L'idée d'association a été gravement sous-estimée et avec elle toutes sortes d'initiatives citoyennes et populaires

Jean-Louis Laville sociologue et économiste vient de publier Réinventer l’association chez Desclée de Brouwer, il répond ici à quelques questions à propos de cet ouvrage.

Certaines des positions exprimées dans cet entretien sont développées dans deux ouvrages à venir : Le réveil de l’utopie avec Michèle Riot-Sarcey, éditions de l’Atelier, en librairie le 27 février, et Du social business à l’économie solidaire : critique de l’innovation sociale, avec Maité Juan et Joan Subirats, Erès, en librairie le 12 mars.

 

Nonfiction : On assiste aujourd’hui un peu partout dans le monde à un foisonnement d’initiatives citoyennes, que le discours le plus répandu peine toutefois à prendre réellement au sérieux. Une première raison à cela consiste, expliquez-vous, dans la dévalorisation dont l’idée d’association, à l’origine des premières initiatives de ce type, a rapidement fait l’objet dans l’histoire, et qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. Pourriez-vous expliciter ce point ? En quoi ce moment fondateur a-t-il été exceptionnel ? Et comment et pourquoi a-t-il été si vite oublié ?

Jean-louis Laville : L’invention solidaire inhérente à l’associationnisme réside dans la faculté de dépasser les tutelles traditionnelles. Avant la partition entre économie marchande et Etat social, son originalité repose sur l’imbrication entre l’exigence de libre accession à l’espace public d’une part, la mise en place d’activités économiques sur la base d’une réciprocité égalitaire d’autre part. Elle montre que la solidarité démocratique est née avant l’Etat protecteur, ce que les approches liant invention du social et intervention de l’Etat ignorent.

En tissant dans le « premier » XIXe siècle des liens sociaux ancrés dans la liberté politique qui vient d'être conquise et reste à approfondir, l'associationnisme solidaire témoigne d'essais concrets pour œuvrer conjointement à la protection et à l'émancipation. Depuis l’œuvre pionnière de Thompson en 1963 (The Making of the English Working Class) de nombreuses relectures de l'histoire mettent désormais en scène ces actions collectives synonymes d'extension du pouvoir d'agir dans le premier XIXe siècle, en Angleterre, en Espagne, en France, en Italie, au Portugal.

L'ensemble de ces travaux appelle une analyse transversale pour dégager la convergence entre toutes ces expériences. Cet associationnisme pionnier se caractérise par le fait qu’il redessine les contours des sphères politique et économique sans opérer aucune coupure entre les deux. La sphère politique n’est pas confinée à la démocratie représentative, elle inclut le pouvoir de fixer les règles de l’être ensemble élaborées à partir de la délibération et de la décision collectives. Le domaine politique englobe donc l’espace public reposant sur l’action commune et le dialogue des citoyens au sujet de la cité. La démocratie résulte d’un équilibre fragile entre les deux pôles de l’administration et de l’espace public, la nécessité de coordination et de sanction institutionnelles entre en coopération et en conflit avec les démarches instituantes initiées par les groupes qui se fixent des normes pour stabiliser un monde qu’ils veulent commun.

Quant à la sphère économique, elle n’est pas encore bornée par le sophisme qui confond économie et marché. Deux significations de l’économie sont disponibles. Le premier sens formel renvoie au calcul d’intérêt par lequel chaque individu alloue les moyens rares dont il dispose afin d’en « tirer le maximum », « économisant » ainsi ses efforts. Le second sens substantiel tire son origine de « la dépendance manifeste de l’homme par rapport à la nature et à ses semblables pour obtenir sa subsistance » comme le dit Polanyi (La subsistance de l'homme. La place de l'économie dans l'histoire et la société, traduit et présenté par B. Chavance, Paris, Flammarion, 2011, p. 56-58). Dans une économie substantielle le marché coexiste avec la réciprocité qui advient par la symétrie entre groupes, la redistribution qui nécessite un pouvoir central, l’administration domestique qui renvoie aux relations familiales dans le groupe de base. Il n’y a donc pas une seule mais plusieurs formes d’intégration économique ce qui permet de sortir du sophisme économiste qui confond économie et marché.

La réappropriation de la mémoire oubliée de l’associationnisme pionnier s'avère importante. Elle désamorce l’étatisme implicite qui imprègne beaucoup d’approches contemporaines de la question sociale. Mais elle ne s’arrête pas à la déconstruction des idées reçues, elle autorise une reconstruction au sens où elle rend concevable une démocratisation de l’Etat redistributif, grâce à son articulation avec une réciprocité égalitaire activée par des instances de démocratie participative. Cet associationnisme foisonnant du premier XIXe siècle promeut une économie et une politique populaires à forte dimension morale, que Scott identifie également dans le monde paysan. Ses caractéristiques mentionnées ci-dessus peuvent être résumées de la façon suivante. D’abord, en réaction contre la charité et la bienveillance, il est basé sur une acception démocratique de la solidarité qui suppose une égalité de droits entre les personnes qui s’y engagent. Axé sur l’entraide mutuelle autant que sur l’expression revendicative, il combine l’auto-organisation avec un mouvement plus large. Ensuite, il relie étroitement le recours à l’expérience sociale et l’importance d’une transformation politique ; loin de s’en remettre à la vertu d’expériences isolées, il reconnaît la nécessité de se regrouper pour peser en faveur de changements dans les institutions et les actions publiques. La redécouverte récente de ce phénomène multiforme interroge également sur la longue éclipse dont il a fait l'objet depuis le « second XIXe siècle ».

Le message de l’associationnisme a été caricaturé à partir d’une distinction, aussi fallacieuse que célèbre entre le socialisme utopique qu’il aurait représenté et le socialisme scientifique qui lui aurait succédé. L’idée de socialisme naît bien dans les regroupements qu’amorcent les prolétaires confrontés à l’écart entre la reconnaissance politique qu’ils viennent d’obtenir et les contraintes économiques qu’ils continuent à subir. Mais ce socialisme originel ne peut pas être assimilé à un balbutiement, expression immature d’un mouvement social en devenir ne prenant sens que dans une étape ultérieure. Si les mobilisations populaires du premier XIXe siècle ont été inspirées par les écrivains utopistes, elles se sont détournées de toute référence à une société réconciliée. Mis en œuvre par des ouvriers et paysans immergés dans des relations sociales conflictuelles, l’associationnisme ne prétend nullement initier un homme et un monde nouveaux. La triangulation plus modeste qu’il prône relie traditions de métier, pratiques égalitaires et politiques publiques. Les appartenances professionnelles sont mobilisées pour être transférées dans un univers postulant l’égalité. Les expériences qui rejettent volontairement les discriminations permettent de formuler des demandes en faveur de changements institutionnels. Ce ne sont donc pas des égoïsmes de groupe qui se constituent mais des essais ardus de maintien des modes de vie qui cohabitent avec leur débordement par la démocratisation des actions collectives, elles-mêmes conditionnées par la teneur des lois et règlements édictés par les pouvoirs publics. La nécessité conjointe de pratiques sociales transformatrices et de nouveaux cadres législatifs est affirmée pour une transition vers une société plus juste.

En somme, l’associationnisme pionnier interpelle par la différence entre l’image dont il a été affublé et son contenu réel. Une fois débarrassé d’une lecture superficielle l’accusant de naïveté, il révèle un contenu qui n’a pas perdu son actualité. Partant de la liberté d’accès à l’espace public de tous les citoyens, il s’efforce de prolonger la démocratie politique dans la vie sociale et il va à l’encontre de la séparation entre politique et économie. Après 1848, date symbolique en Europe, la répression se double d’une dépréciation des pratiques populaires. L’idéologie du progrès se prévaut du marché et de la société de capitaux pour annoncer la richesse des nations et de leurs populations. En conséquence, la pauvreté n’est plus qu’un problème transitoire, l’efficacité productive du capitalisme est censée l’éradiquer à terme. Logiquement la solidarité s’en trouve redéfinie. Cantonnée à la nécessité d'endiguer le paupérisme, elle fait confiance à la sollicitude des riches pour soulager les pauvres, avant que le développement économique ne leur apporte ses bienfaits. L’horizon d’égalité s’estompe au fur et à mesure que le paternalisme réintroduit les tutelles notabiliaires limitant les secours aux plus méritants. Auparavant les sociétés philanthropiques empruntaient pêle-mêle au christianisme, à la fraternité et à « l’homme social ». Une régression s’opère et la solidarité philanthropique devient une arme contre la solidarité démocratique.

Les pouvoirs établis s’emploient à délégitimer toute référence à l’associationnisme qu’ils accusent d’irréalisme. Effrayés par l’audace populaire qui a osé une contestation des lois et des règles établies par la tradition, les conservateurs font valoir le risque qui émanerait d’un excès de démocratie, bousculant les valeurs garantes d’une sécurité procurée par les hiérarchies immuables. Quant aux libéraux, ils renvoient la parole ouvrière à l’archaïsme, arguant de sa méconnaissance de l’individu moderne et de son incompatibilité avec l’idéologie du progrès économique. Dès lors la meilleure façon de « gouverner la misère » (Giovanna Procacci, Gouverner la misère. La question sociale en France (1789-1848), Paris, Le Seuil 1993) est celle proposée par le patronage et le paternalisme qui deviennent indissociables d’une invalidation symbolique et d’une répression continue des formes autonomes de l’organisation ouvrière. A l’économie morale de l’associationnisme succède une entreprise de moralisation des pauvres.

La marginalisation de l’associationnisme entérine la perte d’un ensemble de normes et d’obligations réciproques que la collectivité ouvrière défendait comme l’expression d’un mode de vie partagé et d’une fierté commune, susceptibles de relier les métiers et de promouvoir les droits humains. Ce patrimoine collectif, ancré dans la tradition mais transformé par l’implantation en son sein de finalités démocratiques, témoignait d’une volonté d’émancipation établissant des interactions entre idées, expériences et changement institutionnel. Il était d’autant plus précieux qu’il abordait de plain-pied la question de la transition vers une société plus égalitaire. Mais actions et pensées ouvrières sont attaquées, les détenteurs du pouvoir optent pour une solidarité philanthropique respectueuse de l’ordre établi et éludant toute référence politique.

 

Une deuxième raison au peu de considération que reçoivent aujourd'hui dans l'espace public ces initiatives citoyennes tient à la forte réticence que manifeste la critique sociale à leur endroit, tout du moins au Nord, car le Sud se distingue fortement sur ce point, montrez-vous. Là encore pourriez-vous expliquer pourquoi selon vous ?

Partie d’une recherche d’émancipation, la critique sociale européenne s’est peu à peu centrée exclusivement sur la dénonciation de l’emprise de la domination capitaliste. Cette propension entamée par le marxisme sous sa forme la plus diffusée, n’a pas pu être corrigée par la sociologie bourdieusienne des années 1980. Se focalisant sur l'ampleur de la reproduction, la critique européenne ne laisse comme possibilité que la description de la misère du monde ou l’allusion romantisée à des courts moments de révolte. L’usage extensif de la notion de domination conduit à aborder les relations sociales sous l’angle unique de la reproduction de l’ordre social. L’éventualité de résistances est improbable puisque les normes sont inculquées, intériorisées, incorporées. Pour la sociologie bourdieusienne, les constats peuvent délaisser les interactions sociales et être ramenés à la mise au jour de dispositions et de structures qui façonnent une réalité dans laquelle la violence symbolique n’est pas subie comme telle et ne peut être décelée que par l’investigation savante. Il en résulte une asymétrie entre la science objective et la connaissance ordinaire renvoyée à la méconnaissance. Le fossé se creuse entre les allégations des « indigènes » toujours suspectes d’aveuglement et les affirmations fondées qui sont l’apanage des chercheurs. Cette incapacité, pour les premiers concernés, d’accéder à la vérité de leur pratique fait des acteurs de simples agents.

C’est pourquoi il est indispensable de se tourner vers d’autres épistémologies, en particulier vers les épistémologies du Sud qui procèdent de deux prémisses. « Premièrement la compréhension du monde dépasse largement la connaissance occidentale du monde (...) Deuxièmement la diversité du monde inclut des manières très différentes d’être, de penser, de ressentir, de concevoir le temps, d’appréhender les relations des êtres humains entre eux et celles entre les humains et les non-humains, de regarder le passé et le futur, d’organiser la vie collective, la production des biens et des services, et les loisirs » (Sousa Santos, "Epistémologies du sud", Etudes rurales n°187, Paris, EHESS, 2011, p. 39). Ces épistémologies du Sud, dans laquelle ce dernier n’est pas une entité géographique, peut aider à l'intelligibilité des situations tant au Nord qu'au Sud. En tout cas elles questionnent le récit que l’Europe donne d’elle-même et ce qu’il occulte. A cet égard, deux sociologies, des absences et des émergences, s’avèrent pertinentes.

La sociologie des absences « vise à montrer que ce qui n’existe pas est en fait activement produit comme non existant, c’est-à-dire comme une alternative non crédible à ce qui est supposé exister » (op. cit., 34). La non-existence prend la forme de ce qui est ignoré, tenu pour rétrograde et inférieur, local et particulier, improductif et stérile. La sociologie des émergences pour sa part consiste à « étendre le présent en ajoutant à la réalité existante les possibilités futures et les espoirs que ces possibilités suscitent, elle remplace l’idée mécanique de détermination par l’idée axiologique de soin (care) » (ib., 36-37).

Sans renoncer à une analyse rigoureuse et critique, ces deux sociologies cherchent à consolider les alternatives au lieu d’en minimiser les traits émancipateurs comme il est d’usage quand les expérimentations sont condamnées au motif de leur contamination par le système dominant. Mais elles permettent aussi d’identifier les processus d’invisibilisation qui ont touché les pratiques populaires de l’associationnisme puis les réalités de l’Europe du Sud, ces oublis historiques expliquant largement pourquoi les initiatives citoyennes contemporaines restent négligées. Une hypothèse se profile : l’absence de débats portant sur l’associationnisme pionnier entretient le mépris pour les émergences contemporaines émanant de la société.

Elle soulève le problème d’une théorie occidentalo-centriste incapable de prévoir « les pratiques les plus innovantes et les plus transformatrices » dans le monde ces dernières décennies ni celles qui ont conduit à l’écroulement du pouvoir soviétique, ni celles des printemps arabes, ni celles des peuples indigènes. Cette « relation fantomatique » qui s’est instaurée « entre théorie et pratique » (ib., p.29) est suffisamment troublante pour que soit désormais entrepris avec constance un effort pour « s’écarter des versions dominantes de la modernité occidentale » et « se rapprocher des versions subalternes et réduites au silence » (ib., 33) témoignant de la diversité du monde. Ainsi face à la vogue actuelle de la néo philanthropie promue par des élites soucieuses de se relégitimer les épistémologies du Sud formulent une critique solide grâce à la mise en perspective avec le paternalisme visant les organisations populaires au XIXe siècle. Le reproche d’archaïsme qui est adressé aux organisations de la société civile rappelle en effet l’invalidation des pratiques indigènes subie lors de l’industrialisation. Tous les modèles qui leur sont proposés (social business, bottom of the pyramid, social impact bonds, venture philanthropy, …) sont trop évidemment anglo-saxons pour ne pas évoquer un avatar de l’occidentalo-centrisme. A la lumière des épistémologies du Sud les composantes néocoloniales de ces conceptions ne peuvent plus être cachées.

 

Finalement comment définiriez-vous l’association aujourd’hui ? Quels seraient les caractères qui la distinguent fondamentalement par rapport à d’autres modes d’action ? Quels concepts devrions-nous mobiliser pour la penser et quelle place devrions-nous lui faire, et comment ?

Ainsi, l'associationnisme d'hier est susceptible d'aider les acteurs associatifs d'aujourd'hui à renforcer leurs aspirations démocratiques. Toutefois, c'est loin d'être facile parce que les deux pôles du service public et de l'entreprise privée ont tellement dominé les débats du XXe siècle que la plupart des commentateurs rabattent l'association sur un désengagement étatique ou sur un déficit entrepreneurial. Les images de précarité et d'amateurisme s'impriment dans les têtes des acteurs associatifs qui intériorisent une dévalorisation culturelle comme si leur légitimité était indexée au rapprochement d'un de ces deux pôles d'attraction, Etat ou marché. Pendant la période d’expansion dite des Trente glorieuses le mimétisme s’est avant tout exercé par rapport à l’Etat transformant nombre d’associations en organisations parapubliques, aujourd’hui le mimétisme concerne principalement l’entreprise privée. Il existe en particulier de nombreux cabinets de consultants qui se proposent de moderniser les associations. Dans leurs textes l'évocation de ce qui fait l'originalité associative se fait sous une forme édulcorée qui lui consent une place limitée dans un univers où c'est l'entreprise qui constitue le référentiel central, implicite ou explicite. Contre ce conformisme la véritable question posée par la transition écologique et solidaire est celle d’une nouvelle génération d’action publique. Ce qui se dessine dans cette direction, par exemple à travers certaines formes de municipalisme, c’est une possibilité d’opposition concrète à un néolibéralisme profondément uniformisateur. Aussi nécessaire que la biodiversité, c'est bien la pluralité économique et politique qui est en mesure d'entamer une construction institutionnelle redonnant l'opportunité de délibérations démocratiques sur l'avenir économique, aux antipodes du fantasme hayekien d'une constitutionnalisation de l'économie la réservant aux experts. Si le regain associationniste est perceptible, il est à confirmer pour ne pas se diluer dans la normalisation ou la marginalisation.

Afin d’éviter ces deux écueils, le rapport aux institutions ne peut donc être éludé, ni dans sa nécessité, ni dans sa difficulté. Inutile de le nier, il pose problème. L’inventivité en actes se heurte à une ignorance de la part des pouvoirs publics. Si la société résiste et propose, les politiques suivies par la plupart des gouvernements sont obnubilées par l’approbation des marchés. Le drame actuel réside dans le gouffre séparant société et politiques publiques. Les initiatives citoyennes se défient de la récupération politicienne tout autant que les partis négligent les émanations de la société civile, ce qui paralyse la construction d’un rapport de forces susceptible de contrecarrer la démesure du nouveau capitalisme.

Sortir de cette méfiance mutuelle est d’autant plus important que la volonté de participation accrue des citoyens s'exprime sous une multiplicité de formes. Si celle-ci n'est pas écoutée, comme en écho aux années 1930 le risque est un tournant autoritaire émanant soit des démagogies extrémistes, soit des élitismes bien-pensants. Comme l'a établi Dewey (La quête de certitude, Paris, Gallimard, 2014), face à la quête de certitude inhérente à la modernité et qui est désormais en mesure de sous-tendre des manipulations régressives, l'antidote réside non pas dans l'atténuation de la solidarité au profit des marchés mais dans la réaffirmation du pari démocratique. Des issues réalistes se présentent dans cette optique à travers l'approfondissement de la dimension associationniste des initiatives citoyennes. Contre l'idéologie partenariale, il importe en tout cas d'assumer les vertus de la conflictualité sociale nécessaire à une démocratie vivante. Nous ne vivons pas un épuisement démocratique mais nous sommes à la croisée des chemins : soit une perte de confiance en la démocratie lourde de menaces, soit la revendication d'une forme de vie démocratique qui passe par la prise en compte de l'associationnisme.