Le mercredi 27 février est décédé, à l’âge de 82 ans, William F. Buckley Jr., intellectuel conservateur américain et fondateur du magazine National Review. Ainsi disparaît l’une des grandes figures de la droite américaine dont Douglas Martin fait le portrait dans le New York Times.

Celui qu’Artur Schlesinger Jr qualifiait de "fléau du libéralisme", a vécu plus d’une vie. Il a été tour à tour théoricien conservateur, journaliste syndiqué, agent de la CIA au Mexique ou encore écrivain. On lui doit notamment pas moins de 11 livres d’espionnages mais également des livres historiques ou des biographies. Il travaillait ainsi sur une biographie de R. Reagan à sa mort. Un homme qui fut surtout connu pour avoir été pendant près de 40 ans le porte-parole emblématique de la droite dure américaine, mais qui n’a que très rarement occupé des postes officiels (on ne peut citer qu’une expérience au Comité national sur l’Information de 1969 à 1972 et une participation à la délégation américaine auprès de l’ONU en 1973). Bill Buckley restera également dans l’histoire comme l’animateur de l’émission de débat "Firing Line" qui s’est maintenue à l’antenne pendant près de 30 ans.

L’article revient plus longuement sur la carrière "politique" d’un intellectuel qui, en plus d’avoir influencé plus d’un président américain, a été avant tout le représentant d’une droite conservatrice en partie animée par l’orthodoxie catholique. Dans les années soixante, elle fut le soutient principal de Barry Goldwater, sénateur, vu comme un possible substitut à Richard Nixon. Bill Buckley a également été le candidat malheureux à l’élection municipale de New York en 1965.  

Riche destin donc pour un homme qui, ces dernières années, s’était peu à peu retiré de la vie active en se séparant de ses parts dans National Review et en se détachant des groupes de réflexion (think tanks). Buckey n'assistera donc pas à l’élection de novembre 2008 qui décidera du sort et de l’héritage politique de l’ère Bush qu'il aura, avec d'autres, contribué à préparer. 


Douglas Martin, "William F. Buckley Jr., 82, Dies; Sesquipedalian spark of right", New York Times, 28 février 2008


À lire également :

* Sur les relations Occident / Islam :

- La critique du livre de Gilles Kepel, Terreur et Martyre (Flammarion), par Frédéric Martel.
(Malgré un air de 'déjà vu', Gilles Kepel dévoile et démêle avec brio les fils de l'"Orient compliqué").

- La critique du livre de Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Le rendez-vous des civilisations (Seuil), par Youssef Aït Akdim.
(Dans Le rendez-vous des civilisations, le démographe Youssef Courbage et l’historien Emmanuel Todd rament à contre-courant du discours majoritaire sur le "choc des civilisations". Louable, mais peu convaincant).

- Un débat entre Régis Debray et Élie Barnavi sur les rapports interreligieux au Proche-Orient, par Bastien Engelbach.


* sur le Proche et Moyen-Orient :


- La critique du livre dirigé par Sabrina Mervin, Les mondes chiites et l'Iran (Karthala), par Thomas Fourquet.
(Cet ouvrage, publié sous la direction de Sabrina Mervin, met en évidence la diversité et la vitalité du chiisme aujourd'hui).

- La critique du livre de François Hesbourg, Iran, le choix des armes ? (Stock), par Thomas Richard.
(Un petit livre d’actualité. Avec toutes les qualités et les défauts inhérents à ce type d’ouvrage. C’est la formule par laquelle on peut résumer ce Choix des armes).

- La critique du livre d'Henri Laurens, Orientales (CNRS), par Nejmeddine Khalfallah.
(Une réédition en un volume de l’œuvre phare d’Henry Laurens, plus que jamais d’actualité, à propos des rapports entre l'Europe et l'islam).

- La critique du livre de Gilbert Achcar et Noam Chomsky, La poudrière du Moyen-Orient (Fayard), par Thomas Fourquet.
(La poudrière du Moyen-Orient retranscrit un dialogue tenu en janvier 2006 au MIT entre Noam Chomsky et Gilbert Achcar, où ont été évoqués les problèmes de cette région. Un livre qui fournit matière à débat).

- La critique du livre d'Olivier Roy, Le croissant et le chaos (Hachette Littératures), par Laure Jouteau.
(Olivier Roy signe un ouvrage pédagogique qui reprend ses principales thèses et propose une lecture critique de l'actualité du Moyen-Orient. Une excellente entrée en matière).

- La revue de presse à propos de Kanan Makiya, par Laure Jouteau.


* Sur les néo-conservateurs américains et la politique étrangère américaine :

- La critique du livre de Marc Weitzmann, Notes sur la terreur (Flammarion), par Éric l'Helgoualc'h.
(Un romancier parcourt le monde de l'après 11 septembre et s'interroge sur son soutien à la guerre en Irak).

- La critique du livre de Susan George, La pensée enchaînée. Comment les droites laïques et religieuses se sont emparées de l'Amérique (Fayard), par Romain Huret.
(Susan George explore les raisons de l'hégémonie conservatrice aux Etats-Unis. Si le constat est juste, l'explication reste partielle).

- La revue de presse à propos de l'article de Parag Khanna paru dans le New York Times "Waving goodbye to hegemony", par Frédéric Martel.

- L'article à propos de Joseph Nye : "Un 'smart power' encore à définir", par Michael Benhamou.


* Sans oublier :

- La critique du livre de Robert Castel, La discrimination négative (Le Seuil), par Jérémie Cohen-Setton.
(Un bon livre sur la discrimination, les minorités et la crise des banlieues qui recadre un débat souvent marqué par des digressions stériles).


- "Les primaires américaines en continu"
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