourd’hui les Iraniennes ont en moyenne 1,7 enfants. Quand on compare le rythme d’évolution de l’Iran à celui des pays Européens, la route est encore longue, mais les Iraniennes ne sont pas à la traine.

 

Sur le plan économique, le pays est surtout connu pour ses ressources en hydrocarbures. Vous n’en présentez pas moins une population bien formée et un potentiel industriel certain. Dans quelle mesure les sanctions économiques internationales ont-elles entravé le développement du pays ?

L’Iran dispose de toutes les composantes pour devenir rapidement un pays développé, industriel, le haute technologie, libre et prospère : ressources en pétrole et en gaz pour plus d’un siècle, population très bien formée, système administratif et social moderne, tissu industriel modeste mais diversifié, consensus national et surtout expérience unique de décennies d’islam politique dans un Moyen Orient où les populations pensent que « l’islam est LA solution ».

La ruée vers l’Iran des entreprises européennes, notamment françaises, après l’Accord sur le nucléaire de 2015 a confirmé la réalité du potentiel iranien, même si cette vision d’un « Eldorado » était parfois naïve et ne tenait pas compte du fait que l’Iran, isolé de l’économie mondiale depuis 1979, n’avait pas l’expérience de la mondialisation et ne disposait pas de lois, règles, institutions et pratiques économiques adaptées.

Soumis à des sanctions politiques et économique américaines – donc de facto internationales – depuis la chute du régime impérial, l’Iran est passé à côté de la mondialisation dont, la vitrine fut les monarchies pétrolières voisines, et en particulier Dubaï qui devient ainsi la « capitale » économique de l’Iran et surtout des trafics, marché noir, blanchiment d’argent liés au contournement des sanctions.

L’opposition d’Israël et de l’Arabie saoudite, suivis par les USA de Donald Trump, à l’Accord de 2015 visait moins la question nucléaire, qui était désormais sous contrôle, que la levée des sanctions économiques internationales qui allaient permettre à l’Iran de 83 millions d’habitants de devenir en peu d’années la plus grande puissance économique de la région, non pas par la vente de pétrole ou de gaz mais par son industrie, sa culture, ses savants, ses entreprises, ses ingénieurs , ses intellectuels et ses artistes. Une puissance complexe d’autant plus « dangereuse » qu’elle est devenue une république, avec une société féminine « inquiétante » et une tradition séculaire d’indépendance nationale.

En établissant un véritable blocus économique de l’Iran depuis 2018, les États-Unis ont bloqué ces évolutions vertueuses qui auraient pu déboucher sur des changements politiques internes, mais rendu le pouvoir aux forces conservatrices et nationalistes dont les outrances verbales et les ambitions idéologiques sont facilement utilisées pour justifier la prolongation de l’isolement économique, donc politique, donc social, de l’Iran. C’est un immense gâchis pour les Iraniens car il faudra des années pour que les entreprises internationales retournent en Iran. C’est aussi un problème géopolitique dans une région qui sort à peine des guerres de Daesh en Syrie et en Irak, puis qui vient de voir la capitulation américaine face aux Talibans en Afghanistan. Quel État est aujourd’hui assez fort et fiable pour stabiliser le Moyen orient ? Certes la Chine arrive, mais elle ne répondra pas aux attentes complexes et immédiates des populations Iraniennes, arabes turques de la région,

 

L’Iran a la chance de disposer de jeunes diplômés en quantité certaine mais qui rencontrent des difficultés à trouver un emploi correspondant à leur niveau de compétences. Nombreux sont donc les étudiants à terminer leur cursus à l’étranger et l’exode des cerveaux apparaît comme un problème systémique. Comment le pays peut-il remédier à ce problème selon vous ?

Les Iraniens, toutes tendances politiques confondues, sont découragés et pour beaucoup désespérés. La révolution ouverte par l’Accord de 2015, n’a pas eu lieu, les grandes puissances signataires (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne), ont trahi ou ont laissé faire. La réponse a donc été la « Résistance », l’Iran a perdu la guerre mais trouvera comme toujours les forces pour survivre et même progresser. Mais on n’est plus en 1980, quand l’esprit révolutionnaire et le nationalisme avaient permis l’unité et la résistance nationale à l’agression militaire irakienne. Bloqués entre le despotisme intérieur sans fin, et l’hostilité presque irrationnelle des États-Unis, la nouvelle classe moyenne iranienne qui espérait trouver un équilibre vertueux entre islam, nationalisme et mondialisation n’a plus espoir de vivre à court ou moyen terme dans la culture, la société et le territoire de son choix, en Iran.

La révolution islamique avait provoqué un premier exode des élites et des cadres en 1979, suivi par celui des jeunes fuyant la conscription et la prolongation de la guerre Irak- Iran après 1982. Le non-retour des étudiants partis à l’étranger a toujours été un problème, d’autant plus que les États Unis notamment avaient mis en place un programme très actif pour attirer les étudiants iraniens formés dans les meilleures universités iraniennes dont le niveau est égal à celui des grandes universités internationales (Myriam Mirzakhani, a reçu la médaille Fields de mathématiques à l’université de Stanford, mais obtenu son master à l’université Sharif de Téhéran). Aujourd’hui c’est la masse des étudiants et des jeunes adultes diplômés de la nouvelle classe moyenne issue des couches modestes de la population, la base de la République islamique, qui a perdu tout espoir. Leur départ laisse la place aux plus radicaux, aux moins instruits et aux opportunistes, ce qui affaiblit les dynamiques de changement qui restent néanmoins très fortes car la majorité des Iraniens restent toujours nationalistes et très attachés à leur pays.

 

L’Iran est le thème majeur de vos recherches, que manque-t-il à ce pays pour consolider sa puissance ?

L’Iran est un pays passionnant et c’est peut-être là sa faiblesse.

Ce pays à la fois très divers et uni, formant une entité culturelle et historique à part dans sa région a été l’acteur d’évènements exceptionnels – de la découverte du pétrole en 1908 à sa nationalisation en 1951 et à la révolution de 1979 – parce que son identité et sa localisation originales et marginales, entre les empires ou les religions dominantes laissait la place à des dynamiques de changement, à une imagination créatrice qui ne pouvaient pas éclore dans des pays et des sociétés trop contrôlées. L’Iran a bénéficié de sa marginalité. Son effervescence sans fin est passionnante à voir et à vivre. On s’imagine que cela est sans fin, on se réfugie sur des identités et des résistances appartenant peut-être au passé.

Aujourd’hui, l’Iran est devenu « central », ou a cru être au centre lorsque le chah était le gendarme du Golfe et le cœur de ce qu’il avait appelé la « Grande civilisation ». La République islamique a fait de même en voulant exporter sa révolution et devenir le cœur d’un changement populaire et politique au Moyen Orient. Idées d’empire et de puissance géopolitique qui sont peut-être incompatibles avec le génie iranien qui a toujours été de défendre sa terre, son oikoumène, sa culture, sa prospérité, en utilisant à son profit ce qui faisait la force de ses adversaires et de ses envahisseurs.

Retour au nationalisme et aux traditions de résistance s’inspirant en priorité du poète Hafez face aux Mongols ?