Cet ouvrage collectif propose une analyse des échecs électoraux passés du parti conservateur britannique et présente ses perspectives d’avenir, notamment en la personne de David Cameron.

Dès 1997 et pendant de nombreuses années, le monde n’a eu d’yeux que pour Anthony Blair et pour un Labour renaissant de ses cendres, s’accommodant des acquis du thatchérisme et empiétant peu à peu sur les terres conservatrices. De son côté, le parti conservateur, désorienté et peut-être trop optimiste, sombrait dans une longue crise. En 2005 cependant, un nouveau visage apparaît, déjà surnommé le « Tony des Tories ». David Cameron, à la convergence des courants modernisateurs du parti, étouffés jusqu’alors par une vague eurosceptique et ultraconservatrice, semble incarner, depuis son élection à la tête du parti conservateur, une nouvelle chance de victoire électorale face à des travaillistes qui, installés au pouvoir, commencent à susciter la lassitude.


La nécessité d'une introspection

Cet ouvrage collectif, qui rassemble les réflexions de politologues français et britanniques, établit un diagnostic précis et thématique des échecs électoraux répétés des conservateurs depuis 1997. Il s’intéresse à ce titre davantage aux crises qu’à la reconstruction, encore fraîche et incertaine, du plus vieux parti de Grande-Bretagne ; mais si les tories, égarés et fuis par les électeurs britanniques, veulent reprendre leur place sur l’échiquier politique, ils devront avant tout s’atteler à leur introspection. Ici, avec le recul et la gravité d’une décennie d’absence, les constats sont clairement énoncés, sans ambages ni pessimisme.
Au premier rang des motifs de la mise en quarantaine du parti conservateur britannique (qui n’enregistre comme victoire électorale que les élections municipales de 2006) se trouve son propre aveuglement. Les conservateurs britanniques n’ont pas su comprendre ce qu’il y avait de "new", et donc d’électoralement dangereux, dans le New Labour. Négligeant ses adversaires, et les aspirations nouvelles de leurs concitoyens, le "natural party of government", pensant être le jouet d’un sort malheureux, a attendu que le vent tourne. A défaut d’être aux commandes, il n’a pas su constituer une opposition efficace – malgré l’importance politique et constitutionnelle qui lui est traditionnellement réservée outre-Manche.
A sa décharge, bien sûr, les longues années Thatcher et les demandes des électeurs en prestations sociales. A sa décharge, encore, une structuration partisane complexe, une aile droite puissante dans les décisions internes, et des restructurations inefficaces. A sa décharge, enfin, le visage protéiforme du New Labour et de son omniprésent premier ministre, envahissant les bastions conservateurs, brouillant les cartes politiques et institutionnelles par la dévolution, se faisant libéral, atlantiste et défenseur de politiques de l’éducation et de la famille bien proches parfois de celles des tories. A croire qu’il ne restait plus à ceux-ci pour s’unir et se démarquer que la xénophobie et l’euro-scepticisme. Les leaders, héritiers d’une structure peu représentative de l’électorat britannique, ne sont pas parvenus à créer, à imaginer, à se renouveler depuis l’échec de 1997.


Le défi de David Cameron

David Cameron, le quatrième chef du parti depuis lors, est le premier issu de l’aile modernisatrice du mouvement. Il se proclame défenseur de l’environnement, relance l’image du parti conservateur. Mais l’ouvrage n’annonce pas la fin des crises et l’accomplissement de la reconstruction. Il en constate seulement les avancées. Se dresse devant Cameron les pressions des activistes et des élus de l’aile droite du parti, mais aussi une ressemblance certaine avec le Tony Blair de 1997. Porteur d’espoirs identiques, on ne peut cependant pas lui garantir le même destin : il doit encore affronter un grand nombre d’électeurs britanniques sceptiques.
L’étude d’une décennie de parti conservateur présentée ici éclaire donc l’aile droite de l’arène politique britannique, face à un nouveau champion travailliste : Gordon Brown.


Sur Tony Blair, vous pouvez lire: l'article de Henri Verdier et celui d'Eloïse Cohen-de Timary.