Site web de référence aux États-Unis, Metacritic est le pionner d’un genre qui a bousculé le monde de la critique de biens culturels : le "metascore".

Lancé en 2001 par Marc Doyle, Julie Roberts et Jason Dietz, Metacritic a pour ambition affichée d’éclairer le consommateur dans ses dépenses en divertissement. Pour ce faire, le site centralise puis convertit en pourcentage les critiques de dizaines de publications anglophones pour chaque film, DVD, jeu vidéo, émission de télévision ou album de musique. La moyenne de tous ces scores donne une note globale au produit, là encore sous forme de pourcentage : c’est le fameux "metascore", simplifié par un code de trois couleurs (vert, jaune, rouge). Metacritic n’est pas le seul site à proposer ce service : Rotten Tomatoes ou Game Rankings, respectivement spécialisés dans les films et les jeux vidéo, fonctionnent selon le même principe. Cependant, outre la précision de sa notation, la particularité de Metacritic réside dans le choix de ne pas accorder à toutes les critiques la même importance. Autrement dit, le score de chaque critique est pondéré ("weighted average") en fonction de la notoriété de la revue, selon une formule que ses créateurs gardent secrète. Seule faille à cet édifice impressionnant, et elle est de taille : Metascore ne note plus les livres depuis près d’un an. Ce qui n’empêche pas son immense réseau d’internautes d’échanger points de vue et coups de cœur littéraires sur les très nombreux forums. Autre caractéristique consubstantielle au modèle Web 2.0, le site est bien-sûr disponible sur PDA et propose un service RSS.

Quoiqu’il en soit, le succès de Metacritic a fait du "metascore" un enjeu déterminant dans les campagnes de publicité de jeux vidéo, et de Marc Doyle un homme écouté. À en croire Nick Wingfield, du Wall Street Journal, le dirigeant de Metacritic figure parmi les personnes les plus influentes de l’industrie du jeu vidéo aux États-Unis. Des études menées ont en effet prouvé un lien substantiel entre le "metascore" d’un jeu vidéo et ses ventes. Toujours selon Nick Wingfield, la compagnie Time Warner, excédée de voir ses films transformés en jeux vidéo de pauvre qualité, exige désormais que le montant de ses royalties soit réévalué en cas de mauvais score obtenu sur ce genre de site de critique. Ainsi, Metacritic fait presque la pluie et le beau temps sur l’industrie du divertissement aux États-Unis et, comme tous les météorologues, Marc Doyle voit ses prévisions constamment contestées. Dans une interview accordée à Keith Stuart, il confesse devoir sans cesse faire face aux éditeurs se plaignant de sa sélection de critiques ou aux critiques pestant contre son système de conversion.

Metacritic est en tout cas devenu une référence du genre aux États-Unis. Pas sûr pourtant que Marc Doyle et son site parviennent à combler le fossé existant parfois entre les avis des critiques et le goût du public, et ainsi faire disparaître le plus vieux réseau de critiques du monde : le "bouche-à-oreille" n’est pas mort.