Écrire l’histoire, surtout à destination des plus jeunes, est toujours un exercice difficile et souvent lié à la politique. C’est renvoyer une image de nous mêmes, les gloires et les hontes, les victoires et les défaites, les coupables et les innoncents. Pour un même fait, qui est responsable ? Qui est responsable en partie ? Qui est responsable complètement ? Les deux premiers tomes du manuel d’histoire franco-allemand sont déjà disponibles. Le troisième tome est attendu pour 2009. Mais entre la France et l’Allemagne, cela fait 60 ans que l’on se réconcilie. Alors il fallait y penser mais les divergences étaient surmontables, même pour les traumatismes de la guerre. Cette fois, c’est avec la Pologne que l’Allemagne a décidé d’écrire l’histoire, avec prudence. Le projet est à l’initiative du vice-chancelier et ministre allemand des Affaires étrangères Franz-Walter Steinmeier - SPD, social démocrate. Le premier volume englobe une période qui va du Moyen Âge au XVIIIe siècle et sera présenté en 2011. La Seconde Guerre mondiale a été soigneusement évitée, pour l’instant. Mais c’est déjà un grand pas pour ces deux États membres de l’Union européenne. Alors que Donald Tusk est devenu le Premier ministre de Pologne en novembre 2007, les relations entre les deux voisins sont en voie de normalisation. Des relations qui reviennent de loin. Après le trou noir entre la RDA et la Pologne à l’époque du communisme, les deux pays n’ont repris le dialogue sur l’histoire qu’après la chute du mur en 1989. Un dialogue plus ou moins intense, plus ou moins facile aussi. À l’époque du Premier ministre conservateur Jaroslaw Kaczynski - son frère jumeaux, Lech, est toujours président -, il n’était pas rare que des rencontres bilatérales soient annulées au dernier moment. La Pologne reste sensible sur son passé et certains de ses politiques n’hésitent pas à faire vibrer la fibre nationaliste. Le projet de Berlin du mémorial dédié aux Allemands expulsés d’Europe centrale après 1945 avait cristallisé les tensions. Le gazoduc germano-russe avait aussi été vécu comme un affront en contournant la Pologne mais aussi les pays baltes. Autant de sujets qui génèrent des tensions et promettent aux historiens de belles controverses. Espérons que ces initiatives ne s'arrêtent pas là pour que, enfin, l'histoire de l'Europe soit débarrassée des nationalismes d'un autre âge.   


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Crédit photo : nrwspd_foto / Flickr.com