Comment définir la communication? Quelle peut-être sa place dans la "démocratie d'opinion"? A ces questions, ce Dictionnaire apporte des éléments de réponse.

Comment définir la communication sans tomber dans un fourre-tout protéiforme et in fine vide de sens ? C’est ce à quoi s’étaient attelés les auteurs du Dictionnaire Encyclopédique des Sciences de l’Information et de la Communication. Ils sont arrivés au résultat suivant : "action d’établir une relation avec quelqu’un, ou de mettre quelque chose en commun avec une autre personne ou un groupe de personnes, et résultat de cette action". "Étymologiquement, communiquer c’est rendre commun". Cela pourrait très bien figurer sous la têtière de www.nonfiction.fr.

 

Si la première proposition de la définition relève de l’informel, la seconde, la mise en commun, souligne la difficulté du bien communiquer. Aujourd’hui, une bonne communication dépend de la performance des technologies, de l’accès à celles-ci, du bon usage de la sémantique et, enfin, du packaging, tant l’accès au contenu doit être facilité par l’attractivité du contenant, à commencer par la lisibilité et la clarté. La communication est donc un transfert de données, de savoirs et d’informations entre individus, ce transfert pouvant être archivé et donc à nouveau ultérieurement utilisé. Il n’y a pas de communication sophistiquée sans mémoire.

 

Cependant, la communication de ce siècle, avec la toile et la téléphonie mobile et ses services associés, est passée à une nouvelle dimension: l’échange instantané.

A la fin de l’année 2007, 3 500 000 000 habitants de la planète seront équipés d’un téléphone mobile. La très grande majorité de cette masse aura uniquement recours à l’usage voix ET texto de ces terminaux.

Avec un sms, on peut envoyer 1 euro à des association pour aider les victimes du Tsunami (cela a révolutionné la solidarité et donc les montants collectés), ou écrire à tout son carnet d’adresse "tavu, sego l ve foutre des keufs en classe".

 

L’instantanéité de l’information - il y a peu privilège des grands et des agences de presse - est désormais un bien commun à tous les habitants de la planète, ou presque. Avec un sms, une rumeur, une information ou une opinion peut faire le tour d’un espace donné, une salle de classe, une entreprise, une ville, un pays, un continent ou la planète en quelques minutes.

 

C’est dans ces espaces, ces vides de liberté, qu’est née la démocratie d’opinion. Au départ, brute de décoffrage, elle s’est épanouie hors les appareils et élus politiques, les acteurs sociaux et même hors les associations de tous bords. Tout le mérite d’une évolution positive de la praxis politique – par tous les citoyens – aurait pu revenir aux hommes et femmes qui ont fait de la politique leur métier et qui ont perçu et compris cette révolution en marche. Ils et elles sont pourtant passés à côté. A propos de la démocratie d’opinion, le sujet n’est pas d’être pour ou contre. Elle est. La question est comment l’appréhender, voir se l’approprier, sachant qu’elle contient en son sein des phénomènes aussi puissants, intéressants et/ou explosifs que les cahiers de doléances initiés à partir du 24 janvier 1789.

 

Pour ne prendre que "Désirs d’Avenir", aussi sympathique fut la chose, au moins à ses débuts, il n’a été qu’un ersatz de la politique qui met le citoyen au centre de la réflexion, puisque lui même appelé à être acteur de cette même réflexion.

Pour deux raisons. La première a été la négation de tout apport des élites ne serait-ce que pour contribuer à cadrer la réflexion afin que son aboutissement soit le plus fort et pertinent possible y compris en sa dimension programmatique…au point qu’à la fin, les Français ont éprouvé le sentiment qu’il n’y en avait pas.

La seconde, c’est que "Désirs d’Avenir" ne portait pas de projet, entendons par là, "Pour La France, l’Europe, le Monde dans 10 ans, j’ai cette ambition et cette vision là….  et c’est à cette ambition que je vous demande de contribuer". Les contributeurs du site citoyen ont donc été les nègres d’un livre…qui n’est jamais sorti. Mais pouvait-il en être autrement ?

Reconnaissons néanmoins aux défricheurs de la démocratie d’opinion le mérite de nous avoir fait comprendre que la politique et l’exercice de la démocratie, avec l’explosion des medias interactifs étaient en train d’évoluer, voir d’être bouleversés.

 

Réconcilier politique et communication est une des conditions sine qua non du bon exercice de la vie démocratique de ce siècle. Sur ce plan, la gauche réformiste et démocratique n’a pas à souffrir d’une comparaison désobligeante avec le regard et la relation qu’entretient la droite avec la communication – où l’information est plus que jamais top down –. De plus, le Président de la République entretient avec la communication une relation passionnelle pour ne pas dire obsessionnelle. Ce qui l’intéresse au premier chef relève de l’image, la sienne. Il est donc logique que le népotisme préside aux rapports entre la plus haute fonction de l’Etat et les médias.


Les règles de l’échange ne fonctionnent plus… Le chantier de la communication au service des bonnes pratiques de la vie démocratique dans la société de la convergence est un des enjeux clés de la gauche réformiste, en particulier sur un point : le dialogue retrouvé entre les élites et la Nation. Elles aussi sont à reformater. Si elles souhaitent être entendues, il faudra qu’elles réapprennent à écouter.