Dans cet éloge de la douceur en forme d'abécédaire, on vagabondera dans les rues de Bologne, on saisira au vol quelques notes de jazz de Chet Baker ou Johnny Hodges, on saluera Fred Astaire et Diego Maradona, et l'on croisera pêle-mêle Roland Barthes, Samuel Beckett, Antonio Gaudi, La Fontaine, Winnie l'Ourson...
Au fil des pages de cet abécédaire, où il est question aussi bien des bonbons, du sourire que du cinéma pornographique, Stéphane Audeguy nous promène librement dans un univers « aux contours incertains, mais que la gaieté continûment inspire ». Sous sa plume, la douceur est légèreté et élégance : on vagabondera dans les rues de Bologne, on saisira au vol quelques notes de jazz de Chet Baker ou Johnny Hodges, on saluera Fred Astaire et Diego Maradona, et l'on croisera pêle-mêle Roland Barthes, Samuel Beckett, Antonio Gaudi, La Fontaine, Winnie l'Ourson...
Art de la délicatesse, la douceur permet d'affiner les sens et d'agrandir la perception des nuances. La dégustation du vin en est un bon exemple ; l'oenologue sait en effet l'importance d'une mise en pratique de la douceur pour saisir précisément et distinctement l'ensemble des sensations olfactives et gustatives (la « flaveur »).
Plus loin dans cet abécédaire, à l'entrée du terme « subtil », on pourra lire : « avant de beurrer une tartine, il est encourageant de savoir que d'après les meilleurs spécialistes, le beurre peut être analysé au moyen de quatre-vingt-dix descripteurs sensoriels ». L'éloge de la douceur est donc également celui de la sensibilité. Une manière d'indiquer qu'il serait utile de prêter une plus grande attention aux enthousiasmes et aux vacillements du corps.
C'est d'ailleurs peut-être ce qui guide le travail d'écrivain de Stéphane Audeguy. En effet, l'auteur de La théorie des nuages et de Fils unique précise : « un écrivain, en tant que tel, est une sorte d'éponge informe, molle et fade. Qu'il ait, par ailleurs, des opinions, une personnalité, une culture, de l'intelligence, après tout, pourquoi pas ? Mais ce n'est pas ce qui détermine son travail ». Ce Petit éloge de la douceur, en forme de carnet éclectique, nous offre une nouvelle rencontre avec l'univers poétique de Stéphane Audeguy.
Enfin, comme toute puissance positive, la douceur est souvent « suspecte » et il est courant de la faire passer pour une faiblesse. Pourtant, lorsque l'on achève ces pages, on ne peut qu'avoir à l'esprit la première phrase de ce (petit) éloge de la douceur : « Si la douceur était une faiblesse, si elle n'était que le contraire de la violence, et le signe infamant d'une impuissance, on ne voit pas bien comment elle aurait pu survivre, depuis le temps, à tous ses ennemis ».