A l’occasion du débat socialiste sur les droits LGBT organisé à Sciences Po Paris le 29 septembre, l’association Homosexualités et Socialisme (HES), a rendu publiques les réponses apportées par les candidats au questionnaire qu’elle leur avait soumis. A travers ses dix-sept questions, HES interrogeait les candidats sur leurs programmes concernant l’évolution des droits LGBT et les politiques publiques de lutte contre les discriminations.

L’unanimité des candidats sur les questions de reconnaissance légale des droits LGBT est frappante. Tous se déclarent favorables au mariage homosexuel, à la famille homoparentale, ainsi qu’à l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toute les femmes sans distinction fondée sur l’orientation sexuelle. De même, ils prônent la reconnaissance du beau parent (ni parent biologique ni parent adoptif mais ayant une place dans l’éducation de l’enfant) jusque-là ignoré par le droit français de la famille, ainsi que l’évolution du PACS. Ce dernier serait désormais célébré à la mairie, et en cas de décès, les droits du conjoint survivant seraient mieux garantis. En ce sens, ils confirment tous la position adoptée par le Parti socialiste dès 2002 et confirmée par la proposition de loi sur le mariage gay, déposée à l’Assemblée Nationale en 2011.

La légalisation de la gestation pour autrui (GPA) reste néanmoins un sujet de dissension. Ainsi, François Hollande et Martine Aubry se déclarent formellement contre la GPA, au vu des risques de marchandisation du corps qu’elle pourrait engendrer. Ségolène Royal et Arnaud Montebourg, plus conciliants, souhaitent que la question réintègre le débat politique. Manuel Valls considère quant à lui l’autorisation de cette pratique comme " une évolution incontournable " à condition qu’elle soit bien encadrée grâce à des lois et un accompagnement social. Jean Michel Baylet, pour ce sujet, se range à ses côtés.

Concernant le volet politique publique, tous les candidats font part de leur volonté de mettre fin aux discriminations qui touchent les personnes LGBT, notamment à travers le rétablissement d’une autorité administrative indépendante chargée de ces questions. Quelques différences persistent pour autant dans les moyens que les candidats entendent déployer pour atteindre ce but. Le projet de François Hollande se détache ici, à travers sa volonté de créer un poste de délégué-e interministériel-lle à l’égalité qui lutterait de manière transversale contre les discriminations. En amont, ils proposent tous un redoublement des efforts en matière de prévention, notamment grâce à des interventions dans les écoles, réalisées par le corps professoral en partenariat avec les associations spécialistes des questions de genre.

Si ce volet préventif ne semble pas varier de manière significative d’un candidat à l’autre, il présente néanmoins l’intérêt d’éclairer la familiarité des candidats avec les Gender Studies. Quand certains imaginent, à l’instar de Jean-Michel Baylet, des semaines de préventions ou des cours spécifiques d’éducation sexuelle, d’autres, comme Arnaud Montebourg ont compris que, constitutive de notre rapport quotidien à la réalité, la notion de genre doit être intégrée à l’ensemble des domaines éducatifs 

* A lire sur nonfiction.fr

- les idées de la primaire

- Sylvie et Dominique Mennesson, La gestation pour autrui, l’improbable débat, par Sophie Dumas

- Christian Flavigny, Et si ma femme était mon père ? , par Sylvère Hategekimana

- Margaux loire, « la bioéthique : questionnement et débats »

- Margaux Loire, « Quel projet de révision des lois de bioéthique ? »