La Foire de Francfort est un événement incontournable dans le monde de l'édition, au niveau international, pour la cession de droits. Plus de 200.000 professionnels originaires du monde entier s'y donnent en effet chaque année rendez-vous en octobre.

Un peu plus d'un mois après la clôture de la session 2008, peut-on dresser un premier bilan de l’exportation des auteurs français de non-fiction ?

De manière générale, selon Marie Lannurien (Tallandier) et Delphine Ribouchon (La Découverte), la production française de non-fiction est une de celles qui se vend le mieux.  Et pour La Découverte, l’année 2008 est plutôt bonne, grâce à des auteurs comme Bruno Latour ou Armand Mattelart, sans oublier Michel Teretschenko (Du bon usage de la torture) ou l’enquête sur la société Monsanto. Même constat au Seuil. Selon Martine Heissat, "la non-fiction se vend plus qu'il y a un certain nombre d'années", et davantage que la fiction (70% contre 30%). Les auteurs qui s’exportent le plus ? D’abord les classiques : Roland Barthes, Pierre Bourdieu, Cornelius Castoriadis, Alain Corbin, Marc Ferro, Michel Foucault, Jacques Lacan, Jacques Le Goff, Paul Ricoeur … et les incontournables d’aujourd’hui : Alain Badiou, Edgar Morin, Michel Pastoureau, Pierre Rosanvallon. Du côté de chez Tallandier, les auteurs phares se nomment Veyne, Jerphagnon ou Hélène Berr (dont le Journal connaît un succès mondial). On est dès lors frappé par une évidence : ce ne sont pas forcément les auteurs du moment qui se vendent… aujourd’hui. Ainsi, sur les 120 contrats annuels signés par La Découverte, environ la moitié concerne des titres du fonds (c’est-à-dire parus il y a 2 ans et plus), qui comprend d’ailleurs le fonds Maspero.  La non-fiction française s’exporte davantage aux États-Unis qu’en Angleterre (inversement pour les romans, selon Martine Heissat), et la "vieille Europe" apparaît comme très sélective dans ses choix.

Deux éléments semblent expliquer cette bonne tenue de l’exportation des auteurs français de non-fiction. D’abord, la chute du communisme et la fin de la guerre froide, qui entraînent un phénomène de "rattrapage" assez visible depuis les années 1990 dans les pays d’Europe de l’Est. Ensuite, le développement des pays tels que la  Chine, la Corée du Sud ou encore le Brésil.

Les domaines porteurs varient en revanche selon les éditeurs. La Découverte exporte moins facilement la sociologie que l’histoire ou la philosophie, qui elles-mêmes sont moins prisées que les relations internationales, les essais d’actualité ou les livres d’économie. Au Seuil, les cessions de droits les plus nombreuses concernent d’abord la philosophie, puis l’histoire, les sciences,… Tallandier présente un cas plus singulier, puisque spécialisé dans l’histoire – ce qui n’empêche pas d’autres types de livres d’émerger, comme Le dessous des cartes.

Si, au niveau mondial, les pays anglo-saxons (en premier lieu les États-Unis) dominent le marché, la France se placerait juste après