Sous la direction d’Alain Policar, une défense collective d’un cosmopolitisme démocratique adossé à une citoyenneté qui ne se limiterait pas au seul cadre de l’État-nation.

Au moment où nous vivons d'inquiétantes régressions identitaires, accompagnées d'incantations confuses à restaurer une souveraineté perdue, on ne peut que saluer la parution d'un ouvrage collectif dont l'objet est de défendre le projet d'une cosmopolitique démocratique, à rebours de la réaffirmation, même par une partie de la gauche, du caractère nécessairement national de la démocratie au nom d'une conception de la citoyenneté limitée au seul cadre de l’État-nation.

Le livre nous invite à sortir des fausses évidences : il n'y a pas une crise des réfugiés et de leur arrivée supposée massive sur le sol des pays européens, mais une crise de l'accueil des réfugiés (C. Wihtol de Wenden), soit l'incapacité à instaurer, au sein même de l'Union européenne, des politiques de solidarité et d'hospitalité rendues nécessaires par la globalisation des enjeux et des risques (caractère mondial de l'économie, problèmes écologiques qui dépassent les frontières nationales, terrorisme) auparavant traités par chaque pays suivant une logique de souveraineté.

Pour l'essentiel, les différentes contributions composant ce livre cherchent à penser une politique démocratique qui ne soit plus étayée en référence au lien supposément naturel entre citoyenneté et nationalité mais puisse cadrer avec une société globale devenue un monde commun, en se traduisant dans un cadre institutionnel et à travers des pratiques politiques. Loin de n'être qu'une sensibilité à usage privé, le cosmopolitisme constitue désormais le cadre indépassable de nos existences partagées entre diverses identités, jamais complètement intégrées à une communauté définie en bonne et due forme, mais jamais complètement en dehors non plus, la pluralité de nos appartenances dessinant les contours de ce qu'Edward Saïd appelait un « entre-monde ».