Les références papiers sont-elles appelées à devenir des nouvelles références de l'Internet ? De fait, Internet et l'apparition de nouveaux supports de savoir ont bousculé considérablement les habitudes de recherche. Si auparavant toute recherche documentaire passait par la consultation de dictionnaires, d'index ou d'articles d'encyclopédie, désormais le premier réflexe pour trouver une information est de passer soit par Google soit par Wikipedia (ce qui au demeurant revient très souvent au même du fait du bon référencement de Wikipedia sur Google).

Quid dès lors des monumentales encyclopédies Larousse et Universalis ? De la "révolution numérique", ne franchiront-elles que le cap du passage du papier au DVD-Rom ? Peuvent-elles encore se contenter de se reposer sur leur statut de "références", qui les préserve des critiques habituellement adressées à l'encontre de Wikipedia, que l'on accuse parfois d'être insuffisamment fiable, d'être ouverte à des influences diverses que n'animent pas toujours le souci de la scientificité ou même récemment de se parer d'oripeaux participatifs quand elle ne serait finalement qu'au service d'une nouvelle oligarchie   .

Sans doute cela ne sera-t-il pas suffisant. D'une part parce que Wikipedia dispose d'un puissant arsenal de contre-arguments qui sont opposés systématiquement à ses adversaires – que ce soit l'étude du prestigieux magazine Nature qui la place à un rang équivalent à celui de Britannica ou encore l'idée selon laquelle la vérification permanente dont elle est l'objet la prémunit contre les erreurs graves – et bénéficie en outre d'une image positive, du fait de la générosité de son modèle fondé sur le partage du savoir. D'autre part, parce que d'autres projets en ligne se développent – notamment celui de Google –, avec des philosophies différentes, qui sont autant de réponses à Wikipedia, mais sans jamais en renier un des aspects fondamentaux : la gratuité de l'accès au savoir.

Le lancement mardi 13 mai de l'encyclopédie Larousse en ligne pourrait être interprétée comme une forme de réponse à ce problème. Cherchant à combiner l'expertise et la participation, elle offre l'accès à 150.000 articles, contenu de base validé par l'éditeur, émanant de personnes reconnues, qui ne peut être modifié mais qui peut être complété par des contributions d'internautes, lesquelles peuvent être notées. L'idée est ici de faire cohabiter les auteurs avec la communauté des internautes.

Reste à savoir si cette proposition de Larousse, sorte de synthèse entre les formes du passé et celles qui semblent prendre le dessus est amenée à connaître un succès qui en ferait une alternative à Wikipedia où si elle n'apparaîtra pas trop timide aux internautes, du fait qu'elle n'entérine pas le choix du "tout participatif". L'enjeu ici est de taille : sur quels modèles va se communiquer le savoir et quelle sera la place des différents acteurs dans la diffusion du savoir au plus grand nombre ?


* La nouvelle encyclopédie en ligne Larousse est consultable à cette adresse : http://www.larousse.fr/LaroussePortail/encyclo/XHTML/EUL.Online/explorer.aspx