Au sommet des préoccupations des Français, nous dit-on, la question du "pouvoir d'achat" est en train de supplanter le problème du chômage. À vrai dire, il semble assez illusoire de vouloir ainsi cloisonner les problématiques tant ces sujets se recoupent pour finalement converger vers une seule et même question : quel modèle social serait-il souhaitable de mettre en place et quelles politiques sociales faudrait-il mettre en œuvre en vue de garantir à chacun le droit à l'intégration, à la reconnaissance sociale et à une existence convenable ? Car les annonces récentes de baisse du chômage ne parviennent pas à masquer une hausse des situations précaires. De fait, si le retour à l'emploi continue d'être le meilleur facteur d'intégration, il n'est pas (plus) synonyme de réduction de la pauvreté ni même suffisant pour faire reculer l'exclusion.

Deux ouvrages parus récemment abordent, sous des angles différents, le thème du (non-)travail. Comment assurer de façon efficace une politique d'accès ou de retour à l'emploi ? Et que dire des travailleurs pauvres ? Voici une des questions soulevées par la correspondance entre le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et une RMIste.

Nicolas Jounin, jeune sociologue, propose dans son enquête de donner à voir le quotidien des chantiers, permettant ainsi de comprendre de l'intérieur les situations de précarité telles qu'elles sont vécues par une frange des travailleurs.


Au sommaire de ce dossier :



Sur le chômage et le précarité :

- Une critique du livre de Nicolas Jounin, Chantier interdit au public (La Découverte), par Mathias Waelli.
Une enquête ethnographique exemplaire sur les contradictions du BTP et la réalité quotidienne des chantiers.

- Et en complément, la postface méthodologique de l'ouvrage de Nicolas Jounin.

- Une critique du livre de Martin Hirsch et Gwenn Rosière, La chômarde et le haut commissaire (Oh Éditions), par Baptiste Brossard.
Dialogues sur la possibilité d'une action sincère en politique.

- Une critique de ce même livre, La chômarde et le haut commissaire (Oh Éditions), par Thomas Audigé.
Un ouvrage qui fera assurément débat, tout comme le sujet qu'il traite d'ailleurs.


Sur la question du modèle social :

- Une critique du livre de Gøsta Esping-Andersen, Trois leçons sur l'État-providence (Seuil / La République des idées), par Gérôme Truc.
Quelques leçons sur l'avenir de la protection sociale en Europe. Un petit ouvrage pas toujours innovant mais à coup sûr stimulant.

- Une critique du livre de Yann Algan et Pierre Cahuc, La société de défiance. Comment le modèle social français s'autodétruit (Éditions rue d'Ulm), par Nathalie Georges.
Yann Algan et Pierre Cahuc entreprennent un diagnostic économique de la France et avancent des hypothèses pour sortir de la 'société de défiance'.

- Une critique du même livre, La société de défiance. Comment le modèle social français s'autodétruit (Éditions rue d'Ulm), par Olivier Blanchard.

- Une critique du livre de Edmund S. Phelps, Rémunérer le travail (Economica), par Thomas Audigé.
E. Phelps évoque la lutte contre le chômage en alliant préoccupations sociales, recherche de l’équité, responsabilisation et compatibilité avec les marchés.


À lire également pour avoir une vue d'ensemble sur ces questions et d'autres sujets :

- Une critique du livre de Guillaume Duval, Sommes nous tous des paresseux ? et 30 autres questions sur la France et les Français, (Seuil), par Rémi Raher.
Quand Guillaume Duval se pose 32 questions sur la France et les Français, il reçoit un prix du Livre d’économie. Et bouscule pas mal d'idées reçues.


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Conception bandeau de Une : Julien Collin pour nonfiction.fr