Le terme d'universel est source de malentendus et cause de nombreuses disputes intellectuelles, dont le dernier ouvrage d'Immanuel Wallerstein, L'universalisme européen, retranscrit les termes en en précisant l'ancrage historique à partir de la controverse de Valladolid au XVIe siècle.

Où se situe le problème ? Dans une contradiction entre ce que le terme d'universel énonce et la manière dont son concept s'applique. L'universel ne serait-il au final que l'appareillage idéologique d'un Occident dominateur qui en revêtirait toutes ses conceptions scientifiques et morales pour mieux les imposer ? La critique est connue pour avoir déjà été maintes fois portée à l'encontre de la colonisation. Mais elle pourrait également s'appliquer, selon Wallerstein, à la notion de Droits de l'homme ou encore à la pratique de l'ingérence humanitaire.

En complément de l'ouvrage d'Immanuel Wallerstein, nonfiction.fr propose la présentation d'autres approches à même de nourrir le débat sur la querelle de l'universel, notamment celle de François Jullien qui insiste sur le caractère dynamique de sa constitution. Toujours est-il qu'à l'heure ou d'un côté l'impérialisme chinois s'applique à vouloir faire disparaître la spécificité culturelle tibétaine et ou de l'autre les pays occidentaux hésitent à porter haut et fort leurs revendications contre la Chine en matière de respect des Droits de l'homme, la question mérite d'être posée et traitée avec nuance, dans ses implications éthiques, philosophiques et politiques.



Au sommaire de ce dossier :

- La critique du livre d'Immanuel Wallerstein, L'universalisme européen. De la colonisation au droit d'ingérence (Demopolis), par Laurent Bouvet.
Comment penser l'universel sans réduire les particularités ? Une nouvelle approche définitoire de cette notion qui aurait gagné à être plus approfondie.

- Une autre critique du livre d'Immanuel Wallerstein, L'universalisme européen. De la colonisation au droit d'ingérence (Demopolis), par Philippe Rousselot.
Dans cet ouvrage qui mêle les registres de l’analyse rigoureuse et du militantisme altermondialiste, Wallerstein nous invite à mieux penser pour bien agir.

- La note de Bastien Engelbach à propos de l'article de François Jullien sur les Droits de l'homme et l'universel, "Une pensée pour les Droits de l'homme".


* À lire aussi sur nonfiction.fr :

- La critique du livre de Jean-François Mattéi, Le regard vide. Essai sur l'épuisement de la culture européenne (Flammarion), par Bastien Engelbach.
J.-F. Mattéi défend l’universalité du regard européen marqué par le souci de l’âme et enjoint au retour de la transcendance, mais néglige le rôle de l’altérité.

- La critique du livre d'Amy Chua, Le monde en feu. Violences sociales et mondialisation (Seuil), par Nicolas Véron.
Amy Chua, professeur à l'Université de Yale, propose une réflexion stimulante sur l'autre mondialisation, lorsque démocratie et économie de marché s'opposent.

- La critique du livre d'Amartya Sen, Identité et violence. L'illusion du destin (Odile Jacob), par François Dietrich.
L’économiste poursuit dans son dernier livre Identité et violence son entreprise de complexification de notre compréhension des activités humaines, en mettant en lumière un nouveau réductionnisme à l’œuvre dans nombre de théories politiques : celui de la notion plurielle d’identité.

- La critique du livre d'Henri Laurens, Orientales (CNRS Éditions), par Nejmeddine Khalfallah
Une réédition en un volume de l’œuvre phare d’Henry Laurens, plus que jamais d’actualité, à propos des rapports entre l'Europe et l'islam.

- L'article d'Étienne Smith à propos du discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Dakar, "L'Afrique dans les têtes : retour sur le discours de Dakar".


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Conception bandeau de Une : Julien Collin pour nonfiction.fr