Les champs d’étude ne manquent pas pour mettre en évidence les inégalités entre les hommes et les femmes en 2009 : violences conjugales, mariages forcés, viols, prostitution, parité politique, droit de la famille, du travail, etc.

De Pierre Bourdieu à Christine Delphy, le biais économique est utilisé pour comprendre les lignes profondes qui distinguent dans nos sociétés la condition des hommes de celle des femmes. Aujourd’hui, la crise, qui exacerbe les inégalités, les met en lumière de façon crue, indiscutable.

Deux rapports publiés à l’occasion de la Journée internationale de la femme insistent sur l’aspect économique des inégalités.

Le rapport annuel du Bureau international du travail (BIT), agence de l'ONU, intitulé Tendances mondiales de l’emploi des femmes, avertit que la crise économique pourrait engendrer dans le monde jusqu’à 22 millions de chômeuses supplémentaires en 2009, menaçant les progrès de la parité au travail et dans la famille. "Avec un taux d’activité plus faible, une maîtrise plus rare de la propriété et des ressources, une concentration dans l’emploi informel ou vulnérable, des rémunérations moindres, et moins de protection sociale, tout cela met les femmes dans une position de plus grande faiblesse que les hommes pour surmonter les crises", affirme la directrice du bureau pour l’égalité entre hommes et femmes, Jane Hodges. Elle ajoute : "Les femmes peuvent s’en sortir en travaillant davantage d’heures ou en cumulant plusieurs emplois peu rémunérateurs, mais elles ont encore à assumer les tâches domestiques et familiales non rémunérées."

Si l’Amérique latine et les Caraïbes sont davantage touchés par les disparités entre les hommes et les femmes dans la crise, les inégalités ne concernent pas que les pays en voie de développement. Dans son analyse annuelle de la situation européenne en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, la Commission européenne souligne que les femmes sont davantage exposées à la crise car elles occupent des emplois précaires : L’avancée quantitative en matière d’emplois des femmes n’a pas été accompagnée d’une avancé́e qualitative.

Plus généralement, les principales conclusions du rapport attestent que les progrès existent, mais qu’ils demeurent trop lents : le taux d'emploi des femmes est en hausse, mais reste inférieur à celui des hommes, alors que les femmes constituent la majorité des étudiants et des titulaires d'un diplôme universitaire ; pour chaque heure travaillée, elles gagnent en moyenne 15 % de moins que les hommes, un chiffre qui reste stable ; les femmes sont encore largement sous-représentées aux postes de décision économiques et politiques, même si leur proportion s'est accrue au cours des dix dernières années.

À deux jours de la Journée internationale de la femme, nonfiction.fr propose un dossier sur les inégalités sociales de sexe, examinées dans plusieurs domaines : l'histoire des femmes en politique, l'"économie du patriarcat" (C. Delphy), les pratiques actuelles du féminisme, le débat entre universalistes et particularistes... Gisèle Halimi revient dans une interview sur son dernier ouvrage Ne vous résignez jamais!, paru chez Plon en janvier. Cet entretien permet d'incarner dans une histoire singulière les luttes féministes des XXè et XXIè siècles, notamment aux niveaux clés de l'Europe et du droit. 

Ne jamais se résigner car selon Gisèle Halimi, "Le combat c'est d'abord la vigilance, ne pas croire que tout est acquis" : un mot d'ordre pour la journée du 8 mars, alors que les subventions accordées par l'État au Planing familial doivent être diminuées de 42% en 2009

 

Au sommaire de ce dossier : 

- Interview de Gisèle Halimi, Ne vous résignez jamais!, par Stéphanie Morelli.

- Christine Delphy, L'ennemi principal, L'économie politique du patriarcat, t.1 (Syllepse), par Fabrice Bourlez.

Vrai bonheur pour ceux qui souhaitent comprendre les motivations concrètes du féminisme, la publication des articles de Delphy risque d’en agacer plus d’un.

- Christine Delphy, Classer, dominer. Qui sont les autres ? (La Fabrique), par Nathalie Heinich.

Un recueil d'articles sur la question des "minorités", des rapports entre "dominants" et "dominés", qui s'aparentent davantage à des prises de position qu'à des analyses.

- Séverine Liatard, Les femmes politiques. En France, de 1945 à nos jours (Complexe), Cécilie Champy.

Ce petit ouvrage instructif se penche sur les rapports entre femme et politique notamment grâce à des témoignages vivants.

- Collectif, 14 femmes. Pour un féminisme pragmatique (Gallimard), par Marta Segarra.

Ce livre fait le portrait de 14 femmes contemporaines qui seraient des représentantes, célèbres ou anonymes, d'un nouveau féminisme "pragmatique".

- Sophie Cadalen, Les femmes de pouvoir. Des hommes comme les autres ? (Seuil), par Antoine Aubert.

Un essai sur la place des femmes dans notre société qui, tout en contenant des réflexions intéressantes, n'échappe pas à la caricature.

- Dominique Méda, Le temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles (Flammarion), Stéphanie Laurent.

Opérer un nouveau partage des rôles, réformer les institutions. Les propositions de D. Méda pour que les femmes puissent concilier vie familiale et professionnelle.

- Collectif, Gender mainstreaming. De l'égalité des sexes à la diversité ? (L'Harmattan), par Emmanuel Da Silva.

Une présentation théorique et pratique des enjeux pour l'action féministe du passage du "gender mainstreaming" au "diversity mainstreaming".